Parlement wallon

Questions écrites

     

 Questions du 30/01/03

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L'état de nos exportations vers laTurquie et ...
Question écrite de Monsieur Philippe Fontaine, Député wallon, Président du Groupe MR au Parlement wallon à Monsieur Serge KUBLA, Ministre de l'Economie, des PME, de la Recherche et des Technologies nouvelles concenrnant :
« L'état de nos exportations vers la Turquie et les actions menées par l'AWEx dans ce pays, dans la perspective de l'élargissement. »


Le 13 décembre dernier, à Copenhague, un accord historique était signé avec dix des treize pays candidats à l'élargissement de l'Union européenne.
Dès 2004, les Quinze accueilleront donc parmi eux - selon toute vraisemblance - huit pays d'Europe centrale et orientale (Pologne, Hongrie, République Tchèque, Lituanie, Estonie, Slovaquie, Slovénie et Lettonie) ainsi que Chypre et Malte.
Quant à la Bulgarie et la Roumanie, les négociations continuent et tout porte à croire que le principe de leur adhésion soit d'ores et déjà acquis.
Le cas de la Turquie, actuellement au stade de la pré-négocation, doit encore être discuté, mais son adhésion semble probable dans un avenir plus ou moins proche.
Cet élargissement historique de l'Union européenne à l'Europe centrale et orientale et à plusieurs pays méditerranéens est, selon moi, l'un des plus grands défis (politique, culturel, institutionnel et économique!) auxquels l'UE soit confrontée, aujourd'hui et pour de nombreuses années encore.
Une fois réalisé, l'élargissement fera de l'UE le plus grand marché intérieur de la planète.
Cette Union européenne élargie continuera, j'en suis sûr, à favoriser la croissance et à créer de nouvelles possibilités d'investissement et de commerce et, de ce fait, contribuera au bien-être social et renforcera la position de l'UE dans son ensemble sur la scène mondiale et dans les négociations commerciales.
Ceci étant posé, j'en viens maintenant aux conséquences de l'élargissement pour les entreprises en matière de commerce extérieur.
Même si l'ouverture à ces marchés présente des risques en termes de concurrence que les entreprises rie doivent pas sous-estimer, je reste persuadé - à l'instar du Bureau du plan dans son étude consacrée aux conséquences de l'élargissement de l'UE sur l'économie de la Belgique - que les répercussions seront largement positives.
Ces effets positifs naîtront notamment:
- de la suppression des obstacles non tarifaires qui subsistent (contrôles aux frontières physiques, les exigences nationales en matière de normalisation et de certification) et, ainsi, de l'accès à un marché intérieur unique plus grand de 22 %, comptant un total de 482 millions de consommateurs avec douze nouveaux membres, et de 31 %, pour un total de 547 millions de consommateurs avec la Turquie.
II me semble raisonnable de s'attendre à ce que nombre des exportations des PECO, autrefois dirigées vers le reste du monde, se réorienteront vers l'UE du fait des avantages du marché unique (comme ce fut le cas avec l'Espagne, contrairement aux craintes initiales);
- de l'alignement des législations des pays candidats sur le droit communautaire (acquis), notamment par le respect des règles de l'UE en matière antitrust et d'aide d'Etat, de droits de propriété industrielle et intellectuelle, de normes et certification, de droit des sociétés, de normes comptables; internationales cohérentes;
- d'une augmentation des flux d'IED vers les pays candidats grâce, entre autres, à un meilleur climat d'investissement dans ces pays.
Les opportunités d'exportation vers ces pays pour nos entreprises wallonnes me paraissent donc réelles.
Toutefois, la plupart des spécialistes estiment que ce sont les pays qui entretiennent déjà les plus fortes relations commerciales avec les pays candidats qui retireront un maximum d'avantages: de l'élargissement.
C'est pourquoi, il me paraît essentiel de soutenir les entreprises wallonnes à accroître leur "présence" dans ces pays.
Les opportunités d'affaires et les perspectives qu'offriront ces nouveaux partenaires méritent donc à mon sens d'être prises en compte - dès maintenant - dans la stratégie de développement international des entreprises wallonnes et dans les actions à venir de l'AWEx.
Les chiffres de 2001 à cet égard étaient encourageants en ce qu'ils constataient une croissance importante des exportations wallonnes hors UE, et particulièrement vers les PECO (+ 22,4 %).
En outre, d'une manière générale, chacun peut se rendre compte des progrès en matière de commerce extérieur wallon.
Adaptée au tissu économique wallon et privilégiant dès lors les PME, la politique wallonne en la matière - à travers les efforts de l'AWEx, a permis une croissance de 10 % en moyenne des exportations ces cinq dernières années, soit une croissance supérieure à celle des autres Régions.
Je soulignerai particulièrement l'évolution structurelle de nos exportations, à savoir une meilleure diversification sectorielle et une meilleure diversification géographique, qui se traduit par une croissance intéressante de la grande exportation (hors UE).
J'aimerais poser les questions suivantes à Monsieur le Ministre:
- d'une manière générale, comment est dirigée la politique d'exportation vers la Turquie;
- l'AWEx dispose-t-elle d'un attaché sur place et, si tel n'est pas le cas, des accords de coopération avec les autres Régions existent-ils pour ce pays, ou bien un attaché d'un pays tout proche s'en occupe-t-il;
- peut-il me communiquer les derniers chiffres relatifs aux exportations vers ce pays;
- assiste-t-on à une croissance ou une décroissance des exportations vers ce pays et quels sont les acteurs les plus concernés par les échanges avec ce pays;
- des actions d'information spécifiques sont-elles menées - ou en projet - pour attirer l'attention des entreprises sur les opportunités de l'élargissement et la nécessité de s'y préparer dès aujourd'hui ?
Réponse du Ministre Serge Kubla,

I. Politique générale
Compte tenu de l'importance du marché (ca. 68 millions d'habitants - PIB de 185.657 millions d'US $), de sa position de puissance régionale et de son intégration dans la marchés émergents, l'AWEx organise annuellement au moins une action collective ciblant ce marché.
Toutefois, la Turquie, étant dotée de ce qu'ont peut qualifier de " roller-coaster economy ", les crises -notamment financières- n'y sont pas rares et, lorsqu'elles surviennent, leur occurrence empêche la réalisation de toute action collective, ainsi qu'on a pu le constater en 2001.
II. Existence d'un poste commercial dans le pays
Le marché turc est couvert par le Bureau commercial de l'AWEx à Ankara.
La Région Wallonne peut également faire appel au Bureau commercial de la Région de Bruxelles Capitale, basé à Istanbul, poste qui fait l'objet d'un accord de coopération entre les deux Régions.
La coordination des démarches est, dans ce cas, assumée par notre Attaché Economique et Commercial à Ankara.
III. Chiffres; à l'exportation
Au terme des six premiers mois de l'année 2002, on enregistre des exportations d'une valeur égale à 83,39 millions d'euros
(voir tableau en annexe).
En 2001, ces exportations se montaient à 143,69 millions d'euros.
A ce titre, La Turquie est le 21 ème client de la Wallonie.
La part de ce marché dans; les exportations wallonnes totales est de 0,48 %.
IV. Evolution des exportations et secteurs concernés
Par rapport aux six premiers mois 2001, les exportations wallonnes en 2002 ont progressé de + 8,6 %.
Cette croissance laisse présager une période de reprise de nos exportations vers ce pays, après deux années de baisse (- 33,1 et - 31,7 %, respectivement en 1999 et 2001) et une année de croissance (+ 55,1 % en 2000).
Nos échanges commerciaux avec la Turquie ont toujours connu de fortes variations au fil des ans, eu égard à la forte sensibilité de l'économie turque aux événements de politique intérieure et internationale, ainsi qu'à la situation financière du pays.
Sur le plan sectoriel, on constate que les machines et équipements mécaniques, électriques et électroniques (33,1 % du total de nos exportations vers la Turquie), l'industrie chimique (27,62 du total), les métaux communs & ouvrages en ces métaux (17,86 % du total) et les matières plastiques et caoutchouc (8,73 % du total) sont largement prédominants dans nos échanges commerciaux, avec la Turquie.
Notre Bureau commercial a identifié des opportunités ou des possibilités de débouchés pour les catégories de produits suivantes
- les matériaux de construction et les produits de finition du bâtiment; - le matériel est équipements médicaux et hospitaliers ;
- les produits chimiques et pharmaceutiques ; - les technologies de l'environnement ;
- les équipements & technologies en matière énergétique ;
- les équipements & produits informatiques & de télécommunication - les produits agro-alimentaires.
V. Actions
Comme évoqué plus haut, l'AWEx organise sur base annuelle au moins une action collective ciblant ce marché.
En 2003, celle-ci consistera en une mission plurisectorielle qui aura lieu dans le courant du second trimestre.
L'action prévue en 2002 a dû être annulée en raison de la situation économico-financière du pays (participation collective au salon TURKEY BUILD d'Istanbul pour le secteur de la construction).
Une collectivité à ce même salon avait été organisée avec succès en 2000, et l'AWEx avait en 2001 coordonné une participation wallonne multiple à l'occasion de la Quinzaine Turco-belge d'Istanbul (mission de la grappe verrière, en collaboration avec la Cellule Marketing International de l'UWE, présidée par le Ministre Serge KUBLA, présentation de l'exposition " Le verre dans tout son éclat ", en collaboration avec le C.G.R.I., et promotion du chocolat et bières spéciales dans les hôtels CONRAD et SWISSOTEL d'Istanbul).
Quant aux Centres régionaux, ils sont régulièrement saisis de demandes d'entreprises wallonnes concernant ce marché, demandes qui sont ensuite traitées par l'Attaché Economique et Commercial en poste à Ankara.