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L’éventualité du renflouement de la Belgica ...
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Question écrite de Philippe FONTAINE, Sénateur, à Sabine LARUELLE, Ministre des PME, des Indépendants, de l’Agriculture et de la Recherche scientifique, concernant :
« L’éventualité du renflouement de la Belgica »
Madame la Ministre,
La « Belgica » est le baleinier avec lequel Adrien de Gerlache atteignit l’antarctique en 1896.
Après cette célèbre expédition, le bateau connut des fortunes diverses. Il navigue d’abord dans les eaux norvégiennes à l’occasion de différentes expéditions scientifiques vers le Spitzberg. Ensuite, sous un nouveau nom, il assure des liaisons régulières entre le Spitzberg et le nord de la Norvège en transportant des matières premières, du charbon notamment.
Après quelques autres affectations, et réquisitionnés en 1940 par les troupes britanniques, il sert à stocker des munitions et coule lors d’un bombardement aérien lors de la bataille de Narvik.
L’épave est retrouvée au début des années 90.
Il semble qu’un projet de renflouement de l’épave existe et se justifie par la célébrité du bateau.
Il semble que l’épave, bien que colonisée par la faune et la flore, soit très bien conservée et en particulier les éléments de structures en chêne. Il semblerait même que des pièces comme la chaudière, remise par de Gerlache pour l’expédition antarctique, soit pratiquement intacte. La famille de Gerlache pourrait être partie prenante à ce projet notamment pour étudier la destination finale de l’épave.
Mes questions sont les suivantes Madame la Ministre :
- Il semble que d’autres pays aient rachetés les épaves de leurs bateaux célèbres pour les renflouer et exposer ainsi les pièces maitresses d’une tradition maritime. Pensez-vous qu’il soit possible que la Belgique s’investisse dans un tel projet ? Comment ?
- Il est évident que mener à bien un tel projet demande un certain budget. Une estimation de 60 millions d’euros existe pour le renflouement et la conservation du bateau. Pourriez-vous être partie prenante ? Sous quelles conditions ?
- L’ouverture d’un dossier « sauvetage de la Belgica » est-elle concevable ?
Réponse de la Ministre Sabine LARUELLE,
1. Suite au symposium et a I'atelier sur la conservation des epaves historiques qui se sont deroules a I'Universite de Hasselt les 26 et 27 octobre 2009, cinq experts internationaux se sont penches sur I'eventuelle opportunite de conserver I'epave de la Belgica et sont arrives aux conclusions suivantes :
-Ie bois de la Belgica est en tres mauvais etat, bien plus deteriore que les vestiges du Vasa (bateau de guerre suedois) ou de la Mary Rose (navire amiral d'Henri VIII);
-Ie projet de renflouer, conserver et exhiber I'epave du bateau sur terre a peu ou pas de probabilite de succes;
-ce projet exigerait une operation (partielle) de deconstruction-reconstruction, entrainant des depenses exorbitantes;
-or, I'histoire du bateau et les methodes de sa construction sont bien documentees;
-il est hautement improbable de decouvrir dans I'epave d'autres objets lies a !'histoire polaire;
par ailleurs, des epaves de bateaux se trouvent en suffisance dans les expositions et dans Ie stockage.
2. Les experts conseillent de maniere unanime de preserver I'epave in situ (devant les cotes norvegiennes), ce qui serait plus inte~essant en termes techniques et du point de vue financier.
La Belgica deviendrait alors un monument unique et une plateforme scientifique offrant des possibilites de recherches scientifiques internationales sur la degradation des materiaux et des explosifs presents. Bien evidemment des mesures adequates devront etre prises pour assurer la duree de vie de I'epave, conformement a la Convention de l'Unesco sur Ie patrimoine culturel subaquatique.
La recommandation des experts est soutenue par la famille de Gerlache qui doit approuver la destination definitive de I'epave.
3. On peut done conclure que la Belgique ne do it pas s'investir dans un projet de renflouement de la Belgica.
Par contre, Ie dossier relatif a la construction d'un nouveau bateau de recherche pour la mer du Nord, Ie Belgica, dont Ie coOt est plus ou moins estime a 50 millions € est juge plus prioritaire par la Politique scientifique federale.