|
Interpellation du
05/03/07
|
-
|
Le remplacement du matériel roulant du...
|
Interpellation de Philippe Fontaine, Député wallon, à André Antoine, Ministre du Logement, des Transports
et du Développement territorial, concernant :
« Le remplacement du matériel roulant du métro de Charleroi »
Monsieur le Ministre,
Il faut certes un certain courage politique pour faire avancer des dossiers qui jaunissent sur les étagères depuis parfois fort longtemps. Il n’en faut cependant pas moins pour remettre ces mêmes dossiers en question et oser les réouvrir soit parce qu’avec le temps ils finissent par accuser un retard technologique soit parce qu’ils faut sortir des raisons qui en ont provoqué la mise sur l’étagère.
Il en est ainsi du métro de Charleroi. En décembre dernier, vous accordiez un permis d’urbanisme historique et surtout 100 millions d’euros pour réaliser le bouclage du réseau et l’extension vers Gosselies et Soleilmont.
Cette décision n’était cependant pas historique pour tout le monde. De toute évidence, le tracé de la boucle ne satisfait pas tout le monde au centre ville. Je ne reviens pas sur les inconvénients techniques de la traversée du Boulevard Tirou. Mais voilà, conscient du problème, car c’est un vrai problème, le ps préfère laisser le tracé en l’état et votre parti a bien fait preuve de courage politique … oui il faut le dire … de courage politique … mais sur papier uniquement, en se montrant ouvert - en période électorale il faut le dire - à retravailler le dossier du métro pour en revoir son tracé. Pendant un temps ces quelques lignes faisaient tache mais aujourd’hui, c’est chose réglée, votre parti est rentré dans le rang en ravalant ses bonnes intentions.
Le vrai courage politique est ailleurs. Il est de redire encore aujourd’hui, sans tuer le dossier, qu’il a 20 ans de retard : c’est vrai qu’il ne tient pas compte d’une évidence : il doit passer à proximité du noyau commerçant de la ville qu’il est sensé dynamiser, non seulement il l’évitera mais il en perturbera fortement le trafic. Il n’y a qu’à voir la fronde anti métro chez les commerçants du centre ville pour s’en rendre compte.
Le vrai courage politique est ailleurs. Quel est le sens d’investir 100 millions d’euros pour réaliser la fin des travaux du métro de Charleroi pour y faire circuler des trams dont certains ont 30 ans d’âge, inadaptés aux personnes âgées ou handicapées, dépourvus du confort minimum auquel à droit l’usager ou encore incompatible avec la hauteur des quais ? Trouveriez-vous normal de faire circuler des trains à vapeur sur le site propre du TGV ?
Voici mes questions :
Monsieur le Ministre, est-il exact que le renouvellement des rames du métro de Charleroi est bien programmé ?
Est-ce un renouvellement progressif ?
Quelle en est le calendrier ?
Dans cette perspective, pouvez-vous me préciser le montant du budget prévu pour ce renouvellement ?
Y a-t-il des marchés en cours pour ce renouvellement compte tenu de l’imminence des travaux sur le réseau ?
Sera-t-il tenu compte des spécificités techniques des nouvelles rames pour les travaux qui devraient commencer en avril ?
J’évoque clairement le bricolage actuellement envisagé pour ce qui doit être une vitrine pour Charleroi. Dans la négative, ne serait-il pas intéressant de post poser légèrement et provisoirement cette fois le début des travaux afin que ce métro soit un ensemble cohérent entre infrastructure et matériel roulant dans l’intérêt de l’usager ?
Dans cette hypothèse, pouvez-vous garantir les 100 millions d’euros à la Ville de Charleroi actuellement prévus pour les travaux ?
Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Je vous remercie.
Réponse du Ministre André Antoine,
– En 2004, le
Gouvernement précédent a décidé de terminer les travaux du métro en prolongeant l'antenne de Gosselies, en
fermant la boucle centrale et en prolongeant l'antenne de Gilly jusqu'à Soleilmont.
Le Gouvernement actuel a confirmé les options arrêtées et les met en oeuvre. La première phase portant sur
la fermeture de la boucle entre la station Parc et Charleroi Sud. Quant aux autres questions que vous évoquez,
elles portent sur différents points.
En ce qui concerne la publicité, conformément aux articles 30 et 32 de l'arrêté du 4 juillet relatif aux études
d'incidences sur l'environnement en Région wallonne, un avis de « Consultation du public dans le cadre d'une
étude d'incidences sur l'environnement relative au métro léger de Charleroi » a été publié dans la presse.
Cet avis informait la population qu'une demande de permis unique allait être déposée pour la réalisation du
prolongement du métro léger de Charleroi, à savoir l'antenne de Gosselies, l'antenne de Gilly jusque
Soleilmont, la fermeture de la boucle entre la gare et la station Parc.
La population était également invitée à participer aux réunions de consultation qui ont été organisées le 17
novembre 2004 à Gosselies, le 19 novembre 2004 à Charleroi, le 22 novembre 2004 à Dampremy et le 23
novembre 2004 à Gilly.
Indépendamment de ces réunions obligatoires d'information, des rencontres eurent également lieu au sujet
du PCM, de l'annonce du projet et de la première décision du Gouvernement Wallon.
Toutes ces réunions ont connu un taux d'assistance remarquable.
En ce qui concerne le boulevard Tirou, les commerçants ont été rencontrés à trois reprises avant l'enquête
officielle qui a amené cinq réclamations mineures portant sur l'exécution des travaux et qui ont été prises en
compte par l'étude d'incidences.
En ce qui concerne les infrastructures des extensions projetées, il s'agit bien d'infrastructures légères du type
« tram urbain » irriguant la zone urbaine et permettant de redynamiser le centre ville. Lorsque la boucle du métro
sera fermée, chaque point du centre ville se trouvera à moins de 500 m d'une station métro. En ce qui concerne
le boulevard Tirou, son centre sera situé à 450 mètres seulement de deux stations métro (Villette et Tirou).
Quant aux quais, les quais latéraux constituent effectivement la meilleure solution. C'est donc celle qui a été
systématiquement privilégiée lorsque la topographie des lieux (largeur de voirie) le permet. Dans les zones où la
voirie est trop étroite pour accueillir l'ensemble des activités urbaines, diverses solutions ont dû être envisagées
telles, la réduction du nombre de places de parking, l'aménagement d'un quai central, etc.
Quant aux trémies évoquées par Madame la Députée, elles répondent davantage à la nécessité de sécuriser la
circulation automobile dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de mobilité (circulation Est-Ouest sur le quai
Sud, Ouest-Est sur le quai de Brabant) qu'aux besoins du tram. Ainsi, la trémie du quai de Brabant est-elle
principalement destinée à éviter le conflit entre les voitures accédant au Ring et celles empruntant la rue de
l'Ecluse.
En ce qui concerne le budget de 100 millions d'euros, l'implantation d'un axe de tramway est une
merveilleuse occasion d'en faire un acteur du renouvellement urbain. C'est dans ce souci que la Région wallonne
a décidé de financer certaines dépenses complémentaires à priori non nécessaires aux infrastructures proprement
dites du tram. Ainsi, plus de 40 % du budget de 100 millions d'euros seront-ils affectés à des investissements
indépendants du tram. Citons par exemples : la trémie Bon-Air réalisée pour le nouvel hôpital, les trémies sur
les quais, diverses voiries et ronds-points réalisés à la demande du MET, la rénovation de façades à façades de
tout l'axe de Gosselies (éclairage public inclus), etc.
En ce qui concerne le matériel roulant, incontestablement, le matériel utilisé date de 1980. Les rames ont
donc 27 ans et n'offrent pas un visage permettant de rivaliser avec le « look » des dernières réalisations,
notamment en France.
Il faut garder à l'esprit que la durée de vie du matériel ferroviaire est de l'ordre du demi-siècle.
Mais il va de soi que le TEC Charleroi accueillera avec plaisir des trams modernes sur ses infrastructures
lorsque le matériel actuel aura été économiquement amorti.
En ce qui concerne l'accessibilité des véhicules, les trams en circulation ont un plancher à 550 mm. Les
stations actuelles sont dès lors équipées de quais hauts (à 550 mm).
Lorsque le matériel actuel sera amorti, de nouveaux véhicules pourront être acquis. Soit ce matériel sera à
plancher haut et aucun problème ne se posera, soit il sera à plancher bas et les quais seront adaptés. En tout état
de cause une accessibilité optimale aux personnes à mobilité réduite sera de mise.
En ce qui concerne la prise en compte des remarques de riverains ou d'autorités, beaucoup de remarques
formulées peuvent être qualifiées de mineures.
Elles ont été traitées dans le cadre de l'étude d'incidences et intégrées dans les recommandations du rapport
final déposé.
Les remarques les plus importantes ont concerné les vibrations ou le bruit. Les projets déposés en tiennent
compte en prévoyant des infrastructures modernes se prémunissant contre ce type de nuisances.
Enfin je peux vous confirmer que dans le cadre de l'exécution des travaux, une attention particulière sera
portée aux problèmes que peuvent rencontrer les riverains.
Une cellule spéciale sera mise en place pour assurer
une information optimale sur le déroulement des chantiers et pour assurer les concertations nécessaires avec les
habitants de quartiers concernés.
Ainsi, nous nous situons dans l'exécution du plan Daras et nous nous dirigeons dans la bonne direction.
J'attire votre attention sur le fait qu'aucune autre ville de Wallonie n'a reçu un tel investissement.
Je rappelle en outre qu'entre le métro, le tram et le bus, les coûts divergent sensiblement. Ainsi, à Liège, un
système de trolley bus est rééxaminé.
M. Philippe Fontaine (MR). – Je remercie M. le Ministre pour sa réponse. En Europe, des lignes de trams
sont rétablies.
M. André Antoine, – Il y a alors un ratio clientèle à assumer.
M. Philippe Fontaine (MR). – Je reviens à la problématique du remplacement du matériel roulant du
métro de Charleroi.
Si je vous suis, le matériel sera remplacé au fur et à mesure de son amortissement.
Je
constate simplement que les promesses qui ont été faites n'ont pas été tenues et que l'on va investir des sommes
importantes pour faire rouler du vieux matériel.
Je ne peux que le regretter. Je pense qu'il aurait fallu prévoir un
investissement général.
Si on veut augmenter la clientèle des métros, il faut en augmenter la fréquence, sous peine de non-rentabilité
des voyageurs.