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Interpellation du
20/02/06
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Les menaces de départ de la Société Royal Boch...
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Interpellation de Philippe Fontaine , Député wallon, à André Antoine, Ministre du Développement territorial, Benoît
Lutgen, Ministre de l’Environnement et Jean-Claude Marcourt, Ministre de l’économie, concernant :
« Les menaces de départ de la Société Royal Boch de La Louvière »
Messieurs les Ministres,
Le Gouvernement wallon a communiqué la liste des 27 sites d’activités économiques désaffectés prioritaires dans le cadre du
Plan Marshall. Malheureusement le site de 16 hectares en plein coeur de La Louvière sur lequel était installé depuis le
19ème siècle (1844) la faïencerie Boch Frères, ancêtres de l’actuelle société Royal Boch.
Les raisons invoquées seraient que la pollution du site ne représente pas un danger pour l’environnement. La conséquence
directe de cette décision est évidemment la perte des subsides prévus pour l’assainissement et l’aménagement du site après
dépollution.
Le problème prend toute sa dimension dans les projets qui sont liés à l’aménagement de ce site. Aux mains de trois
propriétaires différents, il est prévu que l’actuelle entreprise de faïencerie reste installée sur 3000m² (au lieu des
12.000 qu’elle occupait naguère) et qu’un centre de la faïence y voit le jour qui verrait une présentation des collections
historiques de Boch, ainsi que des collections de faïence de la Fondation Roi Baudouin et de la Communauté française, on y
créerait des éditions spéciales avec des artistes contemporains, on y conserverait les moules historiques autour des anciens
moules bouteilles classés par la Région wallonne. Le reste du site se voit doté d’un cinéma, de logements et de commerces.
Autant dire qu’en plein centre de La Louvière, il s’agirait là d’un véritable coup de fouet, de dynamisme, d’optimisme pour
la Ville de La Louvière, dans une agglomération de quelques 200.000 habitants, au croisement des arrondissements de Soignies,
Charleroi et Thuin. Un site, qui plus est, se trouve à côté de la gare de La Louvière Centre et en face du grand projet de
piscine olympique de La Louvière et d’un réaménagement de tout le quartier où s’élèvera cette piscine.
Messieurs les Ministres, si un projet comme celui-là n’est pas digne d’un Plan Marshall, il faut me réexpliquer en quoi
consiste et à quoi sert ce plan ! Soit je n’y ai rien compris soit c’est bien son rôle de soutenir la dernière entreprise
historique du Centre ville de La Louvière qui mérite un effort de l’ensemble de la Wallonie parce qu’elle a réussi sa
reconversion et que ce projet participe à la redynamisation du Centre ville.
Mes questions seront les suivantes Messieurs les Ministres
- Pouvez-vous me préciser pourquoi le site des faïenceries Boch n’a pas été retenu dans les 27 SAED sélectionnés par le
Gouvernement wallon ?
- Que pensez-vous des menaces de la Société de quitter le site si le projet n’est pas mené à bien ?
Il faut savoir qu’il n’y a du sens pour cette société florissante , son chiffre d’affaire est en constante progression, de
rester sur ce site que si le centre de la faïence voit le jour sinon elle se trouvera sans doute bien mieux installée dans
un zoning ou pire à l’étranger. Ceci aurait pour conséquence de perdre une spécificité régionale de plus et surtout une
cinquantaine d’emplois.
- Pourquoi ne pas envisager un plan d’investissement à 10 ou 20 ans comme cela a été retenu pour le site du Bois du Cazier à
Marcinelle qui serait resté à l’état de friche industrielle sans ce plan ?
- Que comptez-vous faire rapidement pour rencontrer tant les exigences de la société que celles de La Louvière et de toute la
Région du Centre ?
Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse du Ministre Antoine, en son nom et aux noms de M. Benoît Lutgen et Jean-Claude Marcourt,
Je pense que la Région du Centre peut s’enorgueillir d’avoir des défenseurs unis.
Je voudrais répondre tout d’abord à M. Wesphael, en lui disant qu’il n’y a pas de confusion au niveau du Gouvernement, mais
il faut savoir qu’il s’agit d’un financement alternatif qui concerne donc tout le Gouvernement.
J’ajouterais que, si l’émoi est grand, c’est parce que le Gouvernement actuel dispose de crédits jamais atteints par les
gouvernements précédents. Nous pouvons compter sur 342 millions d’euros de plus que le Gouvernement précédent. Il faut
ajouter à cela la taxation et les cofinancements européens. Quand vous faites l’addition de tout cela, vous obtenez 450
millions d’euros qui devront être utilisés au cours des prochaines années.
Ce dossier n’est pas simple sur le plan technique. Tout d’abord, il faut savoir que le terrain a plusieurs propriétaires et
que certains d’entre eux ont d’autres projets. Par ailleurs, si on se tourne vers l’estimation du projet faite par l’IDEA,
il faudrait débloquer 35 millions d’euros. Il nous faudra alors étaler ces budgets sur plusieurs années. En plus de cela,
il faut être conscient que rares sont les sites qui sont assainis du premier coup en un an.
Les difficultés techniques viennent de la multiplication des propriétaires, de l’addition de périmètres différents, d’un
PCA en phase de détermination, du maintien d’une activité de Royal Boch sur 13 ares et le souhait de l’entreprise
d’accumuler le plus de subsides possibles.
Il est clair que ce projet nous tient à cœur. Le 1er décembre dernier, j’ai d’ailleurs repris ce site dans la liste SRPE car
il semblerait que, pour une partie de celui-ci, aucun projet ne soit sur le point de se réaliser. Ainsi, si rien ne se
passe, la Région pourra alors devenir propriétaire. Les moyens budgétaires existent en la matière.
Je voudrais aussi ajouter qu’une nouvelle liste sera retenue pour les SAED non pollués. Elle est prévue pour le mois de mai.
En ce qui concerne la partie polluée du site de Royal Boch, il est important de souligner qu’il s’agit d’une toute petite
partie, mais qu’en ce qui la concerne, la facture sera différente de celle de l’assainissement du reste du terrain. En ce
qui concerne le fait que le site figurait dans la liste puis en ait disparu, je répondrai que nous sommes très attentifs
aux recommandations de la SPAQuE qui classe le site en 34ème position! Cette place s’explique par le fait qu’elle retient
tout d’abord comme critère l’incidence que peut avoir un site pollué sur la santé des citoyens. Ici, le risque n’existe pas.
Cependant, compte tenu de l’importance du dossier, nous avons décidé d’organiser une réunion de concertation qui est prévue
le 3 mars prochain. Chaque Ministre pourra, lors de cette réunion, examiner quelle somme il pourra déjà donner pour l’année
2005. En ce qui me concerne, les choses sont déjà budgétisées. L’ensemble des protagonistes du dossier seront présents à
cette réunion.
Je voudrais aussi répondre à M. Fontaine qui sous-entendait que La Louvière était délaissée. Je rappelle que, dans la liste
des sites à réhabiliter, cinq font partie de La Louvière. À cela s’ajoutent trois sites pollués qui ont été repris dans la
liste le 9 février dernier. On doit aussi tenir compte des autres sites en cours de réhabilitation ou qui viennent d’être
terminés. Rien que pour l’assainissement des sites, nous venons d’investir plus de 38 millions d’euros à La Louvière.
La Louvière reste donc une priorité pour le Gouvernement et j’ai d’ailleurs l’impression que nous aurons, d’ici quelques
semaines, des nouvelles positives.
Philippe Fontaine (MR).
– Je vous remercie pour cette réponse qui se veut apaisante. Je constate toutefois que, s’il n’y avait pas eu de réaction
unanime dans la Région du Centre pour protester, vous ne nous auriez pas annoncé aujourd’hui une réunion prévue pour le
3 mars prochain.
Vous nous dites que le dossier va avancer et qu’une nouvelle liste arrivera au mois de mai. J’espère que le site en fera
partie.
Bien sûr, il s’agit d’un dossier difficile et c’est la raison pour laquelle il devait figurer dans la première liste. Il
s’agit d’un dossier emblématique et il me semble que ce site, situé au milieu de la ville, aurait dû retenir l’attention du
Gouvernement et permettre à celui-ci de faire preuve d’un dynamisme nouveau, s’il avait été réhabilité au plus vite.
Vous dites que La Louvière reçoit beaucoup d’argent en matière d’assainissement, mais c’est logique, puisqu’il s’agit d’une
des régions où l’industrie lourde a été fleurissante pendant longtemps.
L’effort doit être poursuivi. C’est dans des régions comme celle-là que la Wallonie pourra repartir.