Parlement wallon

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 Interpellation du 14/12/05

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 Les performances du Forem formation...
Interpellation de Philippe Fontaine, député wallon, à Marie Arena concernant:
« Les performances du Forem formation »


Madame la Ministre,
Le Forem formation propose plus de 800 modules de formation touchant quelque 150 métiers et dispensés dans 40 centres de formation.

En 2004, quelque 60.000 personnes ont été formées dans les centres de Forem formation et ses partenaires:
45% des stagiaires formés (27.000 personnes) étaient des DEI,
41% des stagiaires formés (24.600 personnes) étaient des travailleurs
14% des stagiaires formés (8.400 personnes) étaient des enseignants, des étudiants ou des apprentis.

Le nombre total d’heures de formation données tant dans les centres de formation en gestion propre du Forem formation que ceux gérés en partenariat se monte à 7.409.917 heures de formation et se répartit comme suit :
les DEI ont bénéficié de 90% des heures de formation (6.668.925)
les travailleurs ont bénéficié de 7% des heures de formation (518.694)
les enseignants, les étudiants et les apprentis ont bénéficié ensemble de 3% des heures de formation (222.297).

Ainsi, il ressort d’un simple calcul qu’en moyenne annuelle, chaque DEI a pu bénéficier de 246 heures de formation.

Madame la Ministre, disposez-vous du taux de réinsertion des DEI ayant suivi une formation Forem (cet indicateur est en effet fondamental) sur le marché du travail?
Quelque 27.000 DEI ont pu suivre une formation en 2004 alors qu’on compte plus de 281.000 DEI en Région wallonne. Quel est votre sentiment à l’égard de ces deux chiffres ?
Quels sont les nouveaux objectifs quantitatifs du Forem en terme de formation des DEI ?
Quelles sont les formations qui rencontrent le plus de succès ?
Dans quel domaine ?
Des formations longues ou courtes ?
Des différences provinciales apparaissent-elles entre les bénéficiaires des formations ?

Monsieur Simar, Directeur général du Forem formation, nous a précisé dernièrement, que le temps d’attente moyen pour accéder à une formation était de 3 mois et que cette durée allait jusqu’à 9 mois dans certains modules de formation. Madame la Ministre, que prévoyez-vous pour réduire ce temps d’attente, relativement décourageant pour les demandeurs d’emploi ?
Le nombre d’heures de formation dans les filières sous-tension est-il prévu ?
Le plan Marshall prévoit d’augmenter le nombre d’heure de formation dans les pénuries, mais qu’en est-il pour les formations actuellement en surnombre ?

Par ailleurs, alors que le nombre de demandeurs d’emploi atteint des pics historiques en Région wallonne, il est paradoxal de constater qu’à peine 27.000 DEI ont bénéficié d’une formation en 2004. Comparativement au défi auquel nous devons faire face à savoir, diminuer drastiquement le nombre de chômeurs wallons, ce chiffre est relativement faible.

Dès lors, Madame la Ministre, le Forem formation ne devrait-il pas accentuer (encore plus !) ses partenariats avec les acteurs privés de formation ?
Ceux-ci pourraient prendre en charge tout un volet de formations ciblées dans des niches bien spécifiques?
En effet, les formations proposées par le Forem formation sont des formations générales peu flexibles et programmées longtemps à l’avance. Cependant, certains chômeurs sont demandeurs de formations transversales de courtes durées (ex : formation qualité) pour se relancer le plus rapidement possible sur le marché du travail.

Or, ces formations ne sont pas proposées par le Forem mais plutôt par des opérateurs privés de formation. Par exemple, le Forem formation propose une formation générale responsable « hygiène et qualité alimentaire ». Toutefois, les normes d’hygiènes sont tout à fait différentes si le DEI se destine à travailler dans une entreprise comme SPA ou s’il se destine à travailler chez DETRY, spécialiste en viande, salaison…

Les agences d’intérim ont notamment un rôle important à jouer. Le stéréotype « emploi intérim = emploi précaire » doit en outre être dépassé quant on sait que 63% des intérimaires décrochent un emploi fixe à la fin de leur mission d’intérim. Le réseau des agences d’intérim, ayant une certaine expertise en matière de sélection et de recrutement et étant fortement apprécié par les entreprises, constitue donc un réel instrument d’insertion ou de réinsertion des demandeurs d’emploi sur le marché du travail.

Dès lors, Madame la Ministre, ne pensez-vous pas que les opérateurs privés de formation mais aussi les agences d’intérim, devraient avoir un rôle plus important en terme de formations courtes, pointues axées dans certaines niches, dont la mise en place peut être immédiate et qui répond au besoin pressant des entreprises ?

Après un an de fonctionnement quel est votre sentiment à l’égard de ce plan d’accompagnement ?
Quelles mesures devrait-on modifier pour en améliorer le fonctionnement en Région wallonne ?

Je vous remercie des réponses que vous voudrez bien m’apporter.



Réponse de la Ministre Marie Arena,
Environ 60.000 personnes par an passent au FOREM. S’il y a un équilibre dans le volume des personnes fréquentant le FOREM, l’offre de formation est effectivement moins équilibrée. Cela est dû principalement au fait qu’un travail d’acquisition de compétences est nécessaire. Il n’est en effet pas possible de se consacrer exclusivement à une offre de qualification courte et rapide. Il faut un travail de fond. À ce jour, 50% de la formation assurée par le FOREM est de longue durée et cela en raison de la nécessaire acquisition par les demandeurs du minimum requis pour accéder à l’emploi.

Il m’a été demandé, par exemple, d’accélérer la formation de transport des personnes. Je peux vous dire qu’il n’en est pas question. Je ne prendrai pas un tel risque. Cessons de nous lancer dans une course effrénée au productivisme. Nous avons investi dans un simulateur de conduite dans lequel 4 personnes peuvent prendre place dans la cabine. C’est là une gestion active de la lutte contre l’inoccupation.

Pour ce qui est du chiffre de 30.000 demandeurs d’emploi que vous avez cité, il s’agit d’un chiffre annuel. Ce ne sont donc pas toujours les mêmes demandeurs. De plus, le taux d’insertion du FOREM est d’environ 70%, avec, bien entendu, des secteurs au taux d’insertion plus élevé et d’autres qui le sont moins.

Il y a de même lieu de tenir compte du fait que les 270.000 demandeurs d’emploi ne sont pas tous en déficit de qualification. D’autres freins à l’emploi existent tels le salaire ou le travail parallèle. Nous devons travailler sur ces données.

En matière de partenariat avec le privé, je peux vous dire que celui-ci existe déjà au sein du FOREM. Des actions spéciales, à portée générale, et des actions spécifiques, par exemple par le biais des centres de compétences, sont en cours. Mais il est certain qu’il faut un minimum de compétences pour passer par les centres existants. Les modules spécifiques sont également offerts par le C-Qual qui, je vous le rappelle, est un opérateur privé entièrement subventionné. Mais croire que nous pouvons réaliser des économies en travaillant avec le privé est faux. Les formations organisées par le privé coûtent plus cher.

C’est pour cette raison que je sollicite toujours la mobilisation des fonds sectoriels qui permettent d’économiser tant l’argent public que l’argent privé.

Pour ce qui est de votre demande d’obtenir la répartition géographique des formations, je vous ferai parvenir le rapport d’activités 2004 du FOREM qui détaille l’offre et le volume de formations par province.

Vous avez également évoqué le partenariat avec le secteur de l’intérim. Si ce secteur est indéniablement une porte d’entrée sur le marché de l’emploi, il peut être par certains, vécu comme une source de précarité. Mais il est manifeste qu’il est un tremplin utile et qu’il doit être dès lors promu comme tel.

De même, s’il est vrai que l’offre doit couvrir un spectre d’activités le plus large possible, la formation spécifique a lieu au sein de l’entreprise. Et nous possédons pour promouvoir cette spécificité des PFI.

Tout n’est certes pas parfait mais les outils existent et nous devons viser leur amélioration.

Philippe Fontaine,
L’objectif de lutte contre le chômage est commun et nous devons travailler à la qualification et au perfectionnement des demandeurs d’emploi. Toutes les pistes doivent être utilisées car le FOREM n’y parviendra pas seul. Dans cette lutte contre le chômage, l’enseignement, l’IFAPME ou la formation en alternance sont importants. Travaillons de même afin d’offrir davantage de souplesse dans l’utilisation des formations.

Pour ce qui est des formations spécifiques, il y a lieu de tenir compte que la Région wallonne est essentiellement composée de PME et de petites PME pour qui même le PFI peut poser problème.