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Interpellation du
29/06/05
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Promotion des produits agricoles wallons...
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Interpellation de Monsieur Philippe Fontaine, Député wallon à l’attention de M. Benoît Lutgen, Ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme relative a:
" LA POLITIQUE DE PROMOTION DES PRODUITS AGRICOLES WALLONS -L’APAQ-W-"
– Après cette passe d’armes, c’est un peu difficile pour l’opposition «réelle»
d’intervenir. Ce qui m’inquiète, c’est qu’en cette période où le Président Di Rupo veut un plan Marshall pour
la Région wallonne, vous semblez vouloir déstabiliser la promotion des produits wallons. Cela ne me semble
pas être une bonne idée.
Pas plus tard que ce matin sur Vivacité, vous polémiquiez avec l’OPW. À ce jour, quatre contrats à durée
déterminée n’ont pas été renouvelés au sein de cet asbl qui attend l’argent, malgré vos promesses. Vous avez
déclaré, ce matin, qu’elle recevrait la moitié de la somme, ce qui signifie qu’elle ne pourra remplir sa mission
qu’à moitié.
Deux solutions s’offrent à vous :
ou vous supprimez l’OPW et vous nous proposez tout de suite une alternative,
ou vous maintenez l’OPW et vous lui donnez les moyens nécessaires pour poursuivre sa mission.
Parler par sous-entendu, ne pas donner tous les subsides et dire en même temps qu’il faut faire la promotion
des produits wallons, ce n’est pas une chose possible. Je ne tiens pas à essayer de savoir si la politique de M.
Happart était meilleure que la vôtre. L’important, ce sont les produits wallons qui risquent de ne pas recevoir
de promotion durant la Foire de Libramont. Laissez-moi vous dire que c’est un très mauvais message que
vous adressez à la Wallonie.
Réponse du Ministre Benoît Lutgen,
– Il s’agit
d’un sujet excessivement important. Il faut donc faire en sorte de dépasser les polémiques. L’essentiel n’est
pas de s’attarder sur des nominations, quelles qu’elles soient, mais de défendre les produits wallons et, derrière
eux, l’ensemble de nos producteurs.
L’important n’est pas que la population retienne ou non le nom d’un organisme, mais qu’elle reconnaisse la
qualité de nos produits wallons.
La réforme précédemment entamée a eu pour mérite de décloisonner le système. Auparavant, la solidarité
en termes de participation financière entre les différents secteurs était impossible. On a d’ailleurs vu lors de la
crise de la vache folle les conséquences qu’une telle situation pouvait engendrer.
Force est de constater que 90 % des moyens de promotion sont dévolus à moins de 10 % de notre production.
Cette situation n’est pas tenable.
En outre, que ces produits reçoivent l’appellation «produits de qualité supérieure» ou «produits de qualité
différenciée», cela n’a aucune importance.
Pour revenir plus particulièrement à la problématique d’EQWALIS, il faut reconnaître que cette mesure a
ciblé toute une série de produits qui ne répondent pas à la demande des consommateurs. Dans ce cadre, toute
une série de campagnes de promotion ont été menées, mais malheureusement, elles ont été mal ressenties chez
une série d’agriculteurs qui estimaient que cela ne correspondait pas à leurs attentes.
Le succès de cette mesure est donc fortement mitigé. En effet, actuellement, elle ne concerne que six opérateurs
pour une dizaine de produits. C’est dans la filière du porc que ce dispositif rencontre le plus vif enthousiasme.
Dès mon entrée en fonction, j’ai voulu connaître l’avis de l’ensemble des acteurs concernés sur ce sujet. Ce
sont eux qui cotisent, et il est donc normal qu’ils aient le droit de décider.
Tout d’abord, ceux-ci réclament un traitement équitable. En effet, ils ont l’impression d’être spoliés car la
plus grande partie de leurs cotisations ne leur est pas retournée. Ils estiment, en outre, que certaines demandes
d’EQWALIS sont tout à fait redondantes.
Au niveau des opérateurs, il faut admettre que ceux-ci rencontrent de nombreuses difficultés par rapport à
la marque EQWALIS. Nous sommes donc aujourd’hui confrontés à l’alternative suivante :
soit on s’inscrit
dans un système de cotisations et il s’agit alors de permettre aux opérateurs de prendre leurs décisions ; soit ce
système de cotisations est annulé et il appartiendra à chaque secteur de réaliser sa propre promotion. Cependant,
il me semble que cette démarche équivaudrait à un retour en arrière.
Au niveau des consommateurs, ceux-ci sont surtout marqués par le doute. EQWALIS ne correspond pas,
dans leur esprit, au signe d’une qualité supérieure, mais engendre surtout beaucoup de confusion. C’est en
tout cas l’avis que m’a remis le CRIOC.
Malgré tous ces manquements, il me paraît évident qu’EQWALIS a sa place en Région wallonne. Toutefois,
cela ne doit pas nous empêcher de prendre en compte la loi du marché. Il s’agit de faire correspondre nos
produits aux attentes des consommateurs. Or, la réalité économique nous pousse à constater que la part des
consommateurs désireux de se procurer des produits de grande qualité est relativement faible.
Actuellement, nous utilisons environ 80 % des moyens de promotion pour des produits qui ne concernent
que 5 % des consommateurs. Dans le secteur privé, cette situation serait parfaitement intenable. Je pense que
nous ne sommes pas suffisamment attentifs aux réalités du marché.
M. Bayenet a fait référence à l’évolution des budgets en la matière. Nous devons reconnaître qu’actuellement,
nous ne disposons pas de suffisamment de moyens pour remplacer le système de cotisations.
Toutefois, il est évident que ce système de cotisations nous oblige à rendre la parole aux principaux intéressés.
Lors d’une concertation avec le secteur laitier, les producteurs ont, dans un premier temps, annoncé qu’ils
préféraient arrêter ce système de cotisations. Cependant, ils ont revu leur position. En effet, ils sont parfaitement
conscients que, si une crise se produisait dans le secteur, la solidarité des autres secteurs leur serait absolument
nécessaire.
Dès lors, le système de cotisations me paraît important, mais il faut y apporter certaines modifications.
Je pense qu’on ne peut mener de campagnes sans restaurer le principe de cotisation. Je suis donc favorable
au décloisonnement et au fait de créer une solidarité entre les secteurs, mais je pense que l’échéance doit être
élargie à trois ou quatre ans afin que chacun puisse récupérer les mêmes moyens en termes de promotion.
Aujourd’hui, tout le monde semble favorable à cette vision tablée sur trois – quatre années plutôt que sur une
vision annuelle.
Au-delà de cela, M. Étienne a rappelé l’ensemble de la politique en la matière et la cohérence qu’il convenait
de trouver.
À la question de savoir si une fusion s’avère préférable, je vous répondrai que je n’ai pas d’a priori sur
cette question. Je souhaite que des économies d’échelle soient réalisées sans que des pertes d’emploi accompagnent.
Il convient, par exemple, d’éviter que l’APAQ-W et l’OPW se retrouvent dans un même salon.
En ce qui concerne l’OPW, je vous informe que j’ai repris les montants antérieurs. L’OPW connaît de
grandes difficultés depuis 2002. J’ai tenté de connaître la situation réelle de l’OPW. À plusieurs reprises, j’ai
dû la relancer pour obtenir les comptes de l’année 2004. Je ne les ai reçus que le 15 février dernier. Comme
l’année précédente, une partie des subsides lui sera versée pour la mi-juillet. Je n’accepte dès lors pas que certains
se retranchent derrière une prétendue subsidiation tardive pour affirmer que c’est de la faute de la
Région si des licenciements doivent avoir lieu. En effet, des difficultés existaient déjà bien avant.
Nous sommes là pour soutenir l’OPW et maintenir l’emploi existant.
M. Philippe Fontaine (MR). – J’ai cru comprendre que M. le Ministre voulait restructurer le système,
mais je ne l’ai pas entendu une seule fois sur sa politique en matière des produits wallons.
Tout ce que j’ai entendu jusqu’ici va dans le sens d’une plus grande déstabilisation.
Je regrette que tout cela risque de nuire aux produits wallons.