Cfrançaise

Questions d'actualité

     

 Questions du 01/07/08

-

  L’avenir de la Médiathèque...
Question de M. Philippe Fontaine à Mme Fadila Laanan, ministre de la Culture et de l’Audiovisuel, relative à
« L’avenir de la Médiathèque »


M. Philippe Fontaine (MR). – Un article récent du journal Le Soir était sous titré « Une médiathèque qui ferme, c’est une prison qui s’ouvre ». Je voudrais, une fois encore, évoquer l’avenir de la Médiathèque, des centres de Mons et de La Louvière en particulier.

On a pu lire dans la presse de ce week-end que les organisations syndicales et la direction générale avaient des doutes sur le respect de la parole que vous aviez donnée concernant les sommes mises à disposition, à savoir 325 000 euros, pour soutenir la reprise des entités locales, notamment par les communes. Seuls 200 000 euros seraient encore disponibles, ce que votre cabinet a démenti.

Curieusement, c’est dans L’Écho que j’ai lu le commentaire le plus intéressant. Je voudrais obtenir des précisions sur la situation des différentes antennes de la Médiathèque. En effet, trente-neuf licenciements ont été signifiés et vingt personnes ne savent pas très bien ce qu’elles vont devenir.

Selon les organisations syndicales, vous auriez laissé pourrir le problème, ce que j’ai également dit. La médiathèque de Mons pourrait être menacée, alors que cette ville voudrait devenir capitale de la culture en 2015 et devra de ce fait réaliser des investissements importants dans les nouvelles technologies informatiques et médiatiques.

La médiathèque de La Louvière pourrait aussi subir le même sort. Or, selon la responsable de cette médiathèque : « dans une telle région, il ne peut y avoir de démocratie économique sans démocratie culturelle ; il est donc fondamental d’y préserver la culture. »
- Revenez-vous sur votre parole, madame la ministre, comme le disent les organisations syndicales, ou arrivera-t-on cette fois à des solutions ?

- Ces antennes de la Médiathèque seront-elles effectivement reprises par les communes ? Jusqu’à présent, seule celle Verviers est intéressée.

Réponse de la Ministre Fadila Laanan,
– Je remercie M. Fontaine de sa question qui me permettra d’éclaircir la situation et de commenter certains propos parus dans la presse.

La Médiathèque est actuellement confrontée à des problèmes liés au prêt du disque, comme d’autres opérateurs du privé.
Alors qu’elle envisageait une baisse de 11 % pour 2008, celle-ci est de 14 %.
Les difficultés sont donc plus graves que prévu. Par ailleurs, le gouvernement de la Communauté française a accordé un soutien très important à la Médiathèque.

Le budget de son contrat-programme, qui a été renouvelé pour la période 2008-2012, a été augmenté. On est ainsi passé d’un peu plus de 5 millions d’euros à 5,720 millions. La subvention « non-marchand » s’élève à 1,109 million d’euros, et la subvention en matériel à 300 000 euros. L’activité est en baisse.

La Communauté était partie prenante dans l’encadrement et l’accompagnement de la Médiathèque. Fin janvier, des licenciements ont été signifiés pour l’équivalent de trente temps plein. Une série d’opérations doivent être réalisées avec les centres de prêt qui devraient être transférés selon la volonté de certaines autorités locales. J’en reviens aux moyens budgétaires.

J’ai écrit en juillet 2007 à la Médiathèque pour rappeler mon engagement de soutenir le transfert de ses centres de prêt vers les autorités locales intéressées, qu’il s’agisse de centres de lecture publique ou d’autres opérateurs. Comme l’a souligné M. Fontaine, Verviers a l’un des projets les plus avancés tandis que d’autres communes comme Seraing, Uccle, ou Woluwe-Saint-Pierre se sont montrées intéressées.

Deux autres, La Louvière et Mons, étudient la question. Quant à Braine-l’Alleud, nous ne connaissons toujours pas sa position. Par ailleurs, il était prévu que la Communauté française aiderait le transfert des centres de prêt en répartissant un total de 200 000 euros entre les huit centres qui reprendraient les missions de la Médiathèque. Il faut par ailleurs ajouter que des sommes supplémentaires provenant du budget pour le non-marchand viendront s’ajouter en fonction de l’opérateur qui reprendra les missions de service public. La Communauté française a donc tenu ses engagements.

Ceux qui prétendent que j’ai renié ma parole vont un peu vite en besogne. Au contraire, pendant un an, ces transferts ont fait l’objet de réunions, de discussions. Il est évident que nous ne pouvons pas contraindre les autorités locales à reprendre cette mission service public.

En même temps, nous avons dégagé des moyens pour aider les repreneurs, même si d’aucuns auraient espéré davantage. L’engagement est ferme : 200 000 euros, soit 25 000 par centre de prêt, sans compter les subsides pour le non-marchand. En tout état de cause, j’espère vous avoir rassuré quant à la volonté de la Communauté française de continuer à soutenir cet outil de service public dans le cadre de la diversité culturelle.

En même temps, il faut cesser de polluer le débat et faire en sorte que des autorités locales puissent être véritablement intéressées par la reprise de cette mission essentielle pour nos concitoyens.

M. Philippe Fontaine (MR). – La réponse de la ministre est similaire à ce qu’elle m’avait dit en avril. Je constate que les négociations n’ont pas beaucoup avancé. Certains centres risquent dès lors de se retrouver dans l’impasse.

Ce que vous nommez une pollution du débat, madame la ministre, résulte sans doute de l’inquiétude. Je suis aussi préoccupé du sort des communes qui doivent assurer la reprise du service avec 25 000 euros et quelques aides.

Les communes se plaignent qu’on leur transfère des responsabilités sans recevoir les moyens y afférents. Le gouvernement de la Communauté française a prévu un budget pour sauver la Médiathèque. Néanmoins, les faibles moyens mis à la disposition des communes entraînent une extinction lente des centres.

Certains d’entre eux ont pourtant une mission culturelle stratégique car, grâce à leur emplacement, ils touchent des populations culturellement défavorisées.

Mme Fadila Laanan, – Je voulais préciser que chaque autorité locale souhaitant maintenir ce service public au profit de ses habitants doit pouvoir investir à nos côtés. La Communauté française ne doit pas tout assurer. Le maillage du territoire doit être maintenu.

Toutefois, la médiathèque est en crise, comme l’ensemble de la distribution des cédés et DVD, services publics comme réseaux commerciaux. Le déficit est plus grave que ce que prévoyaient les calculs de la Médiathèque.

La Communauté française ne peut payer à fonds perdus un outil qui sombre. Il faut veiller à bien utiliser les deniers publics. Des discussions auront lieu avec les autorités locales désirant maintenir ce service public. Des conventions seront établies, comme cela se fait déjà avec la Ville de Verviers.

J’aimerais préciser que la Communauté française avait augmenté les budgets pour le téléchargement, alors que plusieurs membres du personnel avaient été licenciés.

De plus, des moyens en non-marchand et en équipements sont destinés à la Médiathèque. Enfin, on aide les communes qui reprennent des centres de prêt. Vous dites aujourd’hui que c’est insuffisant.

Cela me semble exagéré. Je parle de pollution du débat parce que si j’injectais dix millions d’euros dans le fonctionnement de la Médiathèque, cela suffirait pendant un an et, ensuite, on constaterait à nouveau que le disque est en crise.

Vous diriez alors que je suis irresponsable. Or, je ne le suis pas et je souhaite maintenir un service public de qualité pour tous les habitants mais chacun doit y mettre du sien.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je suis quelque peu atterré par la réponse de la ministre. Son raisonnement implique que seules les communes riches ont la possibilité de donner accès à la culture à leurs citoyens. (Protestations de Mme Laanan.) C’est ce que vous venez de dire, madame la ministre !