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Questions
du 13/03/07 |
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L’agression d’un élève à St Josse... |
Question d’actualité de Monsieur le Député Philippe Fontaine à Madame la Ministre-Présidente Marie Arena relative à:
" L’agression d’un élève à St Josse"
Madame la Ministre,
Vous l’avez dit vous-même dans votre réponse à la question de mon collègue Pierre-Yves Jeholet, relative à la détention d’armes à l’école : vous disposez déjà d’un certain nombre d’outils pour répondre à cette problématique.
Parmi ceux-ci figurent la circulaire d’octobre 1999 de Pierre Hazette, le décret « discriminations positives » et celui du 15 déocembre2006.
Vous n’avez pas cité, c’est dommage, la circulaire PLP 41 du Ministre Dewael qui est un autre élément de réponse.
Dès lors, puisque ces outils existent, qu’attendez-vous donc pour les utiliser afin de mettre un terme à cette vague d’agressions à l’arme blanche qui gagne peu à peu tout le territoire de la Communauté française ?
Par ailleurs, une prise de contact avec les Ministres fédéraux de la Justice et de l’Intérieur pour ouvrir un débat entre les deux niveaux de pouvoir pour la mise en place de mesures concrètes, fortes et mener ainsi une politique coordonnée en matière de lutte contre la violence dans et aux abords des écoles ne serait-elle pas opportune ?
Je vous remercie
Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena,
– Je tiens à dire que nous ne voulons absolument pas banaliser le problème de la violence à l’extérieur et à l’intérieur des écoles.
J’ai eu l’occasion de rappeler tous les outils en matière de lutte contre la violence qui ont été activés depuis le début de cette législature. Hormis les écoles de rescolarisation pour lesquelles une modification a été introduite, le décret sur la lutte contre la violence a été mis en application à 99 %. Il a même été renforcé par le système d’accrochage scolaire.
Nous avons également mis en place un certain nombre de mesures d’information auprès des écoles. La circulaire Hazette est bien entendu d’application. Les directeurs d’école l’utilisent dans les situations auxquelles ils sont confrontés au quotidien.
Quant à la circulaire PLP 41, nous ne sommes pas opposés au fait que le pouvoir fédéral organise, dans les zones de police, des « points d’appui » aux écoles. Nous avons discuté en comité de concertation s’il était intéressant de développer ces points. Je trouve important qu’un directeur d’école puisse, afin de garantir la sécurité de ses élèves, avoir une relation privilégiée avec une personne de référence lorsqu’il est confronté à un certain nombre de faits de violence à l’intérieur et à l’extérieur de l’école.
Nous avons envoyé aux directeurs d’école une circulaire d’information pour leur signaler l’existence de la PLP 41 et démentir la rumeur selon laquelle on allait créer des points de contact police-école à l’intérieur des écoles. Nous devions rassurer les écoles en leur expliquant notre intention de désigner, dans chaque zone de police, une personne de référence qui serait appelée en cas de problème.
Enfin, une circulaire sera envoyée aux directeurs d’école dans le courant du mois d’avril pour les informer des modalités de conventions possibles entre les directeurs d’école et cette PLP 41.
Le travail que nous avons à réaliser pour lutter contre la violence ne s’arrêtera jamais. Dans votre question, vous évoquez de graves faits de violence qui requièrent des sanctions par le biais des services d’aide à la jeunesse. Cependant, sans tout le travail de prévention réalisé au quotidien par les équipes pédagogiques, la direction et les éducateurs, nous risquerions d’être confrontés à des faits de violence gravissimes car la violence extérieure ne s’arrête pas aux portes des écoles. Nous ne devons pas attendre que surviennent des faits tels que les coups de couteaux dans cette école de Saint-Josse pour réagir.
J’en termine avec la réaction violente des élèves vis-à-vis de la presse. Sans vouloir excuser leur comportement, je tiens à dire que dans des situations aussi graves, il faut laisser les équipes éducatives travailler dans la sérénité. Il faut leur permettre d’établir des moments de parole et de dialogue. Ce n’est pas en médiatisant à outrance ces enfants et ces écoles que l’on garantira la sérénité. Si je condamne les actes de violence des élèves à l’égard de la presse, je demande aussi à cette dernière de ne pas attiser le feu quand les choses sont déjà difficiles à gérer. Les uns et les autres doivent assumer leurs responsabilités face à de tels évènements.
Les équipes éducatives sont chargées de rétablir l’ordre pour que l’établissement retrouve la sérénité. Tout le monde sait que les caméras risquent de provoquer des réactions chez les jeunes. Dans ce cas, il faut d’abord rétablir le calme. La presse ne devrait arriver que plus tard. Mieux vaut réaliser un travail de fond que viser le sensationnalisme. (Applaudissements sur les bancs du PS)
M. Philippe Fontaine (MR). – Pour rappel, je vous avais posé la question concernant la circulaire PLP 41, voici quelques semaines. Madame la ministre, vous répétez ce que vous aviez déjà déclaré à l’époque, à savoir que vous n’êtes pas contre. Dois-je en déduire que vous n’êtes pas tout à fait pour non plus ?
Vous nous dites qu’un travail remarquable est effectué dans les écoles par les équipes pédagogiques. Je veux bien le reconnaître, mais vous déclarez aussi que sans ce travail, la situation serait peut-être pire. Cela veut dire qu’une dérive est possible, ce qui m’inquiète.
Il est temps de réagir plus fermement et de faire comprendre aux directions d’école que, même si elles font indiscutablement un bon travail pédagogique, elles ne constituent pas un microcosme isolé de la société. Le problème d’un certain nombre de responsables d’établissement est qu’ils vivent dans le milieu scolaire depuis toujours. Ils ont perdu de vue que l’école n’était plus un milieu privilégié. Nous pouvons le regretter mais c’est ainsi. Il faut être à l’écoute des phénomènes de société qui se produisent à l’extérieur. Les directions doivent être conscientes du fait que beaucoup d’armes blanches circulent dans les écoles, elles ne peuvent pas laisser faire n’importe quoi.
Quant aux journalistes, c’était une équipe de la presse écrite, sans caméra. Si je peux comprendre que les élèves n’apprécient pas la présence des journalistes, ces derniers ont un rôle à jouer. Certains lieux ne doivent pas devenir des zones de non-droit. Il y en a déjà assez dans certains milieux urbains. C’est un phénomène auquel il faut prêter attention, il ne faudrait pas qu’il s’étende dans les écoles.