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Interpellation
du 00/05/06 |
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Lutte contre l’absentéisme... |
Interpellation de Monsieur le Député Philippe Fontaine à Madame la Ministre-Présidente Marie Arena concernant :
« Les mesures prises dans les écoles pour lutter contre l’absentéisme »
Madame la Ministre-Présidente,
Les derniers événements de violence urbaine ont remis sur le devant de la scène la réalité de la délinquance chez les
jeunes. Lors des derniers travaux de notre assemblée, mes collègues vous ont interpellée sur les moyens développés par la
Communauté française pour rencontrer le phénomène de violence présent dans notre société, remettant ainsi, inévitablement
et de façon nécessaire la problématique de la prévention en milieu scolaire à l’ordre du jour.
Il n’est plus à démontrer qu’un des moyens de lutte contre la violence des jeunes en milieu urbain est de veiller à ce
qu’ils soient présents là ou ils doivent normalement l’être, c’est-à-dire à l’école, et de contrôler leurs allers et venues
de façon efficace.
Dans votre réponse vous rappeliez que « Des expériences formidables ont été réalisées avec les agents de prévention et de
sécurité. À La Louvière par exemple, les écoles ont signé des conventions avec la commune afin de lutter contre
l’absentéisme. L’école, dans son règlement d’ordre intérieur, a élaboré un système de cartes dont la couleur informe sur
l’autorisation éventuelle, donnée par les parents, de quitter l’établissement pendant la journée. Les agents, lorsqu’ils
croisent des jeunes dans la rue, leur demandent donc ce document et les renvoient éventuellement à l’école. » Vous
ajoutiez que « De telles mesures ne sont pas policières. Il ne s’agit pas d’un contrôle d’identité, mais de rappeler à
l’enfant la règle établie par son autorité parentale. Nous encourageons bien évidemment de telles initiatives. »
Le 25 janvier 2005, il y a plus d’un an donc, je vous interrogeais sur cette méthode que vous citiez il y a 15 jours comme
une initiative à encourager. Ce système semblait permettre une bien meilleure efficacité dans la gestion de l’absentéisme
scolaire, et semblait permettre également d’enrayer à court terme l’absentéisme ponctuel et d’éviter ainsi que des
comportements de décrochage scolaire à l’origine des phénomènes de délinquance ne s’installent.
Mes questions sont les suivantes Madame la Ministre-Présidente :
Lors de ma précédente question sur le sujet, je vous proposais de faire l’évaluation des résultats obtenus par le système
des cartes de couleur et de voir dans quelle mesure il ne pourrait pas être généralisé à l’ensemble des établissements de
la Communauté française.
En effet, seulement quelques villes wallonnes l’avaient essayé. Disposez-vous d’une telle évaluation ?
Quels en sont les résultats, par exemple sur l’évolution du taux d’absentéisme des 10 écoles de La Louvière qui appliquent
ce système ?
A-t-il été étendu à l’ensemble des établissements ? Si non, pourquoi ?
Dans votre réponse vous pointiez certaines faiblesses du système, comme par exemple le fait de ne pas résoudre le cas des
élèves qui quittent leur domicile sans jamais rejoindre l’école en évitant ainsi de tomber sous le contrôle par carte de
couleur. Un système évolué a-t-il été mis au point ?
Si oui en quoi consiste-t-il ? Si non pourquoi ?
Vous précisiez aussi que « le suivi des absences est plus important que le contrôle des sorties » et vous ajoutiez :
« Comment réagissent l'école, la famille ou les autorités publiques quand un élève s'absente sans justification ?
C'est à ce niveau que se jouera réellement la réussite d'une politique de prévention du décrochage scolaire. »
Pouvez-vous me préciser si un système performant de suivi des absences a été mis au point ?
Pouvez-vous m’en dresser une évaluation ?
Enfin, nous avions salué, vous et moi, le grand intérêt de voir collaborer dans ce projet louviérois, les autorités
publiques de la ville, des structures de protection de la jeunesse et les écoles en créant une commission « accrochage
scolaire. » Ne pourrait-on pas envisager de généraliser ce type de commission qui permettrait d’aller encore plus loin que
la police de proximité ?
Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse de la Ministre-Présidente Marie Arena
Je dois d’abord préciser qu’il s’agit d’initiatives indépendantes des pouvoirs organisateurs. Il n’est donc pas possible
pour la Communauté française d’en dresser un inventaire exhaustif. Dès lors, je ne puis vous fournir les chiffres et les
évaluations que vous avez demandés. En outre, ces initiatives ne concernent pas uniquement des écoles mais également des
acteurs locaux comme les agents de prévention et de sécurité. L’évaluation devrait donc plutôt être établie au niveau local
par la ville de La Louvière.
Je me réjouis des initiatives de partenariats comme celles-là. La meilleure manière de gérer l’absentéisme est de ne pas se
limiter à ce qui se passe à l’intérieur de l’école. C’est pourquoi certaines mesures viseront à encourager des partenariats
entre l’Aide à la jeunesse, l’enseignement et les parents.
La législation actuelle prévoit une série de procédures que les chefs d’établissement doivent impérativement respecter. J’ai
néanmoins souhaité que ces dispositifs soient renforcés, en lien avec les SAJ, afin que le chef d’établissement connaisse
son SAJ. Leur relation ne doit pas se réduire à un simple rapport administratif. Si cela se passe parfois mieux, c’est sur
la base d’une bonne volonté de part et d’autre. Avec la ministre Fonck, nous allons proposer de formaliser des espaces de
dialogue entre le directeur d’école et le SAJ.
Vous évoquez la généralisation d’un système de contrôle unique pour toutes les écoles. Je préfère privilégier une
information sur les dispositifs existants, tout en laissant à chaque communauté éducative le choix des outils et des
méthodes qu’elle compte utiliser en fonction des partenariats qu’elle peut établir sur le terrain. Cette liberté implique,
pour les chefs d’établissement, l’obligation de mettre en œuvre un système cohérent de lutte contre le décrochage scolaire.
Il faut faire la différence entre les écoles – milieu urbain ou rural, enseignement technique ou général, petite ou grande
école. Les projets pédagogiques doivent être laissés à l’appréciation du chef de l’établissement pour répondre au mieux
aux réalités de son école.
Je partage votre avis sur la nécessité d’intensifier le dialogue entre tous les acteurs concernés et de mettre sur pied une
commission de raccrochage scolaire regroupant des représentants de tous les services et de toutes les écoles afin
d’envisager une véritable coopération, gage d’une plus grande efficacité. Il faut définir la plate-forme la plus adéquate
pour ce dialogue, sans oublier les parents.
Philippe Fontaine.
Je suis d’accord avec vos objectifs. Mais je suis malheureusement déçu par le début de votre réponse. Comme nous, vous
visez le raccrochage scolaire d’un maximum d’élèves. Vous nous dites que les chefs d’établissement doivent s’organiser
afin de trouver eux-mêmes la manière de ramener les jeunes à l’école. Je suis assez pragmatique pour accepter cette
proposition.
Toutefois, sans évaluation des actions menées par les établissements, nous ne pourrons pas savoir si les objectifs seront
atteints et apprécier l’efficacité des méthodes choisies. Certaines écoles parviendront certainement à lutter ainsi contre
l’absentéisme, mais je crains que d’autres finissent par ne plus avoir d’objectifs du tout. Tel est le danger. L’important,
au-delà d’une diversité de moyens utilisés, sera la mise en place d’une évaluation.
Vous avez parlé des parents. Ils doivent certes jouer leur rôle. Certaines écoles renvoient les élèves chez eux dès qu’un
enseignant est absent. Les parents ne peuvent rien y faire. Le cas que je vous cite s’est passé dans une école qui utilise
le système de carte de couleurs. L’élève en question est bien rentré à son domicile, mais d’autres ne le font pas ! À quoi
sert cette méthode si les enfants peuvent sortir quelle que soit l’autorisation donnée par les parents ?
La Communauté française doit donc impérativement obtenir les bilans de ces expériences pour chaque école.