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Interpellation
du 25/01/05 |
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la situation actuelle de l’Athénée royal Madeleine... |
Interpellation de M. Philippe Fontaine à Mme Marie Arena, ministre-présidente chargée de l’Enseignement obligatoire et
de promotion sociale, relative à:
« la situation actuelle de l’Athénée royal Madeleine Jacquemotte » (article 59 du règlement)
– Monsieur le président,
madame la ministre-présidente,
nous avons déjà beaucoup parlé de l'Athénée Madeleine Jacquemotte.
Beaucoup de questions ont été posées, un grand nombre sont restées sans réponse.
Beaucoup d'inquiétudes sont nées, la plupart persistent encore aujourd'hui.
La présente interpellation a ainsi pour objet tant de faire le point sur la situation actuelle de cet athénée que d'obtenir
enfin des réponses précises sur un certain nombre de questions.
Je voudrais envisager la situation actuelle de l'athénée sous un double aspect: celui du climat intra-muros, d'une part,
celui des élèves exclus, d'autre part.
Cela me permettra, entre autres, de confronter la situation actuelle de cet établissement avec les réponses que vous avez
précédemment fournies à mes questions sur le sujet.
Le premier aspect de mon interpellation de ce jour concerne le volet « intra-muros » de l'établissement.
Quand je vous ai posé la question de savoir d'où venait l'encadrement supplémentaire dont bénéficie aujourd'hui l'Athénée
Jacquemotte, vous avez répondu – je vous cite – « avoir utilisé toute la latitude dont vous disposiez en matière de NTPP
pour accorder cet encadrement exceptionnel en puisant dans la réserve constituée par la rétrocession d'un pourcentage du
NTPP des établissements organisés par la Communauté française. »
J'aimerais savoir avec précision quelle est justement votre marge de manœuvre en la matière.
Il me revient en effet que la réserve NTPP à laquelle vous faites allusion n'est pas suffisante pour accorder cet
encadrement.
Si, comme vous le dites, il ne s'agit pas d'un cadeau, pouvez-vous m'expliquer clairement quels sont les mécanismes qui
vous permettent d'attribuer cet encadrement ?
D'autant que la population scolaire de l'établissement a considérablement diminué.
Indirectement, je serais curieux de connaître l'avis des autres chefs d'établissement demandeurs d'un encadrement
supplémentaire.
Et je me demande ce que je devrais faire, si j'étais chef d'établissement, pour obtenir cet encadrement.
Car, si la situation de Madeleine Jacquemotte est tellement exceptionnelle, cette exception ressortit plus à la
médiatisation des problèmes qu'aux problèmes proprement dits, d'autres établissements étant confrontés à des situations
semblables.
Doivent-ils, eux aussi, alerter la presse pour voir leurs souhaits exaucés ?
Je vous en prie, madame la ministre-présidente, rassurez-moi !
Passons sur l'encadrement et venons-en aux rapports à l'intérieur de l'établissement.
Une chose est certaine : on n'en entend plus parler.
Mais que cela cache-t-il, madame la ministre-présidente ?
L'établissement a retrouvé une apparence sereine, mais qu'en est-il du fond du problème ?
Où en est la résolution des conflits internes ?
Pouvez-vous me dire quel est le climat qui règne aujourd'hui dans l'établissement ?
La confiance est-elle progressivement de retour, ou la peur et la méfiance réciproque sont-elles suffisamment lourdes pour
faire taire même les plus loquaces ?
L'équipe enseignante s'est-elle véritablement ressoudée, confirmant ainsi l'option que vous avez choisie d'écarter le chef
d'établissement ?
Le respect et la sérénité sont-ils de retour ou en passe de revenir ?
Je voudrais ensuite vous entendre sur ce qu'il est advenu des projets pédagogiques, civiques et culturels programmés pour
2005.
Vous me disiez, lors d'une précédente interpellation, vouloir ressouder l'équipe autour d'un véritable projet d'école qui
consiste, je viens de le dire, à rétablir la sérénité, le respect des enseignants et des élèves, et à réactiver les
missions fondamentales d'enseignement dans cette école.
Et justement, je m'interroge sur ces missions fondamentales quand j'apprends, par ailleurs, que tous les projets
pédagogiques, civiques, culturels et autres ont été interrompus pour faire place à un recentrage sur les mesures
disciplinaires et l'application du règlement d'ordre intérieur.
Je vais être concret : où en est la réouverture de la bibliothèque ?
Où en est la mise en place d'un conseil de délégués d'élèves ?
Où en est la création d'une association de parents, que vous avez d'ailleurs appelée de tous vos vœux dans une de vos
réponses ?
Où en est la collaboration avec les institutions culturelles, comme l'équipe théâtrale de la Toison d'Or ou le Centre
culturel Omar Khayam ?
Où en est la poursuite de l'ouverture de l'école sur son quartier ?
Où en est la participation aux projets initiés par la Fondation Roi Baudouin sur le thème de l'intégration et la
participation des familles au suivi scolaire ?
Vous n'allez quand même pas me dire, madame la ministre-présidente, que la seule mission fondamentale de l'enseignement à
l'Athénée Jacquemotte est le recentrage sur l'application du règlement d'ordre intérieur et des mesures disciplinaires ?
Pas vous !
Car, dans cette optique, je me demande sérieusement quel crédit il faudrait encore accorder à votre
« contrat stratégique » !
J’ai vaguement entendu parler d’un projet de collaboration avec notre honorable collègue, M. Diallo.
Pouvez-vous nous en dire plus ?
J’espère que vous pourrez nous rassurer sur cette question ; sinon, je crains fort pour l’épanouissement des élèves
toujours inscrits à Madeleine Jacquemotte, qui, eux, attendent autre chose d’une école que la mise en place d’un régime
militaire, quoique ce terme soit quelque peu excessif.
Ce qu’ils veulent, c’est recevoir un enseignement qui leur permettra de s’épanouir pleinement dans leur vie future.
Toujours en ce qui concerne à proprement parler l’établissement, j’ai également entendu dire que la direction actuelle
se montrait fort réticente à ce que les membres de l’équipe éducative s’inscrivent dans des formations.
Si cette information s’avère, elle pose question au vu du nombre d’« articles 20 ».
J’ai même entendu parler d’une interdiction formelle de s’inscrire dans des formations.
Ces formations ne sont-elles pas à la fois un droit et un devoir pour les enseignants ?
Aurais-je été mal informé ?
Si tel est le cas - cela vaut pour le reste de mon interpellation – et si vous estimez que les informations qui circulent
sont mauvaises, je ne peux que vous inviter à communiquer régulièrement sur ces questions pour nous permettre de faire la
part des choses…
Cela m’éviterait par la suite, comme vous l’aviez si bien dit, de faire un procès sur la base de rumeurs colportées par
des raccourcis dans la presse.
Enfin, madame la ministre-présidente, les deux dernières questions concernent encore ce premier volet de mon interpellation.
Est-il exact que la direction actuelle n’est pas appelée à rester en fonction dans cet établissement ?
Doit-on voir dans cette équipe de choc une sorte « d’équipe de crise » appelée à intervenir là où se manifestent des
problèmes sérieux et à s’en aller une fois la paix revenue ?
S’agirait-il des « Arena Rangers » de l’enseignement ?
Croyez-vous que c’est en favorisant la mobilité au sein de la direction que le problème pourra se résoudre sur le long
terme ?
Puisque je parle de mobilité, je ferai le lien avec les équipes mobiles.
Pourriez-vous nous apporter quelques précisions sur leur travail au sein de cet établissement ?
Les échos que j’en ai ne font pas apparaître à première vue le caractère assurément utile de leur intervention…
Mais j’imagine que, là encore, mes informations seront erronées ?
J’en arrive ainsi au second aspect de mon interpellation qui concerne plus précisément les exclusions survenues à l’Athénée
Jacquemotte.
Le chiffre important de 97 exclusions circule.
Pouvez-vous me le confirmer ?
Ces exclusions ont-elles fait l’objet d’un accord au sein de la Communauté éducative ?
Des procédures de recours à l’encontre des décisions d’exclusion ont-elles été intentées ?
Dans l’affirmative, quel en est l’aboutissement ?
Ce qui me préoccupe particulièrement dans ces exclusions, c’est la manière dont sont pris en charge les jeunes qui ont été
exclus.
Je vous avais interrogée à l’époque sur le sujet et vous m’aviez répondu que vous aviez décidé « d’organiser avec
l’Athénée royal Madeleine Jacquemotte une concertation englobant les différents organes liés à la mise à l’emploi d’un
certain nombre de personnes à Bruxelles, en vue de trouver un projet positif avec l’ORBEm pour les élèves majeurs de
cette école qui n’auraient pas de projet pédagogique constructif ».
Pouvez-vous nous donner les résultats de cette concertation ?
Dois-je considérer que ces jeunes sont véritablement pris en charge ou, a contrario, dois-je croire mes sources
d’information qui m’affirment que seule l’association « Droit des Jeunes » apporte un soutien à ces jeunes ?
On me cite le chiffre de deux élèves « reclassés » sur 97 exclus.
Pouvez-vous me le confirmer et me dire ce qu’il advient des 95 autres ?
Ce « taux de reclassement », si vous me permettez l’expression, ne vous apparaît-il pas particulièrement faible ?
Pour information, je voudrais également savoir quelle proportion ce nombre représente par rapport à l’ensemble des
exclusions survenues depuis la rentrée de septembre 2004 ou, à défaut, au cours de l’année scolaire 2003-2004.
J’en viens à ma dernière question : doit-on voir, dans la méthode que vous avez employée pour tenter de résoudre les
difficultés que connaît l’Athénée Madeleine Jacquemotte, un modèle à appliquer à l’avenir pour d’autres situations de même
type ?
Réponse de la Ministre-Présidente, Marie Arena,
– Monsieur Fontaine, je ne m’appelle pas
« la fée Marie ».
Vous me demandez après six mois
d’avoir réglé tous les problèmes d’une école qui se
trouvait au bord du gouffre en septembre, et encore,
le mot est faible.
Vous voudriez en plus que
j’en aie fait une école modèle.
– Je n’ai pas demandé
cela. Je voulais connaître l’état actuel de la
situation.
Mme Marie Arena, – Vous voudriez que cette école ait une association
de parents modèle, un fructueux partenariat
avec le quartier, des projets pédagogiques
positifs, des professeurs épanouis, un taux de réussite
de 80 %, c’est-à-dire tout ce que contient le
Contrat stratégique pour l’Éducation.
Nous nous
sommes pourtant donné huit années pour réaliser
de tels objectifs.
Vous me demandez de concrétiser
cela en quelques mois dans l’une des écoles les plus
en difficulté.
Hélas, je ne suis pas une fée. (Colloques.)
De nombreuses questions ont été posées.
Vous
nous aviez fait part de votre frustration de ne pas
avoir de réponses.
Nous avons beaucoup parlé de
l’Athénée Madeleine Jacquemotte et j’ai huit pages
de réponses à vous communiquer !
Les neuf temps plein supplémentaires ont été
apportés à l’école par la Communauté française en
tant que pouvoir organisateur, sur la base de la dotation
Communauté française auprès de la Direction
générale de l’enseignement obligatoire.
Cette
mesure a été prise dans une situation exceptionnellement
grave.
Il s’agissait d’assurer la continuité
du service public dans un établissement où six
enseignants venaient d’être agressés en quelques
jours.
Quatre éducateurs ont pu être désignés.
Ne demandez donc pas la même intervention
d’urgence dans une autre école : vous ne voudriez
tout de même pas que le personnel d’autres établissements
soit victime de telles violences pour être
aidé !
La situation exigeait une mesure d’urgence,
dans l’intérêt de tous.
N’oubliez pas qu’il y a eu le
feu dans cette école.
En ce qui concerne l’évolution des rapports
au sein de l’établissement, je commencerai par
aborder l’évolution positive des relations entre
corps professoral et direction.
Une unanimité s’est
construite autour du projet proposé par la nouvelle
équipe.
Les professeurs qui soutenaient énergiquement
l’ancienne direction ne semblent plus
refuser les nouvelles collaborations.
Les premières
semaines de reprise en main de l’athénée furent
certes difficiles, mais depuis lors, aucun enseignant
n’a été agressé physiquement.
De plus, tous les
professeurs sont aujourd’hui soutenus lorsqu’ils
sont victimes d’incivilités.
Ce soutien a facilité les
relations entre enseignants et direction.
En ce qui concerne les rapports entre les
membres du corps professoral et les élèves, les professeurs
et les éducateurs retrouvent petit à petit
leurs prérogatives normales.
Cela s’accompagne
du rétablissement de la distance qui doit exister
entre un représentant d’une institution dont la finalité est l’éducation et la formation, et des élèves
qui respectent son autorité.
Il était nécessaire de
rétablir cet ordre des choses.
Ces relations ne sont pas idylliques mais correspondent
aujourd’hui à une certaine normalité.
Les embrassades, parfois un peu violentes, et
autres familiarités déplacées, ont fait place au respect
et à l’attention entre les différents acteurs.
Le nouveau préfet est un modèle de sang-froid
et de correction.
Il a toujours adopté une attitude
digne et sereine, même quand il devait communiquer
une sanction ou une décision d’exclusion.
Les rapports entre les élèves et la direction
sont donc fermes mais corrects.
Les élèves reconnaissent
l’autorité du chef d’établissement et cette
reconnaissance suscite nécessairement un respect
mutuel.
J’en arrive aux relations entre les membres du
corps professoral.
Aucune communauté éducative
n’est exempte de dissensions ou de désaccords plus
ou moins importants.
Il appartient au chef d’établissement
de créer un climat qui les réduise au
maximum.
À cet égard, je crois que l’équipe actuelle
a réussi à susciter une collaboration accrue
et une meilleure entente entre collègues.
En ce qui concerne les rapports entre élèves,
on enregistre une diminution de la violence, de
l’agressivité et des incivilités.
Cette sérénité nouvelle
améliore l’ambiance de l’établissement.
M. Fontaine m’ interroge aussi sur les projets
pédagogiques, civiques et culturels de l’athénée.
À ce propos, il convient de mentionner diverses
actions menées avec la police et la commune
d’Ixelles, notamment l’organisation d’un barbecue
le 16 mai, ainsi qu’un goûter pour les voisins de
l’école le jeudi 8 mai après-midi.
Il semble que ces
actions aient réussi à motiver un certain nombre
de jeunes, quoique l’enthousiasme ne fût pas débordant.
Lors du Jazz Marathon, un stand a été
dressé dans la cour de l’école et Mustapha Largo a
donné un concert.
En outre, l’établissement est associé
aux projets de la cellule de prévention de la
STIB.
L’ensemble de ces projets concernent les enseignants
et un nombre restreint d’élèves.
Il s’agit
surtout d’animations.
Elles sont indéniablement
positives mais leur effet est relativement limité en
termes d’éducation.
Le projet éducatif est évidemment fondamental.
Le projet éducatif de la Communauté française,
que l’on peut consulter sur son site internet,
prévoit notamment que « Les options des
uns et des autres, les particularités des différentes
cultures peuvent faire l’objet d’échanges, de discussions,
dans la sérénité relative d’un milieu partiellement
protégé.
La rencontre de l’autre, dans
un environnement qui favorise les contacts positifs,
les solidarités, la mise en œuvre de projets
communs, est un des gages d’ouverture et de création
de lien social et ne peut que renforcer les
valeurs que le décret Missions impose de développer
».
L’instauration et le maintien d’un climat
serein et d’un environnement qui favorise les
contacts positifs exigent que le règlement d’ordre
intérieur soit appliqué.
Tout le monde s’accorde
sur le fait que la démocratie demande le respect de
l’État de droit, ce qui a parfois fait défaut à l’athénée
Madeleine Jacquemotte.
Des projets importants en termes d’éducation,
dont la collaboration avec la commune, la police
et les associations de quartier, seront poursuivis.
Jeter des ponts entre les riverains et les élèves
est un objectif tout à fait louable.
Par ailleurs,
de nouveaux projets, tournés vers l’éducation et
la citoyenneté et s’adressant à tous les élèves, seront
lancés.
Je songe en particulier à une initiative
en faveur de la pratique du sport pilotée par
Bea Diallo et l’asbl Promo Basket, et à un partenariat
avec l’asbl « L’école de la vie » dirigée par
M. Lenvain, qui est déjà intervenue avec succès
au sein de l’institut de la Providence à Anderlecht.
Tous ces projets sont en phase de conception.
En
outre, des équipes mobiles rencontreront les élèves
pour élaborer un programme d’actions citoyennes.
Bref, les projets entamés seront poursuivis et de
nouveaux projets seront initiés.
Ils seront soumis
à une double condition : poursuivre de réels objectifs
éducatifs et concerner un maximum d’élèves.
J’en viens à la question relative à l’interdiction
pour les professeurs de suivre des formations.
La
nouvelle direction n’a interdit à personne de suivre
une formation dans le cadre légal défini par le décret
du 17 juillet 2002.
Cependant, dans un premier temps, elle a souhaité que les enseignants et
les éducateurs soient autant que possible présents
dans l’établissement, et cela pour trois raisons.
Tout d’abord, travailler sur le projet commun
et coordonner le travail pour assurer la cohérence.
Ensuite, être présent pour encadrer les élèves et
éviter les licenciements ou le parcage d’élèves à
l’étude.
Enfin, ne pas perdre davantage de périodes
de cours après un début d’année scolaire très chahuté.
Il est important de garantir le programme
scolaire.
La direction actuelle ne restera pas en fonction
dans l’établissement.
Nul n’ignore la situation
du préfet actuellement désigné à l’Athénée royal
Madeleine Jacquemotte.
Il s’agit du chef d’établissement
titulaire de la fonction à titre définitif à
l’Athénée royal de Jette.
Sa désignation à l’Athénée
Madeleine Jacquemotte par changement d’affectation
provisoire a été faite dans l’intérêt du service.
On comprendra que ce changement ne revêt
pas un caractère définitif.
Cependant, M. Lambremont
a accepté d’assumer une mission difficile et
cela dans la durée.
À ce stade, il n’est pas prévu de
terme à cette mission.
Par ailleurs, le statut applicable
aux enseignants et chefs d’établissement permet
le changement d’affectation volontaire.
Chacun
d’eux est parfaitement libre d’en bénéficier.
Il
est donc impossible de dire si tel ou tel agent est
appelé à rester en fonction dans un établissement
et pour quelle durée.
Cette situation n’est pas spécifique
à l’Athénée Madeleine Jacquemotte.
Depuis l’installation de la nouvelle direction,
80 exclusions d’élèves majeurs, pour plus de 20
demi-jours d’absence injustifiée, et 20 renvois motivés
par le comportement ont été prononcés.
La
proportion par rapport aux exclusions décidées
depuis le début de l’année scolaire est difficile à
déterminer, étant donné la confusion dans la gestion
administrative des dossiers.
Par rapport aux
années scolaires antérieures, où l’on dénombrait
une quarantaine d’exclusions en moyenne – également
difficile à vérifier, parce que les dossiers
ont été saisis un moment par les autorités judiciaires
–, on peut globalement considérer qu’il y
a, cette année, près de quatre fois plus d’exclusions.
Ce qui est normal si l’on tient compte de
l’application scrupuleuse des dispositions légales
observée depuis cette année.
De plus, ce chiffre est
à mettre en perspective avec l’augmentation anormale
du nombre d’inscrits, soit plus 170 élèves depuis
la désignation du préfet précédent, dont 60%
d’élèves majeurs.
À la suite des exclusions de novembre, 32 recours
ont été introduits.
Dans l’urgence, le préfet
avait délégué le proviseur pour certaines auditions.
La jurisprudence ne le permet pas.
Les
décisions ont donc été annulées et la procédure
recommencée.
Ces 32 recours sont devenus sans
objet.
Le 24 décembre, la seconde procédure s’est
achevée et les exclusions ont été décidées et notifiées.
Dix-sept recours ont été introduits, dont un
hors délai.
Treize d’entre eux l’ont été par l’asbl
« Droit des Jeunes » et portent principalement
sur la contestation des absences injustifiées.
Ces
recours sont actuellement traités par l’administration.
Certains recours, pour lesquels le dossier
est simple, me seront transmis dans les jours qui
viennent.
D’autres requièrent des vérifications ou
des compléments d’information qui prendront encore
un peu de temps, d’autant que l’administration
est en plein déménagement.
Cela représente
une dizaine de dossiers.
Les élèves mineurs exclus ont été pris en
charge par les centres PMS et la commission des
inscriptions,
selon la voie habituelle. Quant aux
élèves majeurs exclus, ils ont été orientés vers la
cellule « exclusions » mise en place par les équipes
mobiles, créées par l’article 10 du décret du 12 mai
2004.
Celle-ci aide les jeunes à redéfinir leur projet
d’études ou d’insertion.
Il faut noter que cinq
élèves majeurs ont été acceptés dans un autre établissement
secondaire de plein exercice.
Je rappelle
cependant qu’il n’y a pas d’obligation pour une
école d’inscrire un élève majeur exclu.
La méthode employée pour tenter de résoudre
les difficultés au sein de l’Athénée est-elle un modèle
à appliquer ?
Il s’agissait bien de tenter de résoudre
ces difficultés.
Tout le monde sait qu’on ne
règle jamais les problèmes de violence à l’école en
un tour de main, c’est un travail de longue haleine,
une entreprise continue et de fond.
Le cas
de l’Athénée Madeleine Jacquemotte exigeait une
intervention d’urgence.
Six agressions physiques
de professeurs en un mois nécessitaient des mesures
radicales.
Aujourd’hui, le calme est revenu.
Les professeurs ne sont plus victimes d’agressions
physiques ou morales, et les élèves ont retrouvé
des conditions d’étude correctes et sereines.
L’intervention d’urgence touche à sa fin.
Dans
le respect du cadre institutionnel, des règles et des
conditions de l’enseignement, il faut maintenant
travailler en profondeur sur le climat de cette école
en développant les moyens pédagogiques, éducatifs
et humains pour qu’elle puisse remplir ses missions
prioritaires : l’épanouissement personnel, la
formation et l’insertion sociale ainsi que la citoyenneté.
Aujourd’hui, on peut travailler sur des
projets de moyen et long terme tout en continuant
le travail en cours.
La méthode employée à l’athénée Madeleine Jacquemotte n’est pas un modèle car chaque situation
est différente.
On constate parfois que c’est le
mode de gestion d’un établissement par la direction
qui peut être responsable de la dégradation
d’une situation.
L’autorité hiérarchique doit alors
intervenir.
En tant que responsable du pouvoir organisateur,
il était de mon devoir d’assumer mes
responsabilités pour le bien de l’enseignement et
donc, pour celui des jeunes qui en bénéficient, mais
aussi pour que les enseignants méritent le respect
de leur intégrité physique et morale au quotidien.
M. Philippe Fontaine (MR). – Vous me reprochez
mon impatience à voir résolus les problèmes
à l’athénée Madeleine Jacquemotte, mais il est du
devoir des parlementaires de vérifier que les déclarations
faites en période de crise soient suivies d’effets
et de suivre l’évolution d’un dossier.
J’ai pris
note du fait que l’ambiance au sein de l’établissement
s’améliore, que la discipline y est rétablie et
que l’on relance des projets pédagogiques.
Je souhaite
que cette école fonctionne de manière correcte
et que les jeunes qui y sont inscrits y trouvent
des perspectives d’avenir et un enseignement de
qualité, et je constate que ce dossier a bien avancé.
Cependant, je reviendrai probablement plus tard
sur ce sujet
M. le président. – L’incident est clos.