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Questions
du 30/09/08 |
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Les étudiants congolais en Belgique... |
Question écrite de Philippe Fontaine, Député wallon, à Marie Dominique Simonet, Ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche scientifique et des Relations Internationales, concernant :
« Les étudiants congolais en Belgique »
Madame la Ministre,
Récemment un article du supplément Cash du Trends était consacré à la société holding Texaf implantée depuis de nombreuses années en RDC.
Outre la holding et la nature de ses pôles d’activités, l’article présentait la RDC comme une terre de tous les défis confrontée à de nombreuses pénuries que nous pourrions combler en Communauté française et en Région wallonne en particulier.
Texaf dispose d’un patrimoine immobilier qu’il tente de valoriser et d’exploiter autant que possible mais la principale difficulté est de trouver des entrepreneurs, des architectes et des gestionnaires de projets.
Par ailleurs, la prise de distance entre la Belgique et la RDC est bien réelle et en partie due à la présence des Chinois chez qui les Congolais semblent trouver un partenaire qui leur convient. Il semblerait que cette prise de distance soit accentuée par « la plus grande erreur que nous commettons, le fait d’énormément compliquer la tâche des étudiants congolais en Belgique. » déclare l’administrateur délégué de Texaf. Il ajoute d’ailleurs que les étudiants les plus prometteurs se rendent en Chine ou aux Etats-Unis. Il est évident qu’après, comme c’était le cas avec la Belgique, ils gardent des liens avec ces pays.
Mes questions sont les suivantes :
- Pouvez-vous me préciser quel est le nombre d’étudiants congolais par Universités et par Hautes Ecoles en Communauté française et l’ évolution des 10 dernières années ?
- Pouvez-vous me donner ces chiffres en ce qui concerne ceux qui terminent un troisième cycle ?
- Pouvez-vous me préciser quelle complexité évoquait l’administrateur délégué de Texaf à l’égard des étudiants congolais en Communauté française ? Existe-t-il bien des conditions susceptibles de faire reculer le candidat étudiant chez nous ?
- Pourquoi d’après vous les étudiants congolais commencent-ils à préférer la Chine ou les Etats-Unis ? Confirmez-vous cette tendance ?
- Outre la délivrance du visa qui est un problème connu, le problème majeur n’est-il pas encore et toujours le manque d’équivalence des diplômes qui fait barrage aux candidats étudiants congolais ? Pouvez-vous me dire où en est-on dans ce dossier qui devrait avancer au plus vite au regard de l’ouverture dont font preuve certains autres pays européens à cet égard comme la France par exemple ?
Réponse de la Ministre Marie Dominique Simonet,
L’évolution des inscriptions des étudiants congolais depuis les 10 dernières années montre, en effet, une nette décroissance.
Le nombre d’inscrits à l’université est passé de 1487 en 97-98 à 855 étudiants en 2007-2008, tandis que dans le supérieur hors université, il est passé de 602 à 291, sur la même période. Cependant, cette statistique est à analyser avec grande prudence : en effet, elle ne permet pas de faire la part des choses entre les étudiants congolais résidant en Belgique et y ayant obtenu leur CESS et ceux venus directement de RDC pour entamer des études supérieures.
Dès qu’ils obtiennent la nationalité belge, les étudiants congolais résidant en Belgique disparaissent de cette statistique. Vous avez raison de dire que l’admission au premier cycle de tout étudiant non porteur d’un CESS est conditionnée par l’obtention d’une équivalence au CESS, permettez-moi d’ajouter : quelle que soit la nationalité de l’étudiant.
Comme vous le savez, l’octroi d’équivalences au CESS n’est pas une compétence de la ministre de l’enseignement supérieur : il faudrait donc interroger mon collègue, le ministre en charge de l’enseignement obligatoire pour savoir si le nombre d’équivalence au CESS octroyées à des étudiants originaires de RDC est en baisse.
Dans les faits, on constate que la faiblesse de l’enseignement au Congo a souvent pour conséquence un refus d’équivalence et, dès lors, l’obligation pour l’étudiant qui souhaite entamer des études supérieures en Communauté française de recommencer en Belgique sa dernière année d’études secondaires. A cet égard, la Commission Mixte Permanente bilatérale qui s’est tenue en avril 2008 a mis en place un groupe de travail mixte chargé d’examiner cette problématique.
Une première réunion de prise de contact s’est tenue en juillet dernier en présence de représentants de l’Ambassade de la RDC à Bruxelles et d’agents du Ministère de la Communauté française et du CGRI/DRI. Un travail complémentaire va être mené afin de pouvoir disposer d’informations plus précises sur l’état du secteur de l’éducation au Congo.
Par la suite, le groupe fera des propositions visant, s’il échet, à aménager les procédures de validation et d’authentification des diplômes. Pour ce qui est de l’accès à une année d’études dans l’enseignement supérieur hors université autre que la première, la délivrance des équivalences est de la compétence des établissements d’enseignement supérieur, excepté pour l’accès aux études de spécialisation de type court en Haute Ecole ou aux études d’architecture.
Pour l’accès à ces dernières, la délivrance des équivalences relève de la compétence des Services du Gouvernement. La Direction de la réglementation de la DGEONRS précise que les dossiers des étudiants ayant effectué leurs études en RDC ne font l’objet d’aucun traitement différencié par rapport aux diplômes délivrés dans d’autres pays.
La politique de coopération universitaire de la Communauté française qui favorise fortement la formation locale surtout au 1er et au 2ème cycle, pourrait être un élément de réponse. L’augmentation du nombre de doctorats délivrés à des étudiants de nationalité congolaise de 97 en 1997- 1998 à 130 en 2006-2007 semble confirmer cette hypothèse.
Par ailleurs, même porteurs d’une équivalence, le paiement de droits complémentaires peut décourager certains étudiants à se former en Communauté française. En ce qui concerne enfin une mobilité croissante des jeunes congolais vers la Chine ou les Etats-Unis pour y entamer des études supérieures, nous n’avons aucune information validée.