Parlement wallon

Questions d'actualité

     

 Questions du 29/03/00

-

L’annonce scandaleuse de la fermeture de l’usine ..
Question d’actualité de Monsieur Philippe Fontaine, Député wallon, Président du Groupe MR au Parlement wallon à Monsieur Elio Di Rupo, Ministre-Président du Gouvernement wallon concernant :
«L’annonce scandaleuse de la fermeture de l’usine bombardier à Manage»


Depuis un certain nombre d'années, la région du Centre essaye, avec d'ailleurs un certain succès, de sortir de ses difficultés économiques.
La récente annonce d'un investissement de 9 milliards par Pétrofina dans le zoning pétrochimique de Feluy, la mise prochaine en service de l'ascenseur de Strépy-Thieu et dans un autre registre, le remarquable spectacle «Décrocher la lune» à la Louvière, qui voulait donner une autre image de la région, ont été et seront aussi des éléments importants pour demain.
II est vrai aussi que les zones industrielles, et spécialement celles de Manage, ont pu créer de nombreux emplois ces dernières années.
Ceci étant, l'annonce faite hier au conseil d'entreprise de la décision de fermeture par la multinationale Bombardier du site de Manage a fait l'effet d'une bombe.
Elle a été accueillie avec surprise hier, avec colère et indignation aujourd'hui.
En effet, cette entreprise a décidé une délocalisation à l'intérieur de notre pays puisqu'elle transfère les activités de: Manage vers le site de Bruges et donc elle transfère à Bruges la partie wallonne du contrat S.N.C.B. qu'un lobbying puissant, développé par Bombardier, avait finalement permis de voir confier à cette entreprise.
Les partis politiques sont d'ailleurs intervenus dans ce dossier en son temps.
C'est donc 400 familles plus celles des sous-traitants et les commerçants locaux qui vont être touchés par cette décision.
Les arguments développés par la direction lors du conseil d'entreprise sont à la limite de la mauvaise foi lorsque l'on sait, et il suffit d'aller voir un communiqué de Bombardier sur internet daté du 23 mars, que la société Bombardier transport a encore augmenté son bénéfice lors de l'exercice 1999.
Donc Bombardier est une société florissante car l'augmentation est de 17 % par rapport à l'année précédente.
II est donc inacceptable pour les travailleurs de l'entreprise de Manage et pour les élus communaux comme moi, d'accepter cette décision particulièrement cynique que rien n'annonçait puisqu'elle a probablement été prise de longue date mais ne vient qu'au moment où il faut entamer la mise en route des contrats S.N.C.B.
Je sais bien que le rôle de la Région wallonne dans ce type de dossier est limité.
C'est pourquoi, je voudrais savoir quelles sont les démarches que le ministre de l'Économie et du Gouvernement compte entreprendre tant auprès de la direction de Bombardier au Québec et qu'auprès du Gouvernement fédéral, puisqu'il y a là une délocalisation à l'intérieur de notre pays.
Quelles mesures envisage-t-on déjà - pour le cas ou cette position ne pourrait pas être revue - pour qu'un accompagnement social sérieux soit fait comme cela fut fait pour Vilvoorde?
De manière à permettre aux familles des travailleurs de Bombardier Manage d'avoir un espoir pour demain.
Réponse du Ministre Daerden (qui répond en lieu et place du Ministre-Président Di Rupo et du Ministre Serge Kubla)
Mardi la direction de Bombardier annonce à son conseil d'entreprise son projet de cessation d'activités sur le site de Manage, avec, comme les différents intervenants ont eu l'occasion de le signaler, des conséquences sociales extrêmement graves pour environ 400 travailleurs.
Il est clair que pour le Gouvernement cette décision est moralement inacceptable, d'autant que, comme d'autres, j'ai fait quelques recherches sur le site de cette société aussi qu'à la Centrale des bilans.
Il est vrai que même au niveau belge, la situation de cette entreprise s'est nettement améliorée au fil des dernières années.
Ainsi pour les exercices 1997 et 1998, l'exercice 1998 étant le dernier disponible à ce jour à la Centrale des bilans, le résultat net pour les deux exercices cumulés est de près d'un milliard de francs.
C'est la réalité objective sur base de la Centrale des bilans.
C'est pourquoi le Gouvernement entend dénoncer avec force cette pratique complètement irresponsable, qui privilégie la recherche du profit au détriment des travailleurs et de l'emploi en général.
Au-delà de cette pétition de principe, d'aucuns l'ont dit, il y a eu une rencontre ce matin: le ministreprésident, le ministre Van Cauwenberghe et un délégué de mon cabinet, dans la mesure où, pour d'autres raisons, je ne pouvais pas être présent à cette réunion avec mes collègues.
Une réaction immédiate était indispensable et nous mettrons tout en oeuvre pour qu'il y ait application de ce qu'on appelle aujourd'hui, la loi dite «Renault».
Triste mémoire, me direz-vous, nous nous rappelons bien les circonstances dans lesquelles cette législation a été édictée.
Nous mettrons tout en oeuvre pour l'application de cette loi et nous utiliserons surtout le délai prévu par cette loi pour mener une série d'actions cohérentes vis-à-vis de l'entreprise et ses travailleurs.
Comme première action, nous organiserons une rencontre avec la direction de l'entreprise, les organisations syndicales et les pouvoirs politiques, à savoir les Gouvernements fédéral et régional. Nous espérons pouvoir la tenir cette semaine encore. Je pense, et je rejoins là un des intervenants, que c'est d'abord sur ce terrain qu'il faut mener le combat.
Je pense que vous avez raison de mettre d'abord l'accent sur cette facette.
Il est clair qu'au terme de toutes les actions que nous pourrons mener, si cela est nécessaire - mais j'ose encore croire aujourd'hui que non, il est évident que nous prendrons un maximum d'attitudes et de positions d'accompagnement, dans le cadre du département de l'Emploi, comme nous l'avons fait dans d'autres cas, mais je crois qu'il est prématuré d'aborder le problème de cette manière-là.
Réplique de Philippe Fontaine
Merci, Monsieur le Ministre, pour votre réponse.
Je souhaite, en ce qui me concerne et compte tenu de toute la problématique de la commande S.N.C.B., notamment des 350 emplois pendant une durée de trois ans que Bombardier annonçait: elle-même, que le Gouvernement wallon soit ferme avec cette entreprise, dans la mesure où cela est possible, et que toutes les démarches soient faites pour que la décision puisse être reportée, en tout ou en partie.
Si, par malheur, nous n'y arrivions pas, il faudrait envisager, comme vous l'avez dit et comme je l'avais suggéré, d'autres solutions.
Mais la première étape est évidemment de sauver ce qui peut être sauvé à Manage pour que le secteur du transport, qui a toujours été un secteur traditionnel dans cette région, puisse y être maintenu puisqu'il s'agit maintenant d'un secteur modernisé.