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La présence de fourmis d’Asie en ...
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Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Benoit Lutgen, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme, concernant :
« La présence de fourmis d’Asie en Région wallonne »
Monsieur le Ministre,
Elle est petite, elle est noire et rien ne la différencie de celles de nos contrées. Je veux parler de la Lasius Neglectus, un fourmi venue d’Asie qui semble prendre peu à peu la place de nos fournis, la Lasius Niger.
Elle a été repérée pour la première fois dans à Budapest, en 1974, elle s'est ensuite établie en Grèce, Géorgie, Bulgarie, France, Turquie, Roumanie, Espagne, Allemagne, Italie, Pologne et enfin en Belgique depuis quelques années.
Cette fourmi a la particularité de vivre en supercolonie ce qui lui permet de s’étendre et parfois de coloniser toute une zone de plusieurs dizaines de km².
De plus, elle se développe beaucoup plus vite que les colonies de nos fourmis locales par la présence de plusieurs reines pondeuses dans une même colonie ce qui a pour conséquence une très grande production de larves.
La principale conséquence en est une pénurie de nourriture pour d’autres espèces d’insectes et particulièrement pour notre fourmi autochtones, ainsi qu’un manque de place pour ces espèces.
Elles semblent donc clairement représenter une menace pour la biodiversité.
Mes questions sont les suivantes :
- Il semble qu’une colonie de Lasius Neglectus ait été identifiée à Gand en 2001 et une autre à Flemalle.
- Pouvez-vous me dire si la présence de cette fourmi est importante en Région wallonne ?
- Outre la supercolonie de Liège, y a-t-il d’autres colonies qui ont été localisées chez nous ? A quel endroit ?
- Des contrôles sont-ils effectués pour apprécier l’impact de cette fourmi sur son environnement ? Quels en sont les résultats ?
- Quelles mesures sont prises pour limiter la prolifération de cette fourmi sur notre territoire ?
- Il semblerait que la Lasius Neglectus ne soit pas la seule espèce de fourmis invasives présente sur notre territoire. Est-ce exact ?
- Quelles sont les autres espèces présentes en RW ? Leur population est-elle recensée ? Une évaluation de leur impact sur la biodiversité est-elle réalisée ?
Réponse du Ministre Benoit Lutgen,
M. le Président. Avant de passer la parole à M. le Ministre, j'aurais une précision à demander à M. Fontaine. Comme il avait dit qu'il y avait une colonie à Gand et à Liège et puis après il dit « C'est la supercolonie de Liège ... »
M. Fontaine (MR). Pour nous, Flémalle, c'est déjà Liège.
M. le Président. Liège, c'est la colonie de super Liège.
M. Fontaine (MR). En Hainaut, Flémalle, c'est Liège.
M. le Président. La parole est à M. le Ministre Lutgen.
M. Lutgen, Monsieur le Président, le problème des espèces invasives est suivi, comme vous le savez, en Belgique par la plateforme Biodiversité, dont le relais wallon est basé à la Direction de la Nature et de l'Eau du département Étude du milieu naturel et agricole. L'étude du phénomène est limitée et principalement axée sur une veille au niveau européen et sur une coordination des travaux au niveau fédéral.
En ce qui concerne la connaissance des espèces sur le terrain, elle est surtout le fait d'une collaboration volontaire des biologistes de terrain et des réseaux de naturalistes bénévoles. Plus les espèces concernées sont méconnues, moins on dispose d'informations. Les moyens de lutte contre les espèces invasives se développent depuis peu, tant du point de vue technique que du point de vue humain.
Mis à part la lutte contre le rat musqué organisée depuis une soixantaine d'années, les expériences réalisées en Région wallonne concernent principalement la lutte contre les plantes invasives le long des cours d'eau qui ont d'ailleurs connu un phénomène particulièrement important de forte prolifération ces dernières années. En ce qui concerne plus particulièrement la fourmi asiatique, elle a fait l'objet d'une évaluation sommaire et nous disposons d'assez peu d'informations.
Il s'avère qu'elle est encore peu présente en Belgique et surtout cantonnée en Flandre, d'après les informations qui sont les miennes. Il s'agit d'une espèce qui se développe préférentiellement au voisinage des milieux urbanisés. Par conséquent, son impact sur la biodiversité devrait, dans les conditions actuelles, être assez limité. Par contre, le problème pourrait être plus aigu en cas de changement climatique favorable à l'espèce et d'adaptation de celle-ci à d'autres milieux.
Là où elle s'installe, elle est effectivement très compétitive et peut constituer une nuisance très importante, en particulier quand elle envahit les bâtiments. Il y a des cas qui ont été relevés à Paris, par exemple. Nous n'avons pas encore connaissance de problèmes de ce type de conséquences et de problèmes dans notre belle Wallonie. Dans ce cadre, la lutte peut se faire évidemment au moyen d'insecticides pour lutter contre cette invasion. D'autres fourmis invasives ont été notées dans notre pays.
Il s'agit de la fourmi d'Argentine, mais cette dernière pose surtout des problèmes dans des pays méditerranéen. En Belgique, elle est principalement mentionnée dans des sites abrités, serres, etc., car elle résiste mal au gel hivernal. Dois-je vous dire que cette année-ci, avec des températures que nous avons pu atteindre, des moins quinze, moins dix, moins dix-huit suivant les endroits, il est clair que par rapport à des espèces invasives comme celles-là, en ce compris la fourmi dont on parle, il y a des conséquences positives puisqu'elles ont tendance à disparaître de par les températures particulièrement froides que nous avons connues. Je ne sais pas vous en dire plus que cela. J'en suis désolé.
M. Fontaine (MR). Non, mais je remercie M. le Ministre pour sa réponse.