Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à André Antoine, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial, concernant :
« Certains problèmes techniques liés au chantier du métro de Charleroi »

Monsieur le Ministre,
Le métro de Charleroi a fait l’actualité suite à une plainte en cessation environnementale des travaux par six habitants sur base d’une études d’incidences qui n’aurait pas correctement apprécié les interactions avec le système de circulation dans lequel le métro va devoir s’intégrer.

Je préfère être précis d’entrée de jeu, ma question ne portera pas sur la plainte ainsi déposée par ces habitants ni sur le bien fondé de celle-ci.

Par contre, parce que cela fait écho à une interpellation que je vous adressais le 05 mars 2008 concernant le projet de métro de Charleroi, certaines des raisons invoquées retiennent particulièrement mon attention.

En effet, ces habitants se défendent de vouloir l’abandon de la fermeture de la boucle du métro. Ils ont par contre comme d’autres dont je suis, relevés un certain nombre d’inepties contre lesquelles ils veulent réagir. Dans ma précédente interpellation je relevais la vétusté de la plupart des rames dont vous m’avez confirmé l’âge : 27 ans.

Ces rames ne prennent pas en compte les critères actuels de confort auquel les usagers ont droit, surtout si nous sommes dans un principe « métro » qui implique de monter et descendre fréquemment des rames pour se rendre d’un point à un autre de la ville. Les travaux qui sont donc effectués notamment sur les quais consistent à adapter certains quais aux anciennes rames actuellement en service, c’est-à-dire des quais d’un mètre de haut. Pas raisonnable pour ces habitants et là je partage leur point de vue. Je le partage d’autant plus que lors du renouvellement des rames – c’est vous qui m’avez dit que l’on était pas obligé d’attendre l’âge anniversaire légal de 50 ans pour les remplacer – les quais devront être modifiés pour les adapter aux nouvelles rames ou le choix des nouvelles rames devra se porter sur des caisses à plancher haut – plus chères, moins confortables – ou faire abaisser la caisse des autres – coûteux, bricolage – bref une succession de mauvais choix faute d’avoir réellement repensé globalement cet aspect.

Mes questions sont donc très simples Monsieur le Ministre :

- Pourquoi ,alors que vous êtes favorable à la création d’un tram à Liège - qui en passant avait supprimé les siens – vous semblez ne pas être favorable à un remplacement plus rapide du vieux matériel de Charleroi ?

- Ne serait-il pas plus cohérent de terminer le métro de Charleroi avec du nouveau matériel avant de se lancer dans d’autres lignes ailleurs au risque d’avoir finalement des outils peu performants des deux côtés ?

- Etes-vous réellement inconscient qu’une part des travaux effectués sur la reconfiguration des quais risquent de devoir être recommencés dans quelques années à grands frais ?
- Qu’en pensez-vous ? Dès lors, avez-vous une idée du coût qu’engendrera la réadaptation des quais lorsqu’on devra les modifier pour les véhicules modernes ?
- Ne jugez-vous pas opportun de profiter de cette dernière péripétie pour recadrer cet aspect ?

Réponse du Ministre André Antoine,
– En ce qui concerne les travaux du métro léger de Charleroi, les nouveaux quais sont exécutés sur les mêmes principes que les quais de stations existantes et ce, dans un double objectif : d'une part, uniformiser les accès aux véhicules, ce qui est évidemment intéressant pour les PMR, et d'autre part, protéger les usagers de la circulation automobile : quais en milieu de chaussée, conformément à une demande des TEC.

Par ailleurs, rassurez-vous, les nouveaux quais sont conçus de manière à pouvoir, le moment venu, être rabaissés à moindre coût.

En ce qui concerne les rames, votre affirmation relative au confort est inexacte. Pour les véhicules de même génération, les planchers hauts sont toujours plus confortables et moins bruyants que les planchers bas car on y dispose de plus de place pour les mécanismes d'amortissement.

Pour ce qui est du remplacement du vieux matériel à Charleroi, un nouveau tram à plancher bas, pour votre information, de même capacité que les trams actuels, coûterait deux millions d'euros pièce. Avec de nouvelles extensions, il en faudrait 47, donc 94 millions d'euros.

Si vous, le journal Trends, ou un autre me les trouve, je serais ravi. Mais il faut aussi tenir compte de la réalité budgétaire qui est la nôtre. Nous avançons de manière volontaire sur les quatre villes, selon les moyens budgétaires qui sont les nôtres et surtout sur l'usage qui est différent d'une ville à l'autre compte tenu du nombre de passagers potentiels. Mons et Namur n'ont pas le potentiel suffisant pour justifier un métro léger ou un tram, vous le savez, mais nous sommes très actifs dans les quatre villes. Cela fait d'ailleurs partie de la volonté du Gouvernement de relancer des investissements pour les modes structurants dans ces quatre villes.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je remercie M. le Ministre pour sa réponse. Je ne pensais pas qu'il allait me répondre qu'on aurait une nouvelle rame de tram, mais je reste persuadé, Monsieur le Ministre, que si on veut effectivement développer la mobilité à Charleroi, on ne le fera que si on a un métro performant, avec du matériel performant et moderne.