Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Benoit Lutgen, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme et à André Antoine, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial concernant :
« La prolifération de plantes invasives en Région wallonne »

Monsieur le Ministre,
Même si parfois leur nom peut inspirer confiance, la Berce du Caucase, la Balsamine d’Himalaya, le Séneçon du Cap ou la Renouée du Japon n’en sont pas moins de véritables fléaux qui envahissent petit à petit nos contrées et peuvent même être dangereuses pour l’homme.

La plus dangereuse est la Berce du Caucase. La Berce est une plante dont la hauteur peut atteindre quatre mètres. Elle est surmontée par une inflorescence en ombelle d'environ cinquante centimètres de diamètre. Elle a été introduite en Europe centrale au XIXe siècle dans les jardins botaniques en raison de ses qualités ornementales et s'est naturalisée dans toute l'Europe, notamment le long des cours d'eau. Elle a donc largement dépassé les contours des jardins botaniques pour devenir une plante d’ornement de nos jardins. Cette plante produit une toxine phototoxique, présente dans la sève, qui provoque des inflammations et des brûlures de la peau. Il semble qu’elle soit maintenant bien répandue en Europe malgré sa toxicité ainsi que dans des lieux publics présentant dès lors un danger pour les enfants notamment.

La berce n’est pas la seule mais si les autres ne sont pas dangereuses, elles peuvent parfois être tellement envahissantes ou résistantes aux efforts déployés pour les éradiquer qu’elles en finissent par devenir dangereuses pour l’équilibre de notre biodiversité.

Mes questions sont les suivantes Monsieur le Ministre :

- Pouvez-vous me préciser quelle est l’importance de la prolifération de la Berce en Région wallonne ?
- Pouvez-vous confirmer que de nombreux lieux publics sont bien colonisés par la Berce ?
- Des mesures sont-elles prises pour tenter d’éradiquer cette plante chez nous ? Lesquelles ? Dans les lieux publics ? Ailleurs ? Où ?
- Il semble qu’un terrain à rue appartenant à la SWL à Mont sur Marchienne soit infesté par la berce ? Quelles mesures d’urgence sont prises à la SWL pour assainir définitivement ce terrain ?
- Des mesures sont-elles prises pour éviter que l’équilibre de notre biodiversité soit perturbé par la prolifération de ces plantes ?
- Disposez-vous d’information concernant les mesures et contrôles qui sont effectués lors d’importation de plantes exotiques quant à être une menace potentielle pour notre biodiversité ? Certaines plantes sont-elles interdites chez nous ? Lesquelles ? Pour quelles raisons ?
- La presse affirmait que l’on pouvait considérer que les plantes invasives diminuaient la valeur des pâturages et les rendements agricoles. Que pensez-vous de ces affirmations ? Des mesures existent-elles ? Quel en est le résultat ?
Je vous remercie pour vos réponses.

Réponse du Ministre Benoit Lutgen,
– La Berce du Caucase est largement répandue dans toute la Belgique. Elle affectionne les sols humides et riches en nutriments et est souvent présente dans des milieux en friches.

Son utilisation initiale en tant que plante ornementale et son importante capacité de colonisation lui permettent d'être présente tant dans des jardins publics et privés que dans des milieux naturels.

La Région wallonne traite le problème des espèces exotiques envahissantes à une échelle globale :
• des mesures législatives telles que l'interdiction d'introduction dans la nature ;
• la participation au groupe de travail regroupant des membres des différents niveaux de pouvoir concernés, lequel travaille notamment à la mise au point d'une législation visant à réglementer l'importation et la commercialisation ;
• le financement de la recherche des techniques de lutte et l'élaboration d'une brochure technique à destination des gestionnaires ;
• des actions de sensibilisation à destination des gestionnaires ;
• le soutien financier à une opération-pilote de gestion dans le cadre d'un projet LIFE dans le parc naturel des Deux Ourthes.

La lutte contre une espèce exotique envahissante telle que la Berce nécessite toutefois une implication active à l'échelle locale pour l'application des techniques de lutte. Ainsi, par exemple, dans le cadre de l'opération pilote de gestion des espèces invasives pratiquée dans le parc des deux Ourthes -qui sera cette année étendue à la Berce du Caucase-, la Province du Luxembourg, avec plusieurs communes, le contrat de rivière et la Division de l'Eau participent à cette action.

Dans le cas de la population mentionnée à la Société wallonne du Logement, celle-ci m'informe être bien au courant du problème du fait de plaintes déposées par plusieurs riverains. Le marché par procédure négociée a été approuvé et les travaux d'entretien ont été commandés le 30 juin 2008.

La réglementation des opérations d'importation est une matière fédérale et des discussions sont en cours afin d'élargir la liste des espèces visées par des interdictions. Je signale toutefois qu'une adhésion du secteur horticole concerné par les ventes apporterait plus de garantie d'application. C'est pourquoi j'ai financé une mission de préparation d'un projet LIFE portant sur la sensibilisation du secteur horticole et d'un projet INTERREG visant à mettre en place des mesures de lutte sur certains bassins versants.

Quant à la valeur des pâturages, je ne dispose pas d'étude précise. Au vu des habitats colonisés par les plantes invasives, il ne semble pas que les pâturages soient fortement touchés.

J'ai par ailleurs financé d'autres actions de sensibilisation vis-à-vis du grand public, mais aussi à l'égard des mouvements de jeunesse car il s'agit d'un problème de santé grave. Régulièrement, il arrive que des enfants utilisent la Berce du Caucase pour faire des sarbacanes et ils subissent alors des brûlures très importantes qui peuvent les défigurer.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je vous remercie pour cette réponse très détaillée. Je trouve entre autres très inquiétant que des paysagistes utilisent ce type de plante. J'en ai dernièrement vu sur un parking fréquenté par des familles.