Parlement wallon

Questions orales

     

 Questions du 15/04/08

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  Comment les entreprises wallonnes investissent-elles dans...

Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Marc Tarabella, Ministre de la Formation, concernant :
« Comment les entreprises wallonnes investissent-elles dans la formation de leur personnel »


Monsieur le Ministre,
J’ai eu récemment mon attention attirée par les résultats d’une étude menée par l’agence de sélection et de recrutement financier Robert Half dans le cadre de l’International Workplace Survey.

Cette étude a été menée dans 17 pays( dont 11 pays européens) auprès de 2815 entreprises et a montré que 49% des entreprises d’une manière générale n’investissaient pas dans la formation de leur personnel mais surtout que plus de la moitié des entreprises belges, 51%, faisaient de même. Nous sommes donc dans une sorte de moyenne mais elle n’est pas glorieuse.

Ce chiffre tombe à 21% si on prend en compte les entreprises qui investissement de manière proactive dans la formation de leur personnel c’est-à-dire qui proposent à certains membres du personnel de suivre telle ou telle formation.

Fait curieux quand une autre étude menée par la Vlerick Leuven Gent Management School montre qu’investir dans la formation du personnel contribue à rendre l’employeur plus attractif mais également au succès de l’entreprise et à la satisfaction du travailleur qui se sent valorisé au sein même de son entreprise.

Mes questions sont les suivantes Monsieur le Ministre :

- Pouvez-vous confirmer ces chiffres ?
- Pouvez-vous me dresser un rapide tableau de la situation en Région wallonne  tant pour la formation en général que pour la formation proactive ?
- Certains secteurs wallons sont-ils plus enclins à former leur personnel ? Lesquels et pourquoi ?
- Si les chiffres que vous deviez me donner devaient confirmer la tendance évoquée, quelles mesures de sensibilisation et/ou incitatives comptez-vous prendre en a matière ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse du Ministre Marc Tarabella,
– Je souhaite tout d'abord émettre des réserves par rapport sources auxquelles vous vous référez. L'étude « International Workplace Survey » est une initiative privée et sectorielle. Elle a été visiblement menée auprès de grandes entreprises clientes du commanditaire, le bureau Robert Half, spécialisé dans le management, en particulier les métiers de la finance et de la comptabilité. Les entreprises de ce secteur sont parmi celles qui investissent le plus dans une politique de formation et ne sont donc pas représentatives de l'ensemble du tissu économique.

Par ailleurs, les méthodologies des études sur les pratiques de formation dans les entreprises ne sont pas harmonisées. Il est donc très difficile de comparer des données qui ont été recueillies auprès de populations différentes. La définition de ce qu'est une formation varie également selon la source.

Il ne m'est donc pas possible de confirmer des chiffres sans information plus précise sur la manière dont ils ont été calculés.

Pour la Belgique, l'enquête officielle CVTS parue en septembre 2007 et réalisée par le SPF Économie révèle que, pour l'ensemble du pays, 62,5 % des entreprises sont déclarées « entreprises formatrices », ce qui signifie que leur personnel a pu bénéficier d'une formation à caractère professionnel au cours de l'année de référence, soit 2005.

La Wallonie se situe bien dans cette moyenne avec un score de 62,3 %.

On peut logiquement en déduire que le pourcentage d'entreprises qui n'investissent pas dans la formation de leur personnel s'élève à 37,5 % dont 37,7 % en Wallonie.

On serait donc loin du chiffre de 51 % avancé par l'étude de Robert Half. Il n'en reste pas moins vrai que plus d'un tiers des entreprises belges et wallonnes n'investissent pas dans la formation de leur personnel, ce qui reste anormalement élevé.

La question de l'investissement dit « proactif » est intéressante. La mise en place de plans de formation est certainement un moyen efficace de développer des activités de formation formelles dans les entreprises. L'enquête européenne CVTS permettra de dégager des tendances sur quelques aspects des modes de gestion des compétences.

Des différences très importantes apparaissent effectivement d'un secteur professionnel à l'autre. À l'autre bout de la chaîne, les secteurs des Télécoms et de l'intermédiation financière sont ceux où l'on forme le plus.

On peut raisonnablement penser que des facteurs comme le rythme de l'innovation, les contraintes en matière de sécurité ou la taille des entreprises sont des éléments qui expliquent les chiffres évoqués ci-dessus.
Il convient toutefois de noter que ces chiffres ne reflètent pas toujours les efforts importants menés par les partenaires sociaux au sein des secteurs professionnels. C'est ainsi que le secteur de la Construction fait partie des secteurs qui investissent le plus dans la formation de leurs travailleurs, mais sans rencontrer le succès escompté auprès de ses entreprises.

Enfin, pour répondre à votre dernière sous-question, et au-delà des divergences de chiffres que je viens d'évoquer, il est intéressant de souligner les éléments suivants :

• le faible recours à la formation dans certains secteurs n'est vraisemblablement pas lié à son financement. En effet, de nombreuses mesures existent tant au niveau des secteurs qu'au niveau des pouvoirs publics. Au niveau régional, je citerai par exemple les incitants financiers à la formation des travailleurs ; à savoir le crédit-adaptation, le chèque-formation, et plus récemment le tutorat ;

• le problème relève probablement plus d'un manque de prévision à long terme en matière de gestion des ressources humaines au sein des PME et TPE. Malgré les efforts des pouvoirs publics et des partenaires sociaux, les entreprises de petite taille ne parviennent toujours pas à dédicacer du temps ou de l'argent à la formation de leurs travailleurs et à considérer celle-ci comme un investissement et non un coût.

Les partenaires sociaux étant en charge de la négociation des conventions collectives, je m'emploie à renforcer les liens noués avec eux depuis de nombreuses années déjà dans le cadre des conventions sectorielles, en particulier sur le thème de la formation des travailleurs.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je me réjouis que les chiffres de l'étude à laquelle je me référais sont excessifs. Cependant, vous le dites vous-même, il reste un tiers des entreprises belges qui n'investissent pas dans la formation et qui disent en même temps qu'elles ont des problèmes pour trouver du personnel qualifié. Tout cela pose question.

Il importe de concentrer tous les efforts sur les PME et les TPE.
Il faut trouver la manière d'aborder ces entreprises afin qu'elles puissent cibler ce qui est important pour elles au niveau des services publics.