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Palourdes d’Asie en Région wallonne ...
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Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Benoit Lutgen, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme, concernant :
« La progression des populations de palourdes d’Asie en Région wallonne »
Monsieur le Ministre,
Corbicula fluminea fait partie des nouvelles espèces invasives découvertes dans la Meuse. La palourde d’Asie, c’est son nom commun, entreprend de coloniser les fleuves et rivières européennes et donc aussi les nôtres.
Elle a été observée pour la première fois en Meuse wallonne en 1995 avec déjà une prévision de développement rapide de l’espèce. La palourde est un coquillage qui vit et se développe sur le fond des cours d’eau.
Elles se nourrissent de phytoplancton qui est la principale source d’oxygène pour les autres espèces aquatiques qu’elles pourraient mettre en danger par leur développement qui semble maintenant être exponentiel. La presse rapporte que le Laboratoire d’Ecologie des Eaux Douces de Namur a trouvé des palourdes asiatiques dans la Meuse, le canal Albert, le canal Bocholt-Herentals et dans le lac de la Plate-Taille. Il semble que les populations sont parfois très denses puisqu’elles peuvent atteindre jusqu’à 600 palourdes au mètre carré.
Mes questions sont les suivantes, Monsieur le Ministre :
- Pouvez-vous me préciser d’où proviennent les palourdes qui envahissent nos lacs et cours d’eau ?
- Quels sont les conséquences éventuelles observées du développement des populations de palourdes sur les espèces aquatiques qui peuplent nos lacs et cours d’eau ?
- Pouvez-vous me dresser un état des populations de palourdes dans les lacs et cours d’eau wallons ainsi qu’une appréciation de la dangerosité de cette présence sur l’équilibre de la faune et de la flore ?
- Les spécialistes pensent qu’il ne sera pas possible d’arrêter cette invasion, probablement parce que tuer les palourdes tuerait aussi d’autres espèces que l’on voulait préserver. Des pistes sont-elles cependant à l’étude ? Lesquelles ?
- Une des pistes évoquées par les scientifiques est la création de nouvelle station d’épuration. Certains experts pensent en effet que le développement des populations de palourdes est lié au taux de pollution des eaux. La progression des populations signifierait donc que les eaux de nos lacs et cours d’eau sont de mauvaises qualités. Pouvez-vous me dresser un bref état des lieux de l’état de propreté de nos lacs et cours d’eau ?
Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse du Ministre Benoit Lutgen,
Comme je l'expliquais dernièrement à votre collègue, Madame Tillieux, les relevés effectués durant la dernière
période de chômage de la Meuse ont montré que la densité de palourdes est localement importante.
Les études menées dans d'autres régions confirment un impact direct de la palourde sur certains mollusques
indigènes suite à leur compétition.
L'arrivée de ces espèces exotiques dans la Meuse et les canaux est liée au transport par bateau, tandis que
leur dissémination dans les pièces d'eau fermées se fait de façon plus naturelle, par les oiseaux par exemple,
mais aussi parfois par des introductions humaines accidentelles ou volontaires non autorisées.
La palourde asiatique n'est pas un cas isolé. Plusieurs autres espèces sont en cause, notamment la moule
zébrée qui est aussi abondante mais dont les populations semblent s'être stabilisées. Dans les années 1950, le
crabe chinois était considéré comme une peste et sa prolifération n'était pas contrôlée. Actuellement, ce crabe ne
pose plus de problème.
Ainsi, les populations de palourdes se stabiliseront peut-être également.
Suite à la récente augmentation du gabarit du canal reliant le Danube au Rhin, de nombreuses espèces du
bassin formé par la mer d'Azov, la mer Caspienne et la mer Noire, envahissent la Meuse et les canaux. Ces
espèces invasives et leurs impacts sur la biodiversité sont suivis par plusieurs groupes d'experts scientifiques.
La palourde forme des colonies très denses, là où la température de l'eau est la plus élevée. Elle est connue pour
boucher les rejets d'eau des centrales thermiques, au même titre que d'autres espèces. Plusieurs méthodes
d'élimination sont utilisées tels que traitements chimiques ou physiques, toutes avec des effets indésirables.
De
nouvelles techniques plus efficaces sont en cours de développement et devraient être brevetées prochainement.
Il est à espérer que les efforts consentis pour diminuer la pollution organique et par conséquent le niveau
d'eutrophisation de nos cours d'eau permettront de limiter les problèmes de carence en oxygène et,
probablement, de réduire l'aptitude compétitrice de la palourde. Cependant, il faut se rappeler que la Meuse
reçoit les alluvions fertiles de ses affluents, qu'elle est canalisée, profonde et à courant faible. Elle restera,
structurellement, toujours eutrophe et toujours favorable au développement de la palourde, entre autres. Par
contre, plus la qualité de la Meuse s'améliorera, plus elle redeviendra accueillante pour nos espèces indigènes.
Sauf en interdisant la navigation, il est pratiquement impossible d'empêcher l'arrivée et, éventuellement, la
prolifération de nouvelles espèces exotiques. Les migrations animales et végétales se produisent depuis l'origine
de la vie. L'homme en a, récemment, accéléré le processus.
En ce qui concerne l'état des lieux de nos cours d'eau, je me permets de vous renvoyer au dernier rapport de
l'Etat de l'Environnement wallon qui fait une bonne synthèse de la situation.
Il important de maintenir l'amélioration continue au travers de nouveaux programmes d'investissements et
des plans de gestion par sous-bassins hydrographiques afin d'atteindre le bon état écologique de nos cours d'eau
en 2015.
M. Philippe Fontaine (MR). – Je vous remercie pour vos réponses.
Je connais bien sûr le rapport auquel
vous me renvoyez. On dit que la situation s'améliore mais les palourdes prolifèrent dans des eaux de mauvaise
qualité. Nous savons par ailleurs que des expériences de réintégration de saumon ont été un succès, ce qui
nécessite une bonne qualité des eaux. Cela me semblait un peu contradictoire.