QUESTION ORALE DE M. FONTAINE À M. LUTGEN, MINISTRE DE L’AGRICULTURE, DE LA
RURALITÉ, DE L’ENVIRONNEMENT ET DU TOURISME SUR:
« L'UTILITÉ DES PIES ET DES CORNEILLES NOIRES »
– Les pies et les corneilles noires se regroupent dans les villages et les villes
où elles trouvent leur nourriture et où les prédateurs ne les suivent pas. Elles n'en sont que plus bruyantes et
donc dérangeantes. À Bruxelles, elles ne risquent cependant pas grand chose puisqu'elles sont intégralement
protégées.
Mais ce petit corvidé n’est pas seulement bavard, il peut aussi être utile. Une pie est gourmande de chenille.
Trop souvent, elle reste considérée comme nuisible par les chasseurs ou les éleveurs, car elle se nourrit aussi des
jeunes perdreaux ou faisans destinés à la chasse ou s’attaque aux élevages de poussins.
Partiellement protégée en Région Wallonne, elle peut donc être chassée moyennant la délivrance d’une
dérogation pour une destruction limitée dans l’espace, le temps et le nombre d’individus.
- Pouvez-vous me préciser l’évolution de la population de pies et corneilles en Région wallonne ?
- Pouvez-vous me préciser le nombre de dérogations qui ont été délivrées à des chasseurs et éleveurs pour
détruire ponctuellement les pies ?
- Des sanctions sont-elles prévues en cas de destruction non autorisée ? Lesquelles ?
- Pourquoi les pies ne sont-elles que partiellement protégées en Région wallonne alors qu’elles le sont
totalement en Région bruxelloise ?
Réponse du Ministre B. LUTGEN,
– Les
pies et les corneilles noires sont deux espèces dont les populations ont nettement augmenté durant les 40
dernières années. Les raisons de cette évolution positive sont multiples :
• le caractère opportuniste de ces espèces ;
• l'abondance et la diversité des sources de nourriture ;
• le relatif boisement des régions de plaine (offre de sites de nid et structure paysagère optimale pour un
oiseau des lisières comme la corneille) ;
• l'urbanisation avec le développement des jardins dont l'attractivité croît avec le vieillissement des
arbres ;
• la réduction globale des prélèvements.
Les populations de ces deux espèces semblent à présent se stabiliser.
En Wallonie, les résultats de la surveillance par points d'écoute, depuis 1990, montrent que la pie est
globalement stable et que la corneille connaît des évolutions différentes selon les régions.
Il faut aussi noter que la prédation sur ces espèces est longtemps restée insignifiante. Le rétablissement des
populations de rapaces pourra avoir un certain rôle limitant, mais sans entraîner une baisse significative des
populations, vu la productivité et le taux de survie rendus possibles par l'abondance des ressources alimentaires.
Pendant l'année 2005, dernière année pour laquelle les données ont été compilées, 635 dérogations ont été
accordées pour le tir de pies en vue de prévenir des dommages importants aux cultures.
Les sanctions prévues en cas d'abattage non autorisé sont prévues par l'article 63 de la loi du 12 juillet 1973
sur la conservation de la nature.
Les pies jouissent d'une protection similaire en Région wallonne et en Région bruxelloise, les deux
législations résultant d'une transposition de la Directive européenne « Oiseaux ».
Dans les deux cas, il s'agit
d'une protection générale assortie d'un régime dérogatoire.
Toutefois, il est vrai que la Région bruxelloise
n'accorde des dérogations que pour des motifs scientifiques, tandis que la Région wallonne accorde un certain
nombre de dérogations pour prévenir les dommages aux cultures.
Il est évident que les contextes de la Région
bruxelloise et de la Région wallonne sont différents à cet égard.
M. Philippe Fontaine (MR). – Je vous remercie pour ces explications. Il est évident qu'il faut rester
vigilant quand des espèces se développent de manière trop importante et en font disparaître d'autres.