Parlement wallon

Questions orales

     

 Questions du 16/10/07

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L’abattage annoncé des arbres de...

Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Benoit Lutgen, Ministre de l'Agriculture, de la Ruralité, de l'Environnement et du Tourisme concernant :
« L’abattage annoncé des arbres de la Drève de Mariemont »


Monsieur le Ministre,
Récemment, la presse nous informait que 212 arbres sur 329 seront abattus en trois ans sur le Plateau Warocqué à Morlanwelz.

La santé des arbres du Plateau a été mesurée et sur une échelle qui va de un, en bonne santé, à 21, mort, ces arbres ont été mesurés entre 15 et 18. Ce sont des marronniers, des chênes et des hêtres qui sont concernés sur le Plateau.

La raison de ce mauvais état de santé est un champignon, l’anthracnose, qui tache les feuilles qui finissent par mourir. Ensuite, les troncs sont infestés de scolytes, un petit ver xylophage, qui endommage définitivement le tronc de l’arbre.

J’en viens maintenant à l’objet de ma question. Il semble, aux dires de la presse, que le Drève de Mariemont doive subir le même sort : les hêtres qui la bordent seraient également malades et devraient être abattus.

Mes questions sont les suivantes :

- Cette maladie et le scolyte ne sont pas nouveaux. Ils semblent gagner du terrain et contaminer petit à petit les jardins publics, squares, parcs et même les forets. Des mesures sont-elles prises pour enrayer leur progression ? Lesquelles ? l’abattage est-il le seul moyen ? n’existe-t-il pas de traitement ?

- Existe-t-il une carte de la progression de ces deux fléaux ?

La Drève de Mariemont est un site classé et un haut lieu du tourisme wallon qui fait partie du Domaine de Mariemont. Déjà dans les années 20, la Drève a été mise une première fois à blanc. Depuis, elle est bordée de deux doubles rangées de hêtres magnifiques mais qui seraient malades eux aussi.

- Quel est l’état sanitaire des arbres qui bordent la Drève de Mariemont ? Où se situent-ils sur l’échelle utilisée pour le Plateau Warocqué ?

- L’abattage annoncé par la presse est-il envisagé ? Est-il déjà programmé ? Pour quand ?

- En cas de réponse positive, la Drève sera-t-elle bloquée ? Combien de temps ?

- Le site devra être assaini. Quelles mesures seront prises pour assainir le site après abattage ?

- Le site est classé, il faudra donc le reboiser. Des essences d’arbres ont-elles déjà été sélectionnées ? Lesquelles ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse du Ministre Benoit Lutgen,
– La Drève de Mariemont est un site classé repris sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie. De plus, les hêtres qui s'y présentent sont classés comme « arbres remarquables » au sens de l'article 266 du CWATUP. La drève est propriété de la Communauté Française et est gérée, pour ce qui concerne les plantations, par la Direction des Espaces verts de la DGRNE. Les arbres de la drève font l'objet d'un examen pluriannuel dont l'objectif est la gestion parcimonieuse du patrimoine arboré. L'abattage de trois hêtres devenus dangereux est programmé. Le mauvais état sanitaire de ces trois sujets est surtout lié à des travaux sans autorisation effectués par Electrabel au pied de ceux-ci. Un dossier juridique a été établi pour ce problème.

L'abattage sera complété d'un chantier de taille douce pour l'élimination des branches mortes qui présentent un risque pour la circulation des automobilistes. Ces travaux nécessiteront la fermeture de la drève pour une durée de trois jours. Comme les arbres de la drève ne présentent pas de signes de pathologie alarmante, il est proposé de la maintenir. Toutefois, comme il s'agit d'alignements vieillissants, le remplacement devra être envisagé à moyen terme.

La Direction des Espaces verts espère le maintien de la drève de hêtres durant une vingtaine d'années encore. Ce diagnostic pourrait évidemment changer avec l'évolution des arbres. Si la Drève doit un jour être abattue et replantée, il faut souligner qu'un certificat de patrimoine et un permis d'urbanisme seront préalablement nécessaires.

À cette occasion, une réflexion sera menée quant à l'essence à replanter. D'un point de vue historique, il faut rappeler que cette drève était autrefois plantée d'ormes, lesquels sont aussi sujet à des maladies. Pour ce qui concerne la problématique de l'anthracnose, il semble que la destruction des feuilles et rameaux tombés au sol soit une bonne méthode pour limiter ses atteintes. Les feux de ce type sont toutefois interdits dans la plupart des communes qui abritent nos parcs urbains. Cette technique est donc peu employée.

Pour ce qui concerne la cartographie des scolytes, la situation est la suivante. Les scolytes liés à l'épicéa sont présents partout, en forêt et hors forêt. Leurs attaques sont liées à des épisodes de « stress physiologiques »
au niveau des arbres. Un arbre en bonne santé résiste aux insectes sauf en cas de forte épidémie. En effet, lors d'épisodes de sécheresse, on observe une recrudescence de la population de ces scolytes qui peuvent, alors, attaquer massivement des arbres sains. Sur le front des scolytes de l'épicéa, toutes les mesures sanitaires ont été prises au cours de 2007, afin de limiter l'expansion des insectes suites aux tempêtes des 18 et 19 janvier 2007.

Les scolytes liés au hêtre sont aussi naturellement présents partout sur le territoire de la Région wallonne et trouvent leur équilibre de développement en forêt comme ailleurs, en fonction de l'évolution de la santé de l'arbre. Ces scolytes sont typiquement secondaires, ils n'attaquent jamais un arbre sain. Leurs attaques sont donc toutes des indicateurs d'un problème physiologique de l'arbre.

La gestion forestière a toujours veillé à maintenir la vitalité des peuplements forestiers en sorte qu'ils puissent au mieux résister à toutes ces maladies.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je remercie M. le Ministre pour ses réponses détaillées et notamment, pour son approche prospective de la situation.

Il semblerait que la presse ait anticipé une situation qui ne devrait se produire que dans une vingtaine d'années.