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La promotion des produits agricoles et...
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Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Benoît Lutgen, Ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de l’Environnement et du Tourisme, concernant :
« La promotion des produits agricoles et horticoles wallons »
Monsieur le Ministre,
Le 18 décembre 2002, le Parlement wallon adoptait le décret relatif à la promotion de l’agriculture et au développement des produits de qualité différenciée, concept cher à votre prédécesseur. Ce décret assurait la dissolution de l’ORPAH, cher à son prédécesseur, votre père, et son remplacement par l’APAQ-W qui devait constituer une étape importante dans la réforme de la politique de promotion des produits wallons.
Parmi les bonnes intentions, il y avait celle de créer une marque collective pour les produits agricoles et alimentaires de qualité différenciée qui serait attribuée à tout produit agricole ou alimentaire qui se distingue d’autres produits existants déjà sur le marché et qui a une origine wallonne. La marque EQWALIS, puisqu’il s’agit de cela, correspondait à plusieurs priorités que le Gouvernement wallon s’était fixées dans le CAWA dont notamment l’accent sur la qualité totale, la mise en avant des succès wallons et le partenariat public-privé. Enfin, pour lever toute équivoque, la gestion de la marque devait bien être assurée par l’APAQ-W.
En juillet dernier, à quelques jours de l’ouverture de la Foire agricole de Libramont, la presse, qui l’a qualifié d’échec du « système Happart », faisait état d’un bien triste bilan pour l’Agence Wallonne pour la Promotion d’une Agriculture de Qualité.
D’après la Fédération Wallonne des Horticulteurs et la Fédération wallonne de l’Agriculture, l’APAQ-W n’assure pas correctement sa mission de promotion des produits wallons. La marque Eqwalis serait un échec total par le peu de produits qui la portent et par la confidentialité de sa distribution. Qui plus est, elle coûterait beaucoup d’argent pour rien. Après les deux millions d’euros consacrés pour son lancement, les producteurs, qui doivent payer une cotisation « Eqwalis » en attendant que la marque soit « self suporting », en principe dès la fin de 2007, n’en voient de retour sous aucune forme et en particulier sur les produits standards.
De plus, de la volonté de votre prédécesseur, ces mêmes producteurs ne sont plus associés à la gestion alors qu’ils l’étaient du temps de l’ORPAH et a fortiori de l’ONDAH et que leurs cotisations représentent 60% des recettes de l’Agence.
Ce n’est un secret pour personne que APAQ-W, EQWALIS et l’OPW d’ailleurs, « choses » de votre prédécesseur, n’ont jamais suscité chez vous une folle admiration ni un engouement démesuré à en faire des structures dynamiques. Quelque chose me dit même que vous voyez d’un très bon œil cette sortie de la FWH et de la FWA à quelques mois du terme de cinq ans du décret APAQ-W. Mais rassurez-vous je n’irai pas jusqu’à dire que vous l’avez programmée pour mieux pouvoir décréter plus tard. Au delà des querelles de succession cependant, je vous rappelle quand même qu’il en va de l’avenir et de la promotion d’une des principales vitrines de la Région wallonne.
Mes questions sont les suivantes Monsieur le Ministre :
- Etant donné qu’après trois ans de législature, vous ne pouvez décemment pas tout reprocher à votre prédécesseur, comment expliquez-vous l’échec de la marque Eqwalis ?
- Qu’est ce qui a été mis en place pour en assurer le succès ? Les actions mises en place ont-elles été évaluées ? La marque Eqwalis est-elle finalement l’échec retentissant décrit par les secteurs ?
- Pouvez-vous m’expliquer à quoi ont servi les cotisations des secteurs pour aboutir à un tel échec ? Ceux-ci recevront-ils des compensations sous une forme ou sous une autre ? Sous quelles formes par exemple ?
- Vous déclarez trouver anormal que le Ministre de l’Agriculture ait la main mise sur tout dans la gestion des secteurs, et en ça vous jetez un lourd pavé dans le jardin de votre prédécesseur. Mais pourquoi n’avez-vous rien changé plus tôt ?
- Vous annoncez un décret avant la fin de l’année, vous annoncez qu’il sera voté très vite, peut-être laisserez vous quand même le Parlement l’examiner avant. Cela dit, pouvez-vous m’éclairer sur la structure juridique qu’aura la nouvelle APAQ-W ? Les secteurs menacent de purement et simplement arrêter de payer les cotisations si le décret ne leur plait pas. Si je n’ose pas imaginer qu’ils ne se trouvent pas autour de la table, prévoyez-vous un financement plus important du parastatal et de quel ordre ?
- Vous déclarez aussi, ce dont je me réjouis, que vous souhaitez un rapprochement entre l’Agence et l’OPW. Or, en son temps, et je vous ai interrogé longuement sur le sujet, vous avez très malmené l’Office le laissant presque mourir exsangue. Pourquoi ce rapprochement ne s’est-il pas fait plus tôt ? Fallait-il d’abord que l’OPW soit sous baxter ?
Merci pour les réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse du Ministre Benoît Lutgen,
– J'ai
déjà eu l'occasion de m'exprimer sur ce sujet.
Je vous rappelle les missions attribuées à l'APAQ-W le 19 décembre 2002 :
• faire connaître la marque collective ;
• développer une image positive de l'agriculture wallonne ;
• favoriser le goût des saveurs ;
• promouvoir les produits agricoles.
Le travail n'a pas été remis en cause dans le cadre de ces missions. En outre, d'autres promotions ont été
mises en place, telles que les portes ouvertes des agriculteurs, par exemple.
Les produits agricoles de qualité différenciée font bien partie des préoccupations agricoles, même si la
marque Eqwalis ne rencontre pas le succès escompté.
Eqwalis, qui a connu plus d'une dizaine de cahiers des charges, a été abandonné par les acteurs en moins de
deux ans. Malgré l'investissement public, la plupart des acteurs ont préféré produire leur propre label.
Certes, les cotisations Eqwalis devaient remplacer les cotisations des acteurs. Or, dès mon entrée en
fonction, j'ai vu que ce ne serait pas possible. Nous étions alors à 1 % de ce que nous aurions dû avoir.
Une étude sur les possibilités du marché a démontré que jusqu'à 4 % des consommateurs auraient pu s'y
intéresser et l'acheter. J'ai donc proposé tout en continuant, de recadrer les choses dans la juste mesure d'Eqwalis
par rapport au marché potentiel.
Je ne vous cacherai pas qu'une des difficultés qu'a rencontré Eqwalis a surement été le manque de
concertation entre les acteurs.
Notre objectif est :
• de pouvoir, demain, garder des moyens de promotion importants ;
• que le secteur se sente en confiance ;
• de tendre vers un seul organisme et que le Ministre n'en soit plus l'opérateur au jour le jour.
Concerant l'OPW, je n'ai jamais voulu la faire mourir. J'ai d'abord travaillé pour éviter le double emploi
entre les deux organismes. Ensuite, j'ai vu la réduction du montant. Vous le savez, une instruction est en cours.
J'ai pour objectif que nous puissions, demain, nous doter d'un organisme avec un statut suffisamment
souple pouvant nous guider.
Il est bon de s'occuper de la promotion et de travailler de manière pédagogique, mais il ne faut pas oublier
les résultats de vente, ni d'exportations. Dans cet ordre d'idées, avec mon Collègue le Ministre Marcourt, nous
allons travailler à une articulation beaucoup plus forte avec l'AWEx, dans son prochain décret, afin de faire le
lien avec les commerciaux.
En termes de timing, nous sommes en septembre. Si j'avais annoncé que le décret serait voté pour la fin de
l'année, il est clair que cela ne sera pas possible en termes de délai. J'ai l'intention de faire approuver au
Gouvernement une note d'orientation globale. Dès lors, j'utiliserai la possibilité des cavaliers budgétaires pour
des modifications éventuelles. De plus, je déterminerai des délais raisonnables de retour entre cotisation et
montant de promotion.
M. Philippe Fontaine (MR). – Je vous remercie.
Finalement, nous pouvons dire qu'Eqwalis a été un fameux gâchi, car le taux de production a été tout à fait
confidentiel et on peut comprendre que le secteur soit un peu fâché à cet égard.
En modifiant trop souvent les outils de promotion, il y a un problème de clarté pour l'identification des
tâches et des objectifs.