Parlement wallon

Questions orales

     

 Questions du 15/05/07

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LE MAUVAIS BULLETIN POUR LES...

QUESTION ORALE DE M. FONTAINE À MME SIMONET, MINISTRE DE LA RECHERCHE, DES TECHNOLOGIES NOUVELLES ET DES RELATIONS EXTÉRIEURES, SUR:
« LE MAUVAIS BULLETIN POUR LES SPIN-OFFS FRANCOPHONES »


Madame la Ministre,
– Je vous interrogeais il y a 15 jours sur le constat sévère posé par l’Ulg sur les spin-offs wallonnes.
Vu l’importance du sujet, vous comprendrez aisément que je revienne sur le sujet.
Selon une étude commandée par votre Cabinet à l'ULg, le modèle des spin-offs wallonnes est inadéquat et doit être revu pour atteindre un objectif de croissance.

En effet, quand on compare les spin-offs wallonnes et flamandes, on constate que :

• la capitalisation est plus faible en Wallonie (1,3 millions en moyenne en Wallonie, contre 1,8 millions en Flandre) ;
• les spin-offs wallonnes emploient moins de personnel (3 personnes en Wallonie contre 5 en Flandre) ;
• 3 % des spin-offs wallonnes ont parmi leurs actionnaires un fonds international privé contre 17 % en Flamandre ;
• les équipes de direction wallonnes sont en général moins compétentes en matière de gestion que leurs homologues flamands ;
• le monde universitaire wallon semble promouvoir une quantité maximale de spin-offs plutôt que la sélection des meilleurs projets.
Selon l’étude, le manque de dynamisme des spin-offs s’illustre par le faible nombre de spin-offs absorbées par de grandes sociétés.
Au nord du pays, pas moins de 27 spin-offs ont fait l’objet d’un rachat tandis qu’au sud ce chiffre est de 11 unités.
- Confirmez-vous ces chiffres ?
- Quelle est votre sentiment par rapport à ceux-ci ?
- Quelles conclusions tirez-vous de ce rapport pour vos actions futures en la matière ?

Un autre constat est posé par l’étude : la valeur ajoutée des actionnaires se situe principalement au niveau de l’accès aux milieux politiques et administratifs et beaucoup moins au niveau de la connaissance des marchés, des technologies et des secteurs.

- Quelle est votre position par rapport à ce constat quant on sait que « sans cette perspective de sortie, il est difficile d’attirer les investisseurs, d’inciter les managers expérimentés à quitter leur carrière dans une multinationale pour prendre un risque entrepreneurial » ?
- Avez-vous abordé la question de l’actionnariat avec votre collègue le Ministre Marcourt ?
- Des actions communes sont-elles prévues pour intégrer davantage les réseaux de business angels et les autres acteurs wallons concernés dans la démarche ?

Madame la Ministre, vous nous avez précisé que l’Ulg avait arrêté son étude en 2004 ! Alors que le plan Marshall a été lancé en 2005 et que des moyens financiers importants ont été libérés pour les spin-offs, il est étonnant de constater que vous lancez, trois ans après le début de votre mandat, une étude sur le sujet, qui de surcroît n’évalue pas les résultats de votre politique.
Ceci est d’autant plus surprenant que l’étude du l’Ulg a pour objectif de déceler les besoins du secteur et d’aider les spin-offs à progresser et créer de l’emploi.

- Pourquoi avoir arrêté une étude à 2004 alors que la recherche, et plus particulièrement les spin-offs, est un secteur qui évolue très rapidement ? Combien a coûté cette étude ?
Je vous remercie d’avance pour votre réponse.
Réponse de la Ministre Marie-Dominique Simonet,
– Votre question fait suite à la question d 'actualité de la dernière séance plénière. Personnellement, je n'estime pas que le bulletin des spin-offs est mauvais. Comme j'ai eu l'occasion de le dire auparavant, les spin-offs universitaires sont un des mécanismes utilisés dans les universités pour commercialiser les résultats des recherches des facultés. Elles contribuent aussi au développement économique de notre Région.

Ce bulletin permet de faire le point et de voir quels sont les obstacles et comment y remédier. On remarque d'ailleurs dans ce document que des faiblesses ont déjà été prises en compte dans le cadre du plan Marshall. Le Gouvernement wallon a donc pris différentes initiatives pour encourager les spin-offs tel que le mandat « first spin-off » lancé en 1998. Depuis 1999, 75 mandats ont été attribués aux institutions universitaires. Il faut rappeler qu'une spin-off prend du temps : il faut généralement au moins trois ans pour réaliser les différents examens préliminaires à l'ouverture de cette spin-off. Toutes ne deviendront d'ailleurs pas des grandes sociétés, nous en sommes conscients. Les fruits ne sont récoltés qu'après plusieurs années. Le plan Marshall prévoit 90 millions d'euros pour renforcer la politique en matière de spin-off et de spin-out.

De nombreuses spin-offs universitaires ont donc été créés ces 20 dernières années. Aux USA, on considère que deux spin-offs sur dix vont connaître un succès.

L'étude menée par le professeur Surlemont de l'Université de Liège relève toute une série de constats. Nous avons sollicité des avis extérieurs qui ne vont pas tous dans le sens du rapport. Nous avons transmis l'étude au CReF et le dossier sera aussi examiné par le Conseil de la politique scientifique.

Pour répondre à des questions que vous avez soulevées, sachez que la capitalisation est plus faible dans notre Région. Elle est de 1,3 million en Wallonie contre 1,8 en Flandre. La capitalisation est un problème qui est bien identifié.

Il est vrai aussi que parfois certains chercheurs à l'origine d'une spin-off n'ont pas envie d'ouvrir trop vite le capital à d'autres partenaires afin de ne pas se voir « dilué ».

Les spin-offs wallonnes emploient moins de personnel avec en moyenne trois personnes en Wallonie et cinq en Flandre. C'est en tout cas vrai pour les spin-offs plus récentes. A côté de cela, des spin-offs plus importantes existent comme IBA qui a été créé en 1986 et qui emploie 250 personnes en Belgique. On peut aussi ajouter IRIS qui emploie 300 personnes. Parmi les sociétés plus récentes, on peut citer Nanosil, Eunogen, etc. Nous voulons accroitre les chances de succès de nos spin-offs et mettre tous les atouts de leur côté.

Quant aux fonds internationaux privés, ils sont moins fréquents en Wallonie, comme vous l'avez relevé. Les spin-offs wallonnes ont souvent parmi leurs actionnaires des investisseurs locaux. L'ouverture aux marchés financiers doit pouvoir s'améliorer.

Mais je crois qu'il est impossible de prévoir à l'origine quelles spin-offs vont se développer le mieux.

Enfin, soulignons que les spin-offs qui restent en activité sont plus nombreuses en Communauté française qu'en Communauté flamande. Bien entendu, le plus intéressant est de créer des spin-offs qui ont des chances de survivre.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je remercie Mme la Ministre pour sa réponse.

Je trouve tout de même qu'il est assez paradoxal de commander une telle étude à une université, qui plus est l'ULg qui est l'université qui possède le plus de spin-offs ! Cela pose des questions quant à l'objectivité de l'étude.

Par ailleurs, vous dites que l'étude peut être lue de manière positive. Or, la lecture faite par la presse et d'autres est plutôt sévère.

Bien entendu, les spin-offs sont importantes pour la Région wallonne, mais il est inquiétant de voir à quel point la critique donne une mauvaise image de ces spin-offs au public. Vous le savez, le problème en politique n'est pas la réalité, mais bien ce qu'on en dit.

Vous avez aussi mentionné qu'on estimait, en Californie, que deux spin-offs sur dix pouvaient réussir. Cela représente 20 %. En Wallonie, nous sommes bien en-dessous de cet objectif puisque nous en sommes à 10 %. Je pense que si une spin-off dure depuis des années sans toutefois décoller et prendre de l'ampleur, il faut se poser des questions. Le parallèle avec les succès connus en Flandre dénonce peut-être une certaine sclérose dans notre Région. Il faut alors examiner la nécessité de subventionner ou non un certain nombre de spin-offs qui n'aboutiront jamais à rien.