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L’avenir de Carsid suite à...
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Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Jean-Claude Marcourt, Ministre de l’Economie et de l’Emploi et à Benoît Lutgen, Ministre de l’Environnement, concernant :
« L’avenir de Carsid suite à une coulée de fonte accidentelle »
Messieurs les Ministres,
Le 23 novembre 2006, je vous interrogeais sur le rapprochement entre Duferco et un sidérurgiste russe, à savoir l’entreprise Novolipetsk Steel (NMLK). Je vous demandais notamment quelle serait l’incidence d’un tel rapprochement sur l’avenir d’une partie de la sidérurgie wallonne. Carsid était directement concerné par ce rapprochement.
Je vous demandais très précisément, en ce qui concerne les différents engagements de Duferco, si vous disposiez d’assurances de la direction et ce qu’il en était de la rénovation du Haut Fourneau N°4 de Carsid prévue pour l’été 2007, rénovation qui coûtera 80 millions EUR, garantira l’activité pour 15 ans et portera le volume de production à 2,2 millions de tonnes.
Vous me répondiez de manière plutôt rassurante en me précisant que dans le cadre des négociations, le partenaire russe aurait marqué son accord sur la poursuite du plan industriel élaboré par Duferco et, notamment, sur les investissements prévus entre 2007 et 2010 par Duferco dans les différents sites wallons dont 142 millions d’€ pour carsid.
Déjà à l’époque, les syndicats s’étaient déclarés préoccupés par cet élargissement du périmètre - une joint venture paritaire intégrant les sites wallons et des sites d’autres pays européens - malgré que la direction du groupe se soit voulue rassurante faisant valoir la logique sous-jacente : plus grande sécurité et consolidation financière et industrielle….
Le 17 avril 2007, une percée importante se produit au niveau du trou de coulée du haut fourneau, 150 tonnes de fonte s’échappent causant fort heureusement qu’un seul blessé mais d’important dégâts à l’outil qui est à l’arrêt pour quelques semaines ce qui représente 650 travailleurs au chômage technique et beaucoup de questions pour l’avenir.
Mes questions sont les suivantes Messieurs les Ministres :
- Le haut fourneau devait être réfectionné cet été, ces travaux pourront-ils être maintenus ?
- L’anticipation des travaux de réfection du haut fourneau est-elle un scénario plausible ?
- N’est-il pas préoccupant de savoir qu’en cas d’impossibilité d’anticiper ces travaux, l’arrêt risque d’être beaucoup plus long que prévu (le double est avancé soit 6 mois au lieu de 3) ?
- C’est une évidence que l’outil vieillissant était à réviser avant cet accident, mais pensez-vous que l’activité puisse reprendre en assurant toute la sécurité nécessaire aux travailleurs après la réparation des dégâts ?
- Dans la négative, qu’adviendra-t-il des travailleurs qui ne pourraient plus rester sur le chômage technique ?
Par ailleurs, la seule et très décriée cokerie restera en activité. Plusieurs hypothèses sont envisagées pour son avenir mais aucune ne semble vraiment satisfaisante. Une chose semble certaine, l’actuelle cokerie pollue selon les riverains beaucoup trop et il faut faire quelque chose très vite. Il ne m’appartient pas ici d’en apprécier la pertinence. D’aucuns associent les pollutions successives de la Sambre aux rejets de Carsid. Toutefois, les syndicats affirment que les exigences environnementales ne sont pas compatibles avec les nécessités de l’emploi :
- Quelles solutions envisagez-vous pour l’avenir de la cokerie en matière d’assainissement qui permette de maintenir l’emploi ?
- La mise en conformité de la cokerie est-il possible pour 2008 ?
- Qu’adviendra-t-il si ce délai n’est pas respecté ?
- Envisagez-vous de négocier un délai plus long ?
Merci déjà des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse du Ministre Jean-Claude Marcourt,au nom du Ministre Lutgen,
– Le
Ministre Lutgen a souligné que les investissements devaient profiter tant à l'environnement qu'à la pérennisation
de l'emploi et de l'outil économique.
Il a proposé aux délégations syndicales de les rencontrer à bref délai.
Il
rappelle qu'il n'a eu de cesse, depuis son entrée en fonction, de s'occuper de la qualité de la vie, à Marchienne,
notamment, par la création d'un comité technique, d'un comité de suivi et d'un comité chargé de
l'environnement-santé.
Pour ma part, je tiens à préciser que les organisations des travailleurs demandent aux politiques d'être
attentifs à la consolidation de l'activité industrielle, tout en se souciant de l'environnement. Elles refusent
néanmoins que l'on résolve les problèmes de l'environnement au détriment de l'emploi.
Elles m'ont présenté un cahier de revendications visant à pérenniser l'activité sidérurgique dans le bassin.
Elles ont rappelé les engagements pris par Arcelor en 2003 et ont demandé la création d'une société foncière
carolo pour la réhabilitation et la réaffectation des sites non affectés à une activité industrielle. Elles militent
également en faveur de la création d'un écopôle destiné à traiter et valoriser les déchets.
J'ai, pour ma part, invité les responsables de Duferco à rechercher toute solution qui passe par le maintien
des activités industrielles de la cockerie. Il est par ailleurs important que les entreprises puissent avoir le temps
de s'adapter aux normes environnementales.
J'attire votre attention sur la nécessité de demeurer vigilants à la stabilité de l'encadrement juridique. Ce
point inquiète tout particulièrement Duferco. Ce dossier est emblématique de ce qu'on laisse faire ailleurs ce
qu'on ne veut plus voir chez nous. Lorsqu'un sentiment d'insécurité sanitaire voit le jour au sein de la
population, il n'y a jamais de délai suffisamment court pour y répondre. Or, ce délai de réponse s'avère souvent
incompatible avec le temps nécessaire aux entreprises pour s'adapter aux nouvelles normes.
La prochaine visite de M. Mittal à Charleroi sera en outre l'occasion de faire le point sur la stratégie de
développement des activités industrielles dans le bassin, notamment en ce qui concerne le pôle Inox et Industeel.
Les contacts ont été pris avec Arcelor et Duferco pour constituer une société foncière à Charleroi.
L'accident survenu au haut fourneau de Carsid est malheureusement intervenu quelques semaines avant
l'arrêt prévu de la production. Si la production ne peut redémarrer, le groupe devra s'approvisionner à l'extérieur
pour alimenter les sites de Clabecq et de La Louvière, alors qu'en maintenant la production jusqu'au 15 juillet,
le groupe aurait plus produire de plus grandes quantités afin d'augmenter les stocks pour couvrir les besoins
pendant la période d'arrêt.
Il semble que le processus pour vider le centre de la charge de la fonte liquide se fera en deux temps.
Ensuite, il conviendra de démolir les anciens réfractaires du creuset afin de réaliser la réfection du four.
Les
travaux devraient s'étendre du mois de mai jusqu'à la fin du mois de juillet. Pendant cette période, les
travailleurs seront mis en chômage technique.
M. Philippe Fontaine (MR). – La réponse de M. le Ministre démontre qu'il est particulièrement difficile
de trouver un équilibre entre les intérêts économiques et environnementaux.
Les engagements des uns et des autres valent ce qu'ils valent et il est toujours problématique d'obtenir le
respect de ceux-ci.
Il faut que le Gouvernement travaille de concert pour atteindre l'équilibre requis. Il faut aussi que les
évolutions soient respectueuses du temps nécessaire aux entreprises pour s'adapter.