Question orale de Monsieur le Député Philippe FONTAINE à Monsieur Jean-Claude MARCOURT, Ministre de l’Economie, sur:
« L’avenir de CARINOX »

Monsieur le Ministre,
Carinox, construite en 26 mois, a démarré sa production il y a maintenant plus d’un an (septembre 2005). Lors du lancement de la production, Arcelor - devenu aujourd’hui Arcelor/Mittal - avait annoncé une montée en puissance graduelle de cet outil devant aboutir à une pleine capacité de 1 million de tonnes par an, début 2007.

On se rappellera par ailleurs que des craintes avaient surgi lors de l’OPA quant à l’avenir du secteur Inox au sein du groupe Arcelor/Mittal. Le sidérurgiste indien s'était alors engagé, à la mi-2006, à conserver ce secteur pendant 18 mois dans le giron du géant mondial de l’acier (une étude étant lancé pour déterminer le sort à lui réserver à terme).

D’après mes informations, malgré un départ prometteur, CARINOX aurait actuellement d’importants problèmes avec sa production. En effet, il semblerait que l’usine ait de grandes difficultés à optimaliser ses procédés. Ce serait ainsi pas moins d’une coulée sur 3 qui serait rebutée faute d’une qualité suffisante….

Par ailleurs, le récent remplacement du directeur pose question. En effet, son successeur est un manager français provenant du site concurrent d’ISBERGUES où le processus de production fonctionnerait, lui, parfaitement…. On ne peut s’empêcher de craindre une remise en cause de la place centrale de Carinox au sein du secteur INOX du géant sidérurgique et une tentation de privilégier un site d’Isbergues où la production ne connaîtrait pas de problèmes.

On se rappellera que dans le cadre de la centralisation de la phase à chaud autour du laminoir de Carinox à Charleroi, Arcelor avait annoncé la fermeture de l’aciérie du site d'Isbergues (pôle aval maintenu cependant).

Mes questions monsieur le Ministre sont les suivantes :

- Avez-vous connaissance des difficultés que je viens d’évoquer ?
-Confirmez-vous mes informations ?
- A-t-on atteint la pleine capacité prévue pour le début 2007 ?
-Avez-vous eu des contacts à ce sujet avec la direction d’Arcelor/Mittal ?
- Des assurances ont-elles été obtenues sur la place centrale de Carinox pour ce secteur d’activité ?
- La décision de fermer Isbergues l’été prochain est-elle maintenue ?
- Avez-vous des informations sur l’avancement de l’étude sur le secteur INOX du groupe ?
- Avez-vous rencontré le nouveau directeur du site ?
- De quels problèmes vous a-t-il fait part ?

Je vous remercie pour vos réponses.

Réponse du Ministre Jean-Claude MARCOURT,
Comme vous l'avez mentionné, le planning de production initialement prévu pour la montée en puissance du laminage à chaud de CARINOX n'a pas pu être respecté pour les raisons suivantes :

au niveau technique :


- des problèmes rencontrés dans la qualité des réfractaires, trop poreux pour de l'inox, ce qui a occasionné des dégâts importants;
- une défaillance technique du roulement qui permet le basculement du four et dont il n'y avait pas de pièce de rechange disponible;

au niveau de l'organisation du travail, des problèmes ont surgi du fait de :


- l'absence d'expérience, d'expertise et d'attention du personnel engagé (personnel jeune), ce qui a généré plusieurs arrêts de l'outil de production;
- la nécessaire organisation de la cohabitation de plusieurs cotraitants sur le site. En effet, 4 entreprises différentes travaillent sur le même site: CARINOX (170 travailleurs), MULTISERV (80 travailleurs), FABRICOM (70 travailleurs) et PROSITEC (40 travailleurs).

Ces éléments sont les principales causes du retard de la montée en puissance de la production en 2006.
2007 devrait connaître une amélioration : aujourd'hui, l'usine travaille à 75 % de sa capacité de production et l'on devrait atteindre 90 % pour la fin de l'année.
La prévision pour l'ensemble de l'année est la production de 800.000 Tonnes, ce qui correspond à 80 % des prévisions.

En ce qui concerne la place du site de CARINOX, le Groupe ARCELOR/MITTAL s'en tient jusqu'à présent aux engagements pris.
Ainsi, la phase à chaud d'ISBERGUES a été arrêtée le 28 septembre 2006, soit un an jour pour jour après le démarrage de la production sur le site de CARINOX, et deux mois plus tard que prévu initialement.

Suite au départ, pour raisons personnelles, de Monsieur S. DALLENOGARE, responsable de l'aciérie, le Groupe a fait appel à Monsieur DEMARET pour assurer l'interim dans l'attente d'un nouveau directeur pour l'aciérie.
Monsieur DEMARET a été responsable du laminoir à chaud d'ISBERGUES jusqu'à sa fermeture, puis il a fait un séjour au Brésil, avant de rejoindre ALZ GENK.
Son expertise est reconnue et ne peut en aucun cas être mise en cause.

A ce stade, je n'ai pas encore eu de retour sur l'étude annoncée par MITTAL en été dernier, relative au secteur de l'INOX et son maintien dans le Groupe.
J'interrogerai Monsieur MITTAL à ce sujet lors de sa venue en Région wallonne, le 28 février prochain.

Au niveau stratégique, ma réflexion ne se limite pas au seul site de CARINOX tel qu'il se présente aujourd'hui, mais bien à la place centrale que CARINOX doit occuper dans ce secteur d'activité, et partant à la constitution autour du site d'un véritable pôle de l'inox, passant par une consolidation de l'activité industrielle et la prise en compte des contraintes environnementales.
Et le développement d'un tel pôle est possible du fait des opportunités du marché.

En effet, le marché de l'inox est en croissance de l'ordre de 6% par an, soit environ de 100.000 Tonnes par an, ce qui signifie qu'à l'horizon 2015, le site de CARINOX pourrait doubler ses capacités de production, ce qui est tout à fait possible eu égard à l'implantation du site.

Afin de se conformer aux exigences en matière d'environnement, le développement de l'activité passe par ailleurs par la mise en place d'un écopôle dont les activités principales seraient le traitement et la valorisation des déchets (poussières, scories, pailles de laminage), ainsi que l'épuration des eaux.

Des questions à ce sujet, tant en ce qui concerne le maintien du secteur de l'Inox dans le groupe ARCELOR/MITTAL, et partant, l'augmentation de la capacité de laminage, l'installation d'une décaperie et le traitement et la valorisation des déchets, seront posées lors de la réunion tripartite qui devra avoir lieu prochainement.

Je pense avoir ainsi fait le tour de la question en ce qui concerne CARINOX, son avenir et celui du pôle Inox.

M. Philippe Fontaine (MR). – Je vous remercie pour votre réponse qui confirme les informations qui étaient arrivées jusqu'à moi.
Tout cela nous donne de bonnes perspectives pour l'année 2007. Il semble que la solution avancée doit être retenue.

La montée en puissance du pôle Inox à Charleroi est une très bonne chose, pour autant que le caractère environnemental ne soit pas oublié.
Il s'agit d'un outil important et je serai très attentif au suivi de cette matière.