Parlement wallon

Questions orales

     

 Questions du 13/02/07

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Muscardins, le déclin...

Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Benoît Lutgen, Ministre de l’Environnement :
 « Le déclin de la population de muscardins dans les forets wallonnes »


Monsieur le Ministre,
Il est un petit rongeur de 15 cm de longueur, queue comprise, et de couleur marron clair, le muscardin qui a pour cousin le loir ou le lérot.

Ce petit animal se nourrit essentiellement de noisettes et hiberne de l’automne à avril-mai, il dort donc de six à sept mois sur l’année. Il vit dans les forets d’Europe et notre Région n’échappe pas à la règle.

Malgré le fait que ce rongeur ne semble pas causer de dégâts particuliers, le muscardin voit ses effectifs se réduire progressivement en Ardenne son principal habitat.

Il semble que la cause soit la gestion de nos forets qui a raison du biotope nécessaire à son développement. Le muscardin affectionne particulièrement les broussailles, framboisiers, mûriers et autres espaces feuillus qui tendent à disparaître au profit d’une gestion rationnelle de la foret wallonne et notamment le remplacement de la foret traditionnelle par de la culture d’épicéas.

Mes questions sont les suivantes Monsieur le Ministre :

- Pouvez-vous me donner les chiffres d’évolution de la population de muscardin en Région wallonne ?
- Le muscardin est une espèce strictement protégée. Existe-t-il des actions ou brochures qui en informent la population, les professionnels et utilisateurs de la foret ?
- Il semble que la Région wallonne se penche sur le problème par la mise en place d’actions, en collaboration avec les écoles, pour évaluer la population actuelle de muscardin dans nos forets.
- Pouvez-vous me dire quelle est la participation des écoles dans cette opération ?
- Est-elle suffisante pour assurer un travail de recensement efficace ?

-Quelles mesures comptez-vous prendre, si le constat est établi que la population de muscardin est bien en diminution, pour éviter que ce rongeur disparaisse de nos forets ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse du Ministre Benoît Lutgen,
Comme vous le savez, depuis plusieurs années, un réseau de suivi de l'état de la biodiversité a été mis en place.
Jusqu'il y a peu, les connaissances sur les mammifères étaient très lacunaires.

J'ai donc initié fin 2005 une convention avec l'ULg, afin d'organiser le suivi d'une dizaine de mammifères, parmi lesquels le muscardin, le loir et le lérot.

Le but de ces recherches est d'évaluer l'état et l'évolution de leur population afin de définir les mesures de gestion les plus adéquates à mettre en oeuvre.

Pour en venir au muscardin, selon les informations très récentes, collectées entre 2001 et 2006, on compte 25 localisations de muscardins pour la Région wallonne. Ce qui est bien entendu qu'un reflet tronqué de l'abondance de l'espèce.

Dans le cadre de l'étude menée actuellement, il est prévu, avec l'aide de la DNF, de réinstaller des nichoirs dans des cantonnements témoins pour vérifier la présence du muscardin et des autres gliridés (animaux de la même famille).

En parallèle, comme cet animal est très discret, la méthodologie choisie pour l'étudier est basée sur ses indices de présence via « La chasse aux noisettes ». Cette expérience a par ailleurs été menée avec brio dans d'autres pays (Allemagne, Angleterre). Elle consiste à collecter, dans un maximum de sites, des noisettes rongées par cet animal.

C'est dans ce cadre qu'une collaboration avec les écoles, les CRIE et les Parcs Naturels est développée et que des documents pédagogiques ont été rédigés.

Les noisettes collectées sont expertisées par le collaborateur de ULg : ces informations viendront s'ajouter aux données ponctuelles et permettront d'avoir une meilleure vision d'ensemble de la distribution de l'espèce. Une quarantaine de classes se sont, pour le moment, montrées intéressées.

Pour vous donner une idée, actuellement, environ 1000 noisettes ont déjà été renvoyées à l'université pour analyse, depuis le lancement de l'opération il y a 3 mois.

Quant à l'information destinée aux professionnels et aux utilisateurs de la forêt, elle a également été réfléchie. d'abord, la coopération des agents de la DNF. Près de 50 d'entre eux ont participé à une formation organisée sur l'identification des indices de présence de différentes espèces et un carnet de terrain a été conçu et distribué à cette occasion, les sensibilisant ainsi à la problématique ; ensuite, des articles thématiques paraîtront sous peu dans les revues spécialisées à l'attention des professionnels de la forêt et des naturalistes.

Des mesures de gestion sont déjà suggérées pour pousser à une diversification des habitats favorisant la présence de ce petit rongeur.

En fonction du résultat des recherches, d'autres mesures seront à prendre pour enrayer le déclin éventuel du muscardin.

J'espère, Monsieur le Député, avoir répondu à vos questions, et je me réjouis de voir que ce petit animal sympathique soit au centre de vos préoccupations.

M. Philippe Fontaine (MR). – J'espère que les actions menées permettront de disposer d'informations plus approfondies sur la population des muscardins.