Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Benoît Lutgen, Ministre du Tourisme, concernant :
« Le nouveau phénomène du tourisme des jeunes »

Monsieur le Ministre,

Vous savez mon intérêt pour le tourisme dans notre belle Région wallonne. J’ai déjà abordé avec vous le tourisme de proximité, celui de nos proches voisins frontaliers ou flamands ; le tourisme wallon, que je ne parviens pas à assimiler au tourisme ardennais ; le tourisme d’un jour ; la structuration et la coordination des différents organismes s’occupant de tourisme ; la définition d’une politique touristique en Région wallonne ; le tourisme d’affaire ; le tourisme fluvial et j’en oublie sans doute.

Il en est un qui semble se développer et représenter un potentiel qu’on ne peut pas se permettre de négliger : le tourisme des jeunes.

Il s’agit apparemment d’une nouvelle clientèle qui fait son apparition dans les hôtels et les différents types d’infrastructures touristiques : de jeunes étudiants européens qui voyagent à bas prix, « sac au dos » avec un budget moyen de 500€ et qui traversent l’Europe pendant une semaine avec ce budget et dans les meilleures conditions possibles.

Cette nouvelle clientèle exigeante malgré sa recherche du « lowcost » serait de plus en plus convoitée par les professionnels du tourisme. On parle de phénomène, on parle de clientèle en pleine émergence. Il existe déjà un classement des pays où ce type de tourisme est le plus florissant et c’est l’Espagne qui semble remporter la palme mais ce sont les raisons qui sont intéressantes : la première contre laquelle nous ne pouvons pas nous battre à armes égales : l’Espagne est la deuxième destination préférée des touristes dans le monde après la France. La seconde raison pourrait nous donner à réfléchir : les aéroports régionaux sont en plein développement et se préparent à accueillir un maximum de compagnies étrangères. Cela me rappelle une certaine Région wallonne. La troisième raison, la principale pour cette clientèle, s’explique par le fait qu’il est deux fois moins cher de passer une semaine de vacances en Espagne qu’en France ou même en Italie. Ca aussi me paraît être une condition qui peut être rencontrée.

De plus cette clientèle est un mélange de vie culturelle (visite de musée, sites remarquables, etc) et de vie festive et nocturne (restaurants, bars, boites de nuit, théâtre, cinéma).

On parle d’opportunité d’affaires pour les hôteliers. En effet, si ces jeunes sont exigeants, leurs exigences sont limitées. Ils recherchent des draps propres, de quoi se connecter gratuitement à l’internet dans leur chambre, un look jeune, frais et attrayant et un emplacement centre ville. Pas besoin de salle de restauration, le petit déjeuner se prends dans le bistrot du coin, le déjeuner dans un resto en ville, pas besoin de bar ou de lieu convivial, ils trouvent ce genre d’endroits dans les lieux branchés de la ville. En Espagne, ces hôtels affichent complet six mois par an. De quoi faire rêver.

Mes questions sont les suivantes Monsieur le Ministre :

Disposez-vous d’informations laissant entrevoir l’émergence de cette nouvelle forme de tourisme en Région wallonne ?
Pouvez-vous m’en dire plus à ce sujet (ampleur du phénomène chez nous, temps d’arrêt de cette clientèle, etc) si vous ne disposez pas d’informations, quel instrument de mesure comptez-vous mettre en place pour en évaluer la portée chez nous ?

Quelles mesures avez-vous prises ou comptez-vous prendre pour favoriser le développement de ce nouveau type de tourisme qui semble faire le bonheur des hôteliers espagnols ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.

Réponse du Ministre Benoît Lutgen,
Le développement du tourisme des jeunes n'est pas un phénomène nouveau. Toutefois, son ampleur est croissante.

L'OMT évalue à 125 millions le nombre de jeunes qui voyagent annuellement.

Le tourisme des jeunes peut se subdiviser en trois catégories :

les courts séjours, de trois à quatre jours ;
les moyens séjours, de deux semaines à un mois ;
les longs séjours, de un à quatre mois.

Il convient de souligner que le marché reste très segmenté et évolue fortement selon les âges.

En ce qui concerne le développement du tourisme pour jeunes, je distinguerai les actions menées vis-à-vis de l'offre de celles menées vis-à-vis de la demande.

Concernant l'offre d'hébergement touristique, c'est aux opérateurs de faire les choix qu'ils jugent adéquats.

Certains hôteliers ont adapté leur offre à ce type de clientèle.

La Région wallonne soutient, elle, le développement d'une offre spécifique pour le tourisme des jeunes au travers du « tourisme social ». En effet, une partie importante de celui-ci est orientée vers le tourisme pour jeunes. Deux associations sont très actives dans ce secteur : les auberges de jeunesse et le Centre belge de tourisme pour jeunes.

En ce qui concerne la demande touristique, l'OPT a retenu, dans son Plan d'action 2006, le segment « jeunes ». Diverses actions sont menées en ce sens.

Il convient aussi de rappeler l'édition par l'OPT de la brochure « budget holidays » qui reprend la soixantaine d'établissements « low cost » qui accueillent les jeunes et les groupes en Wallonie.

Enfin, les organisateurs des principaux événements de Wallonie se sont rassemblés au travers du club des grands événements afin de favoriser l'image d'une Wallonie qui bouge. Il s'agit d'identifier la Wallonie comme une destination branchée. Les premières actions de communication sont programmées pour cet été.

Philippe Fontaine (MR).
Je remercie le Ministre pour sa réponse détaillée et ses initiatives.
Je me permettrai d'insister sur l'opportunité de mieux informer le secteur privé sur les avantages qu'il pourrait tirer à se spécialiser dans le tourisme jeune.