|
|
-
|
Le déclin du petit commerce ...
|
Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Jean-Claude Marcourt, Ministre de l’Economie et de l’Emploi,
concernant :
« Le déclin du petit commerce »
Monsieur le Ministre,
Ce n’est pas nouveau, le petit commerce va mal. La presse fait régulièrement état de la régression du nombre de petits
commerces en évoquant l’une ou l’autre corporation.
La dernière en date est le constat de la diminution importante du nombre de boucheries en Région wallonne. La fédération
nationale des bouchers précise qu’il reste 3300 boucheries en Belgique contre encore 4000 il y a cinq ans. En Wallonie, il
reste 950 boucheries. Les épiceries, les boulangeries et les cafés suivent la même courbe.
Un des arguments avancés est la pénurie de repreneurs mais il semble aussi que ces métiers ne déclenchent pas les passions
chez les jeunes wallons qui se cherchent une orientation professionnelle. Un deuxième argument semble être les contraintes
qui s’imposent à l’exploitant en matière de normes à respecter (hygiène, surface exploitable, matériel à utiliser, etc)
contraintes, nous le savons qui nous viennent de l’Europe.
Ce qui est paradoxal, c’est qu’une enquête de la Fondation pour le Recherche et l’enseignement de l’esprit d’entreprendre
(FREE) nous apprend qu’un jeune francophone sur trois souhaite travailler en tant qu’indépendant, choix professionnel qui a
une connotation positive, à travers le terme « entreprendre », pour une large majorité des jeunes interrogés soit 85.2%.
Mes questions sont les suivantes Monsieur le Ministre :
Que représente aujourd’hui en Région wallonne le secteur du petit commerce en terme de chiffre d’affaire et en terme
d’emplois ?
Ne pensez-vous pas qu’il est temps de revaloriser l’image de certains métiers, proches de gens, porteurs de dynamisme et de
développement économique et pourvoyeurs d’emplois ?
Quelles mesures comptez-vous prendre en la matière ?
Quel dispositif pouvez-vous mettre en place pour rapprocher le souhait de certains jeunes de s’installer comme indépendant
et la régression du secteur du petit commerce ?
L’information sur les aides financières existantes est-elle suffisante ?
Celles-ci sont-elles suffisante ?
Merci des réponses que vous voudrez bien me donner
Réponse du Ministre Jean-Claude Marcourt,
Pour répondre sommairement à votre première question, sachez que l'IWEPS indique que la création nette d'entreprises dans le
commerce de gros et de détails est moins importante en 2004 qu'en 2002 et 2003. Néanmoins, en termes relatifs, au cours de
la période 2001-2003, le commerce de gros et de détails représente 11,2 % du total net de l'ensemble des entreprises
commerciales créées, ce positionnement vis-à-vis des autres secteurs, étant plus favorable que pour la période 2000-2002.
Nous sommes bien conscients du problème d'image de certains métiers. Ce déficit s'observe particulièrement dans des métiers
techniques considérés, souvent à tort, comme lourds ou salissants.
Les réponses à ce déficit d'image doivent provenir des entreprises et, en particulier, des secteurs ou des fonds sectoriels
qui peuvent se fédérer et porter plus efficacement le message. Outre ce qui est déjà fait aujourd'hui, il est impératif
que les secteurs redoublent d'efforts en matière de communication et d'image.
Afin de soutenir cette démarche, la Ministre Arena et moi-même avons prévu de faire de la promotion et de la valorisation
des métiers un axe à part entière des conventions cadres «Communauté française-Région wallonne-fonds».
Outre le fait de sensibiliser les demandeurs d'emploi à l'intérêt de s'engager dans un processus de formation devant les
amener ensuite à postuler pour des fonctions critiques, cet axe vise bien entendu aussi à renforcer les actions destinées
aux jeunes car, la question cruciale de l'orientation se pose dès l'école.
D'autre part, il a été demandé au FOREM d'intégrer la question de l'image des métiers dans le cadre des actions que l'Office
mène à travers son «dispositif intégré de lutte contre les pénuries». Cela se fera notamment via un renforcement de la
participation du FOREM au «Mondial des métiers» via le renouvellement probable d'une expérience telle le salon «Technicité»
qui s'est déroulé à Charleroi il y a quelques années, mais aussi, bien sûr, en étoffant l'information disponible sur les
métiers dans les Maisons de l'Emploi, dans les Carrefours Emploi Formation ou encore sur le site Internet du FOREM.
Concernant votre troisième question, il n'existe pas d'aide spécifique de la Région wallonne pour l'installation d'une
activité commerciale, mais une personne qui souhaite développer un commerce de gros ou de détail peut bénéficier de
certaines aides portant sur des thématiques particulières (aides à l'emploi et aides à la consultance).
Le financement d'une activité en démarrage peut faire l'objet de l'octroi d'un crédit bancaire : à ce titre, la SOWALFIN a
mis au point une mesure permettant de garantir, à hauteur de 80 %, tout crédit bancaire inférieur à 25.000 euros. Cette
garantie publique permet au candidat créateur d'obtenir plus aisément un financement de démarrage et est assortie d'une
prime de 500 euros permettant de couvrir les frais comptables qui prépare un dossier à destination de la banque. Autre
dispositif octroyé au lancement de l'activité et développé par la Région wallonne : la «bourse de préactivité». Cette bourse
est octroyée à toute personne physique ayant un projet de création d'entreprise basé sur une idée originale (maximum 12.500
euros); cette somme doit permettre de financer les éléments relatifs au démarrage de l'activité tels une étude de marché,
l'achat de matériel ou le financement des premières dépenses encourues. Actuellement, les possibilités d'extension du modèle
à travers des critères d'ocroi plus souples et une réévaluation des montants sont analysées par mes soins. Il s'agit
également d'accélérer la délivrance des paiements par la Région wallonne.
Bien entendu, tout candidat au lancement d'une activité indépendante ou d'une entreprise peut bénéficier de conseils et
d'un accompagnement auprès de l'Office de création d'entreprise de l'UCM, les Chambres de commerce ou les guichets
d'entreprise. Cet accompagnement peut également être apporté par les couveuses d'entreprises et coopératives d'activités
qui accueillent plus spécifiquement des demandeurs d'emploi en leur permettant de conserver leur statut durant les six
premiers mois de la mise en oeuvre de l'activité. D'autre part, le FOREM et l'IFAPME qui relèvent de la compétence de ma
Collègue Marie Arena, proposent au futur indépendant des programmes de formations à la création d'une entreprise adaptées
aux différentes nécessités du parcours du créateur.
Philippe Fontaine,
Les deux remarques finales sont les plus intéressantes. Il faut une réflexion en profondeur car ce dossier peut avoir une
influence sur d'autres facteurs comme la mobilité, la désertion des centres villes et le maintien des personnes âgées à
domicile. C'est donc un problème qu'il faut prendre en compte sans quoi nous risquons d'avoir des centres villes sans
commerces obligeant les habitants à de longs déplacements.
La question est d'autant plus importante que les grandes chaînes de magasins ont pris conscience de la nécessité de
maintenir un commerce de proximité. Si nous n'y prenons garde, il n'y aura bientôt plus que des franchisés sans la moindre
diversité.