Parlement wallon

Questions orales

     

 Questions du 08/02/06

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Peut-être du biodiesel à Feluy...

Question orale de Philippe FONTAINE, Député wallon, à l’attention du Ministre de l’Economie, Jean-Claude MARCOURT, et du Ministre de l’Agriculture, Benoît LUTGEN, concernant:
"La production de biodiesel à Feluy"


Monsieur le Ministre,
Alors que le groupe allemand Südzucker devrait très prochainement annoncer sa décision finale pour son investissement d’une unité de production de bioéthanol à Wanze, on nous apprend que la société Neochim souhaite, elle aussi, se lancer dans la production de biocarburant.

Installé à Feluy sur l’ancien site BASF, Neochim est spécialisée dans la fabrication de glycérine (sa maison mère est le groupe italien Spiga Nord). Neochim s’est installé il y a quelques mois sur une partie de l’ancien site BASF dont les installations comportent une unité de d’estérification servant à produire des plastifiants.

A l’époque de Pantochim au début des années 90, c’est justement cette unité qui a produit du biodiesel.

L’investissement projeté par le groupe italien est estimé à plus de 7 millions d’euros et générerait 20 emplois directs.

Dans divers articles de presse, on nous annonce que des discussions sont en cours avec la Région wallonne afin de faire aboutir ce dossier.

Monsieur le Ministre peut-il me signaler où en sont les discussions avec l’entreprise Neochim et le groupe italien Spiga Nord ?

En réponse à une question du 4 juillet dernier, Monsieur le Ministre nous signalait que des discussions étaient en cours avec la direction de BASF afin que les infrastructures puissent renforcer le dossier en biodiesel.

Quelle a été la suite donnée à ces discussions ?

En comparaison avec le projet de Wanze, ce dossier assure-t-il une certaine complémentarité ?

On sait que le biodiesel est fabriqué à base de colza et le bioéthanol à base de betteraves.

Néanmoins, quelles synergies entre les deux sites pourraient être éventuellement mises en place ?

A contrario, l’existence de deux sites concurrents ne risque-elle pas de rompre l’ascension d’une filière wallonne de biocarburant ?

Concernant le volet « matière première », des discussions avec le monde agricole doivent être également entamées. Qu’en est-il ?

Vu l’objectif de l’entreprise de produire 210.000 tonnes de biodiesel par an, quel impact agricole ce projet peut-il générer pour la filière agricole wallonne ?

Je vous remercie de votre réponse.
Réponse des Ministre Jean-Claude MARCOURT et Benoît LUTGEN,
Le Gouvernement wallon a tenu à stimuler des investissements industriels dans les deux filières de bioéthanol et de biodiesel. Il a, pour ce faire, institué un syndicat d’étude des biocarburants qui, assez rapidement, s’est transformé en un pôle d’investissement.

Vous avez souligné, à juste titre, que le dossier de Biowanze est prêt dans sa partie approvisionnement agricole, dans sa partie processus industriel et dans sa partie aménagement du territoire et conditions environnementales.

La filière biodiesel se caractérise par le fait qu’il faut transformer les produits agricoles oléagineux en huile. Ce processus de trituration n’étant pas à la portée de la Région, il est donc nécessaire d’insérer une unité de production de biodiesel dans une filière prévoyant cet approvisionnement. Toutefois, les emblavements de colza peuvent, en Wallonie, constituer une option intéressante pour l’agriculture wallonne.

Quand BASF a décidé de se séparer des deux tiers de son outil de production de Feluy, il est apparu que l’activité en glycérine de Neochim se trouvait fragilisée. Les responsables de cette dernière ont choisi une solution industrielle offensive pour faire face à ce problème. Ils ont opté pour une diversification de leur Groupe vers le diesel, dont la glycérine est un coproduit.

L’unité de production de Feluy peut être rapidement mise au point en vue d’une production industrielle de biodiesel de grande ampleur. Il s’agit de reprendre et conditionner l’installation de BASF. De son côté, BASF a accepté de former le personnel nécessaire à la fabrication de biodiesel.

La constitution de cette filière a bien entendu été suivie avec la plus grande attention. Rapidement, et sans doute à la surprise des auteurs des dossiers concurrents, elle est apparue très crédible et sera donc candidate à l’obtention d’un quota significatif dans les 400 millions de litres à répartir suite à l’appel d’offres émis au niveau fédéral.

Pour ce qui est des infrastructures et des utilités auxquelles recourir, les discussions entre BASF et Spiga Nord sont en finalisation.

Les dossiers de Wanze et de Feluy ne sont ni comparables ni concurrents. Wanze se situe en bord de Meuse, avec accès fluvial à Anvers, Rotterdam et la Ruhr, au cœur des bassins céréaliers et betteraviers. Feluy, en bord de canal, est un site chimique bien connu disposant de toutes les commodités souhaitables.

Enfin, si l’on peut estimer le nombre d’hectares de colza en Wallonie à plus de 10.000 pour 2006, cette quantité pourra certainement augmenter à l’avenir avec la concrétisation d’un contrat stable et de long terme entre un grand opérateur agricole wallon et le triturateur qui va approvisionner l’usine en huile.

Au plan fédéral, nous sommes dans la dernière ligne droite pour le lancement des appels d’offres pour la production de biocarburants. Je tiens à rappeler ici que les dossiers wallons ont été conçus et finalisé pour établir des filières agro-industrielles. Il s’agit d’en défendre les qualités intrinsèques qui sont : l’octroi de débouchés agricoles nouveaux, l’acquisition d’une part d’indépendance énergétique, le respect du protocole de Kyoto.

C’est sur base de ces trois objectifs que les directives européennes déterminent les politiques à mener par les États membres. Nous sommes sûrs de notre fait sur le fond et nous ne laisserons pas dériver ces dossiers importants de développement économique au gré de discussions périphériques.

Philippe Fontaine (MR)
. – Je remercie Monsieur le Ministre pour sa réponse très détaillée et me réjouis d’apprendre que les deux sites ne sont pas concurrents et pourront dès lors se développer pleinement.