Parlement wallon

Questions orales

     

 Questions du 10/01/06

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Prime réhabilitation: devenir estimateur...

Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à André Antoine, Ministre du Logement concernant :
« Les conditions de délivrance de l’agréation en qualité d’estimateur pour l’octroi des primes à la réhabilitation en Région wallonne »


Monsieur le Ministre,
La prime à la réhabilitation permet à des propriétaires d’obtenir une aide financière pour des travaux de rénovation effectués sur leur logement. Ces travaux concernent essentiellement la toiture, les menuiseries, l’électricité, assèchement des murs, etc. Je ne m’étendrai pas davantage sur les conditions d’octroi de cette prime qui sont clairement définies.

Par contre, cette procédure prévoit qu’un « expert », en fait un estimateur rende visite aux personnes qui projètent des rénovations afin d’en évaluer les travaux, d’en apprécier la recevabilité, etc… Celui-ci peut être un indépendant, agréé par la Région wallonne, ou un estimateur de la Région wallonne.

Dans le cas de l’estimateur indépendant, celui-ci doit recevoir une agréation délivrée après que le candidat estimateur ait suivi une formation organisé par la Région wallonne.

Mes questions seront les suivantes Monsieur le ministre :

pouvez-vous me préciser le fréquence de ces formations ?
quand s’est déroulé le dernier cycle ?
quand sera organisé le prochain ?

pouvez-vous me préciser qui a accès à ces formations ?

l’agréation est-elle délivrée une fois pour toutes ou la délivrance est-elle soumise à actualisation des connaissances ?
En ces termes, des cycles de recyclage aux nouvelles réglementations par exemple sont-ils organisés et à quelle fréquence ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner
Réponse du Ministre André Antoine,
Il faut d’abord rappeler que la fonction d’estimateur est une mission-type de service public, puisqu’elle consiste à vérifier l’octroi des primes à la réhabilitation, s’effectue conformément à la réglementation et donc que les deniers publics sont utilisés correctement. Idéalement, cette tâche devrait donc être exécutée exclusivement, selon moi, par des agents du service public.

S’il n’en est pas ainsi, et si appel a été fait à des estimateurs privés à partir de 1983, c’est en raison de l’explosion du nombre de demandes de primes intervenues à cette époque suite à l’adoption d’une nouvelle réglementation – particulièrement généreuse – initiée par la Ministre Mayence. Sans recours à l’agrément d’estimateurs extérieurs à l’administration, celle-ci n’aurait en effet plus été capable de répondre à la demande du public.

Cet agrément ne va toutefois pas sans poser un certain nombre de problèmes. Tout d’abord le statut même des estimateurs privés est un peu inconfortable, puisqu’ils exercent une mission de contrôle et qu’ils sont rétribués par les personnes contrôlées, qui sont leurs clients. Il n’est d’ailleurs pas rare que des particuliers refusent de rétribuer l’estimateur à qui ils font appel quand celui-ci refuse d’instruire un dossier en leur faveur parce que leurs travaux ne peuvent pas être subsidiés en vertu de la réglementation, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas opportuns.

Il faut également savoir que certains estimateurs privés travaillent systématiquement pour des clients qui leur sont renseignés par des entreprises et que, parfois, cette collaboration est véritablement «institutionnalisée », ce qui provoque une situation anormale, où l’estimateur ne veille plus aux intérêts de la Région, pour laquelle il effectue les vérifications, ni à ceux de son client, qu’il doit contrôler mais aussi conseiller, mais où il pense avant tout à rendre service aux entreprises qui lui fournissent indirectement du travail.

Si, malgré cela, les estimateurs privés ont été maintenus en service bien que le nombre de dossiers de prime à la réhabilitation ait été fortement réduit suite à différentes modifications de la réglementation intervenues depuis 1987, c’est que l’effectif des estimateurs publics est, pour des raisons diverses, resté insuffisant pour faire face à la demande dans des délais raisonnables. Les estimateurs privés actuellement agréés sont toutefois suffisants en nombre pour apporter le complément nécessaire à l’activité des estimateurs publics.

Cela étant dit, je vous communique les informations plus ponctuelles que vous sollicitez à propos de l’agrément des estimateurs privés :

pour être agréé comme estimateur privé, il faut détenir un diplôme d’architecte, d’ingénieur ou de géomètre, avoir suivi une session d’information sur la réhabilitation des logements, et exercer son activité principale en qualité d’indépendant (article 1er, 3°, b), de l’arrêté du Gouvernement wallon du 21 janvier 1999). Il ne me semble pas que la mise sur pied d’une commission d’agrément soit nécessaire en complément à ces règles;
il n’y a pas de session de recyclage organisée, ce qui signifie que l’agrément est en principe définitif. Le retrait de l’agrément d’un estimateur qui n’a pas respecté ses obligations – qui sont notamment fixées par un arrêté ministériel du 22 février 1999 – est toutefois rendu possible par l’article 10 de l’arrêté du Gouvernement wallon du 21 janvier 1999. En cas de modifications de la réglementation, des explications et des directives sont communiquées par l’administration, par écrit, aux estimateurs agréés ; ce fut le cas au cours des dernières années lors de l’entrée en vigueur de l’arrêté du Gouvernement wallon du 21 janvier 1999 et du passage à l’euro le 1er janvier 2002.

À ce jour, nous n’avons pas connaissance d’insuffisances du cocktail public-privé.

Philippe Fontaine,
Je vous remercie de votre réponse et je voudrais juste ajouter qu’il faudrait que l’administration puisse répondre que le nombre d’estimateurs est actuellement suffisant car, pour l’instant, les personnes qui lui écrivent reçoivent comme réponse les conditions d’acceptation. Je pense que cela est gênant puisque cela peut créer des «vocations» pour des places qui ne sont pas existantes.