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Risques de grisou au bois du Cazier à...
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Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Elio Di Rupo, Ministre-Président du Gouvernement de la Région
wallonne, concernant:
« Les risques de grisou au site muséal du Bois du Cazier à Marcinelle »
Monsieur le Ministre-Président,
Le 15 novembre 2005, j’ai adressé à votre collègue, Benoît Lutgen, Ministre de l’Agriculture, de la Ruralité, de
l’Environnement et du Tourisme une question similaire qui m’a répondu, je le cite : « La gestion de ce dossier ne relève
pas de ma compétence, mais de celle du Ministre-Président, M. Elio Di Rupo. » J’en ai conclu que la gestion d’un site
touristique ne relevait pas de la compétence de Monsieur Lutgen. Pour être franc, j’en ai surtout conclu que le ministre
Lutgen était incapable de me fournir une réponse claire à une question qui ne l’est pas moins et , quoiqu’il en pense,
portant sur un site touristique.
J’en reviens donc à ma question, Monsieur le Ministre-Président.
Tristement célèbre par la catastrophe du 8 août 1956 qui a coûté la vie à 262 mineurs, le site du Bois du Cazier est une
mine dite grisouteuse de catégorie 3, en d’autres termes, elle a toujours produit du gaz méthane et elle en produit encore
aujourd’hui.
Ce site qui devait être préservé en mémoire des victimes est devenu un site de mémoire et de recueillement mais aussi un
site muséal et de loisir qui accueille quelques 20.000 visiteurs par an.
Complètement rénové, il a récemment accueilli le Prince Philippe et s’apprête à commémorer, l’année prochaine, le 50ème
anniversaire de la catastrophe en présence du Roi Albert II et du Président de la république italienne. A cette occasion,
l'édition 2006 du Giro débutera par quatre étapes belges dont la deuxième s'achèvera à Charleroi-Marcinelle, non loin du
site de l'explosion minière suivie d'un incendie le 8 août 1956.
Malheureusement, une ombre plane à nouveau sur le site, celle du grisou dont la production par la mine est largement
supérieure à ce qui était prévu à tel point que les systèmes de détection et d’alarme installés ne suffiraient plus.
Il semble que la rénovation du site ait conduit également à construire des bâtiments à proximité des puits d’aération alors
qu’à moins de 50m de ces puits toute construction est interdite.
Voici mes questions monsieur le ministre-président :
pouvez-vous nous confirmer que les bâtiments construits à proximité des puits d’aération ne sont pas affectés à des fins
d’expositions ou ne sont pas des espaces accueillants du public toute l’année ?
avez-vous pris des contacts avec les experts qui ont réalisés les relevés afin de vérifier si les espaces muséaux, et leur
public, couraient un réel danger ?
quelles dispositions comptez-vous prendre, tant sur le plan humain que touristique et environnemental, s’il s’avère que les
expertises disent vrai et qu’une explosion n’est pas à exclure ?
Merci pour les réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse du Ministre-Président Elio Di Rupo,
Je voudrais d’abord relever que, s’il fallait uniquement passer son temps à réagir, il n’y aurait plus de stratégie, ni
d’évolution de la société.
Pour répondre plus précisément à votre question, je vous dirai d’abord que la rénovation du site a bénéficié des crédits
européens dans le cadre du Phasing Out, et plus précisément encore, dans le cadre des compétences du Tourisme, du Patrimoine
et des Implantations. Je relève que la deuxième phase des travaux sera terminée à la fin 2005. Les travaux ont été
notamment réalisés par l’intercommunale Igretec et ont été suivis par un comité d’accompagnement très bien fourni, au sein
duquel on retrouve notamment un représentant du Ministre-Président. C’est d’ailleurs à ce titre que je réponds à votre
question orale.
Dès lors qu’il s’agit d’une mine d’extraction du charbon, le risque de grisou existe, mais cela n’induit pas nécessairement
le risque d’explosion. Je vous rappelle, à cet égard, que la catastrophe du 8 août 1956 trouve son origine dans la remontée
d’un wagonnet mal encagé.
Après qu’un terme a été mis à l’exploitation de cette mine, en 1967, des travaux ont été effectués afin de capter le grisou
à des fins commerciales, et ce, jusqu’en 1981. Au-delà de cette date, il a été mis fin à ce captage, dans la mesure où la
quantité de gaz produite a chuté de 1,7 million à 94.000 mètres cubes. Depuis 1981, le site est donc définitivement reconnu
comme non exploitable, ce qui n’empêche nullement qu’aujourd’hui encore, des mesures sont réalisées par des professionnels,
lesquelles mesures prouvent l’équilibre entre les conditions extérieures et la pression dans le réservoir de grisou. Selon
Igretec, notamment, les appareillages utilisés sont conformes à la législation. Je vous rappelle que les appareillages
auscultent les conduites d’évacuation du grisou et mesurent le niveau de celui-ci, en tenant compte de niveaux d’alerte et
d’alarme prédéterminés, le niveau d’alarme ayant été fixé à 2 % de grisou dans l’air.
Vous évoquez des bâtiments qui auraient été construits à 50 mètres des bouches d’aération. Je vous indique qu’il n’y aurait
pas de bâtiment construit dans cette proximité. Quant à la zone «non edificante » qui correspond au cône d’effondrement du
puits, elle aurait été ramenée à 25, puis à 9 mètres sur base des études réalisées. Je vous indiquerai, en outre, que les
bâtiments situés à proximité du puits ne sont pas accessibles au public et que des travaux de sécurisation sont programmés
et seront bientôt terminés. Il faut permettre l’exploitation du site dans le respect des arrêtés d’abandon. A cet égard,
l’Igretec et l’asbl qui gère le site doivent tenir compte des conseils des experts. Je note que, depuis mars 2005, Igretec
travaille sur les conseils d’un ingénieur civil, docteur en mécanique des roches et professeur à la Faculté Polytechnique
de Mons. Les travaux sont réalisés sur base de ses avis.
Je vous rappelle que les travaux de sécurité sont à charge des exploitants. Les réglementations en la matière leur ont
d’ailleurs été rappelées dans le cadre de la sécurisation de ce site qui doit assumer son rôle de lieu de mémoire et
d’équipement touristique.
Philippe Fontaine,
Je vous remercie pour cette réponse précise. Je regrette toutefois que les exploitants n’aient pas donné d’information afin
de rassurer la population et les visiteurs du site. Il fallait réagir afin d’éviter les rumeurs.
Elio Di Rupo, Ministre-Président du Gouvernement Wallon,
Un communiqué de presse a été diffusé, le 25 octobre, au sujet des émanations de grisou dans cette ancienne mine. Il
semblerait que la place qu’il a occupée dans les médias ait été moindre que l’espace donné à l’information initiale, ce qui
ne relève pas de la responsabilité des exploitants, ni de celle du Gouvernement.
Philippe Fontaine,
Merci pour cette précision. Ce communiqué ne m’était pas connu. Je maintiens que ce genre de site doit être surveillé.