Parlement wallon

Questions orales

     

 Questions du 20/09/05

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La problématique des Bureau d’Accueil des producteurs...

Question orale de Philippe Fontaine, Député wallon, à Jean-Claude Marcourt, Ministre de l’Economie et de l’Emploi, concernant :
« La problématique des Bureau d’Accueil des producteurs et réalisateurs de films en Wallonie»


Monsieur le Ministre,
Au début du mois de juillet, la presse nous informait qu’un nouveau bureau d’accueil des maisons de production de films allait s’implanter à Liège au mois de septembre avec pour objectif de faciliter le travail préalable au tournage de films.
L’argument, s’il faut en croire la presse, est que Liège est devenu un centre important en matière de production cinématographique et le nombre de maisons de production y a explosé.
L’initiative semble être reconnue pour être une bonne manière de faire connaître Liège et sa province et un député permanent ajoute même « via le net, n’importe quelle maison de production pourra voir ce que sont les Fagnes, la Place Saint-Lambert, etc… » Je ne suis pas certain qu’il faille créer ce type de structure pour faire connaître les Fagnes mais l’objectif ne s’arrête heureusement pas là…. Il s’agit bien de surfer sur la vague des frères Dardenne ou de Bouli Lanners pour encourager les producteurs à venir tourner à … Liège qui est animé d’une dynamique qualifiée d’ « unique »  en la matière et qui lui vaut le surnom de « Hollywood sur Meuse. » Histoire de tout concentrer au même endroit, la RTBF pourrait même venir y implanter un studio de tournage.

Il est en effet indispensable de dynamiser l’industrie cinématographique en Région wallonne car elle permet de faire travailler les professionnels wallons tant les techniciens que les comédiens.

De plus, il existe déjà toute une série de structures destinées à faciliter le tournage de films en Belgique. Ce qui frappe dans le domaine c’est l’extraordinaire diversité des sources de financement. Ainsi, j’ai déjà relevé dans une précédente intervention la pléthore d’intervenants qui risque d’aboutir parfois à une confusion.

Rapidement dit, au niveau national, il existe le mécanisme de déduction fiscale « tax-Shelter », au niveau communautaire, on relèvera les mécanismes de subvention et d’avances récupérables octroyées via la commission de sélection des films, au niveau européen, on pointera deux outils : Eurimage et le programme Média et au niveau régional, celui qui nous concerne le plus, nous avons wallimage et les Bureaux d’Accueil de Tournage Wallons (BATW), organismes qui se donnent pour mission de promouvoir les sites naturels, touristiques ou patrimoniaux accessibles aux tournages cinématographiques ou publicitaires.

Mes questions seront les suivantes Monsieur le Ministre :

peut-on considérer que les différents BATW sont les guichets d’information de Wallimage chargé d’accompagner les producteurs ou réalisateurs dans leur recherche de financement en leur expliquant les différents mécanismes ?
Comment s’articule la collaboration entre les trois BATW de La Louvière, Braine L’Allleud et Liège ?
Les trois structures fonctionnent-elles en réseau ? S’échangent-elles des informations, le bureau de Liège conseillant plutôt un site en Hainaut parce que plus approprié à ce que le producteur recherche ?
Ces structures sont-elles concurrentes et ne risquent-elles pas dès lors de déforcer l’objectif recherché ?
Cette concurrence n’est-elle pas programmée par l’accent sous-local que revêt chaque BAT, sous-localisme qui est malheureusement une des difficultés du développement wallon ?

Est-il possible d’obtenir des données chiffrées (nombre de productions, nombre de jour de travail, nombre d’emplois comédiens, nombre d’emplois techniciens, etc…) ventilées par BAT ?

Enfin, pensez-vous que l’ouverture de BTA en Région wallonne est susceptible d’augmenter la part de remontées des recettes engrangées par les productions (et qui se situe en moyenne à 12% de l’argent investi dans les films) ?

Merci des réponses que vous voudrez bien me donner
Réponse du Ministre J-C MARCOURT,
Monsieur le Député,
– Comme cela a déjà été exposé dans une précédente réponse, les sources de financement dédiées aux producteurs de cinéma sont multiples. Il y a donc les aides de la Communauté française, les aides de «tax-Shelter» et celles de Wallimage. La Communauté française aide les producteurs cinématographiques dans le sens structurel.

Tax-Shelter sécurise les apports d’argent des producteurs et Wallimage permet le travail de techniciens de qualité. Il faudrait y ajouter, pour compliquer un peu les choses, les aides dispensées par la Province du Hainaut. Comme vous, je regrette leur foisonnement et leur diversité de règlement qui ne facilitent pas la vie des requérants, mais ce n’est, hélas, pas la Région wallonne qui va réguler les aides européennes ou fédérales.

Un constat a donc été posé au niveau du secteur audiovisuel wallon. Afin de ne pas multiplier les structures et éviter les doubles emplois, une certaine rationalisation du secteur s’est imposée. Dans cette optique, une cohérence tant dans les acteurs et leurs activités que dans les moyens budgétaires a été mise en place.

C’est pourquoi, en date du 9 décembre 2004, le Gouvernement a adopté une note d’orientation concernant le «Pôle de l’image». Il a donc été décidé que Wallimage coordonne l’ensemble des activités de valorisation des ressources et du potentiel wallon, cette mission sera accompagnée de la réalisation de collaborations avec les différents bureaux sous-régionaux existants ou à constituer.

Les différents bureaux d’accueil du tournage seront au nombre de trois : un sur la province du Hainaut, un sur la province de Liège et un qui couvrira les provinces de Namur, Brabant wallon et Luxembourg. Wallimage assurera la coordination entre ces bureaux. Si le bureau du Hainaut fonctionne déjà, le bureau de Liège sera opérationnel à la fin de l’année et le bureau qui couvrira les trois autres provinces doit encore s’organiser pour étendre ses activités à Namur et au Luxembourg.

Ce nouveau réseau ne sera entièrement opérationnel qu’à la fin de l’année. Ce n’est donc que dans un an que nous pourrons en tirer des chiffres vraiment probants. Pour en revenir à vos questions, les bureaux ne sont pas les relais financiers de Wallimage au sein des provinces. L’éligibilité des dépenses ne sera vérifiée que par Wallimage et l’accompagnement des demandeurs dans les systèmes de financement de Wallimage reste exclusivement de son ressort.

Néanmoins, en ce qui concerne la province de Hainaut, les aides dispensées par elle, seront gérées par les bureaux du Hainaut. La vocation des bureaux consiste en l’aide au repérage et à la recherche de lieux de tournage pour les producteurs et les réalisateurs, considérant la richesse de la diversité du territoire wallon (sites urbains et ruraux). De plus, de par leur aspect plus local, ils accompagneront également les demandeurs dans leurs démarches auprès des autorités communales, notamment pour tout ce qui concerne les demandes d’autorisation de tournage dans des sites classés ou sur des marchés par exemple.

S’il est exact que cette structure a pour vocation d’attirer les producteurs dans sa région, on ne peut pour autant pas parler réellement de concurrence nuisante, chaque province ayant ses spécificités en termes de ressources. De plus, l’information qui sera à disposition des producteurs sera uniformisée via leur site Internet. Chaque bureau aura pour mission d’alimenter ce site unique qui pourra être consulté par les personnes désireuses de tourner en Wallonie. Ce n’est qu’une fois, un site repéré par un producteur que celui-ci sera orienté vers le bureau de contact correspondant. Enfin, comme vous le savez, pour Wallimage, comme pour tous les mécanismes de soutien au cinéma en Europe, la remontée de recettes demeure le point faible. Seul un film sur dix, statistiquement, atteint en Europe son seuil de rentabilité. C’est la raison même pour laquelle la Belgique s’est battue aux côtés de la France pour maintenir aux aides cinéma leur statut d’exception culturelle.

Sans ces aides, il n’y aurait plus de cinéma européen, plus de diversité culturelle face au géant américain. Disons donc qu’aujourd’hui, Wallimage, dans son statut de cofinanceur, récupère en moyenne 12 % de l’argent investi dans les films. C’est près du double d’organismes comme Eurimage ou la Communauté française ! Les bureaux contribueront d’une certaine manière à une possible augmentation des recettes engrangées par les productions.

En effet, plus un producteur belge peut justifier des dépenses sur le territoire, plus il peut faire appel à des mécanismes tels que Wallimage et donc augmenter sa part de coproduction dans les films et donc d’accès aux recettes.
M. Philippe Fontaine (MR). – Je tiens à préciser qu’il y avait déjà auparavant 65 % des actionnaires à Liège. Quel est alors le but de ceci ?
M. Jean-Claude Marcourt – L’objectif est de rester à 60 % avec un plus gros gâteau.
M. Philippe Fontaine (MR). – Nous souhaitons une grande coordination en évitant le sous-localisme, puisqu’en Wallonie, toutes les régions sont proches les unes des autres.
Quant aux données statistiques, je souhaiterais les recevoir lorsqu’elles seront à votre disposition.