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L’évaluation des retombées économiques de WALLIMAGE...
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Question orale de Philippe FONTAINE, Député wallon à J-C MARCOURT, Ministre de l’Economie et de l’Emploi sur:
« L’évaluation des retombées économiques de WALLIMAGE »
L’annonce de la remise de la Palme d’or aux frères DAERDEN – événement dont on ne peut que se réjouir - a relancé le débat
sur la problématique du financement des œuvres cinématographiques dans notre région.
Ainsi, si chacun s’est félicité du succès artistiques des productions wallonnes, on a entendu beaucoup d’acteurs du secteur
juger les aides publiques – mais aussi privées - encore insuffisantes. Ces propos m’amènent à aborder cet aspect financier
de la production cinématographique.
Ce qui frappe dans le domaine c’est l’extraordinaire diversité des sources de financement. Ainsi, sans prétendre à
l’exhaustivité je relèverai :
Au niveau national d’abord, outre les participations ordinaires de type mécénat privé et les partenariats avec l’étranger,
on soulignera surtout l’instauration du très intéressant mécanisme de déduction fiscale « Tax-Shelter ». L’application de
ce système a ainsi conduit à 20 millions EUR d’investissements et les estimations les plus raisonnables font valoir un
montant de 50 millions EUR en rythme de croisière.
Au niveau communautaire ensuite, outre la contribution des éditeurs de services, on relèvera les mécanismes de
subvention et d’avances récupérables octroyées via la commission de sélection des films,….
Au niveau européen encore, : on pointera deux outils : Eurimage et le programme Média au niveau européen
Au niveau régional enfin, celui qui nous intéresse plus particulièrement, il existe un fond d’aides économiques à
l’industrie du cinéma mieux connu sous le nom de Wallimage, ainsi qu’un bureau d’accueil de tournage en Wallonie (BATW).
Cette pléthore d’intervenants aboutit parfois à une confusion. C’est ainsi qu’on a pu entendre parler ces derniers temps de
la culture comme d’une compétence régionalisée, alors que cette dernière est toujours une compétence communautaire.
Il m’apparaît donc utile de rappeler que l’objectif premier de Wallimage et de ses filiales n’est pas à proprement parler
de venir en aide à la production artistique proprement dite mais bien de soutenir cette production dans la mesure où elle
conduit à des retombées économiques pour la région (engagement de techniciens, d’acteurs, développement des services
audiovisuel, etc….). Et c’est précisément sur cet aspect que je voudrais vous interroger.
Ainsi, j’aimerais vous poser les question suivantes :
Quel bilan tirez-vous de l’activité de Wallimage en terme de retombées économiques ? Combien d’emplois ont pu être créés ?
Combien de jours ont été prestés ? etc…
Les courts métrages sont souvent considérés comme le parent pauvre des soutiens à la production. Des pistes de réflexion
sont-elles à l’étude pour que Wallimage puisse également soutenir ces productions particulières ?
Serait-il possible d’étendre les missions dévolues à Wallimage en lui faisant jouer un véritable rôle de guichet
d’information qui serait chargé d’accompagner les producteurs et réalisateurs dans leur recherche de financement en leur
expliquant les différents mécanismes (tax-shelter, etc…) existants à tout niveau ?
Qu’en est-il du « return sur bénéfice » pour les films soutenus par Wallimage ?
Qu’en est-il de l’évolution du BATW ? Quel bilan tirez-vous de son activité depuis sa création ?
Réponse du Ministre Jean-Claude MARCOURT,
Je regrette cet article paru dans Sud presse et j’invite l’interpellant à lire l’article paru, ce 2 juin, dans Le Soir
qui répond à ce qui a été dit il y a peu sur le cinéma wallon.
La compétence d’aide au cinéma est d’ordre communautaire. La Région wallonne a fondé Wallimage
pour faire de la Wallonie une terre d’accueil permettant notamment à des opérateurs de tourner
dans notre Région. C’est entre autres le cas de Costa Gravas qui a tourné Le Couperet dans la Région
liégeoise et qui a pu s’appuyer sur un certain nombre de techniciens de chez nous.
Dans le bilan de l’activité à la fin 2004, on peut compter 21 films soutenus et terminés grâce à Wallimage.
Quand on voit le taux réel de retombées, on constate que, pour chaque euro investi par Wallimage,
on arrive à un retour de 175 %, c’est-à-dire 1,75 euro investi en Wallonie. Les retombées de ces
investissements profitent à des techniciens wallons spécialisés dans l’audiovisuel, mais aussi à l’Horeca.
En ce qui concerne l’ensemble des emplois générés en termes de tournage et de postproduction, on
peut estimer, à fin 2003, que les dossiers faisant l’objet d’une convention se sont traduits par 17.490 jours
de travail presté.
Pour rappel, deux lignes d’action ont présidé à l’installation de Wallimage. Il s’agissait d’une part
de venir en aide à des tournages qui s’engagent à dépenser en Région wallonne au moins 100 % des
sommes apportées par le fonds wallon et, d’autre part, d’intervenir aux côtés d’invests locaux en prise
de capital ou en prêts à long terme.
Au-delà du flux financier positif qui irrigue l’industrie audiovisuelle wallonne, reste à déterminer
ce qu’est un film wallon. Pour ce qui me concerne, la domiciliation n’est sans doute pas un critère
déterminant. Je citerai à titre d’exemple, Luc Dardenne et Jérémie Reinier qui sont domiciliés à
Bruxelles, ce qui ne change bien évidemment rien au fait que les films qu’ils portent soient wallons.
Ce qui compte, c’est notamment le lieu du tournage et l’esprit qui porte le film.
Pour ce qui est des chiffres, je tiens à préciser que, de février 2001 à juin 2005, Wallimage a soutenu
39 films réalisés par 13 Français, 12 Wallons, 12 Bruxellois, une Luxembourgeoise et un Irlandais
; soit 30 % de films wallons, si nous nous en tenons à une définition restreinte. Je vous rappelle
que tout film tourné en Wallonie est une excellente chose en tant qu’il représente notamment un soutien
à notre culture.
Je me réjouis, par parenthèse, de constater que l’association cinématographique wallonne s’est distanciée
de celui de ses membres qui a transmis à la presse les chiffres erronés que M. Petitjean a évoqués
en ouverture de son exposé.
Pour ce qui concerne les courts-métrages, ils ne génèrent que peu de retombées économiques dans
une région et jamais de remontées en recettes. Théoriquement, rien ne s’oppose à ce que Wallimage
intervienne dans ce type de production, mais je vous rappelle que le fonds wallon ne s’intéresse à un
projet qu’à partir du moment où il dépense 250.000 euros. Par ailleurs, il me paraît que le financement
des courts-métrages relève davantage de la Communauté française qui leur apporte d’ailleurs un soutien
important, au même titre que les provinces. Je veux, à cet égard, souligner l’action de la province
de Hainaut, en termes de soutien aux courts-métrages.
Vous m’interrogez sur l’ouverture de bureaux de tournage. Le Hainaut en avait déjà ouvert un. Je
viens de permettre l’ouverture de deux autres à Braine-l’Alleud et à Liège. J’ai, par ailleurs, signé la
convention de rachat d’un logiciel qui dotera les bureaux concernés d’un outil particulièrement performant
dans le domaine qui nous occupe. Je réfléchis, en outre, au soutien à apporter au développement
de studios son et image qui permettent de renforcer encore la qualité de notre production, celle
de nos acteurs et techniciens n’étant plus à démontrer.
Je vous rappelle toutefois que le secteur qui fait l’objet de notre débat est culturel. Statistiquement,
seul un film sur dix, en Europe, atteint son seuil de rentabilité. C’est d’ailleurs pour cette raison que la
Belgique s’est battue aux côtés de la France pour maintenir aux aides cinéma leur statut d’exception
culturelle. En effet, sans elles, il n’y aurait plus de cinéma européen.
En termes de remontée des recettes, on peut dire qu’actuellement, dans son statut de cofinanceur,
Wallimage récupère en moyenne 12 % de l’argent investi dans les films. Vous observerez toutefois
que ce sont surtout l’Etat fédéral et la création d’emplois qui en sont le plus largement avantagés.
À titre indicatif, je vous dirais qu’à ce jour, le champion des remontées des recettes chez Wallimage
est le film «Le fils» des Frères Dardenne, lequel a rapporté plus de la moitié de l’argent investi.
Je puis vous dire que «L’enfant» fera mieux que «Le fils». Nous pouvons nous réjouir pour la Wallonie
du succès obtenu par ces réalisateurs qui ont su conquérir la Palme d’Or cannoise pour la
deuxième fois. Mais il faut également observer, que d’un point de vue économique, ce cinéma commence
à trouver son public.
Réplique de Philippe Fontaine,
Je remercie le Ministre pour les informations précises qu’il vient de nous transmettre. Je suis persuadé que Wallimage
constitue un outil dont il faut poursuivre le développement car il permet la création d’emplois en Région wallonne.