Parlement wallon

Questions orales

     

 Questions du 02/02/05

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La présence nuisible de Cormorans dans nos régions...

Question orale de M. FONTAINE , Député Wallon, à Monsieur COURARD, Ministre des Affaires Intérieures et de la Fonction Publique sur:
"La présence nuisible de Cormorans dans nos régions."


– Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
depuis quelques mois déjà, des sociétés de pêcheurs et quelques exploitants de piscicultures de la Région wallonne, se plaignent de la présence de cormorans dans notre Région et ce n’est pas la première fois qu’on pose des questions sur le sujet, je me rappelle que Jean-Pierre Dardenne avait posé une question à votre prédécesseur en la matière.
Donc dans certains endroits, et notamment dans la vallée de la Semois, cette présence est même massive, me dit-on.
A première vue, on pourrait se féliciter de la présence de cet animal en nos régions car, il y a quelques années, il était en voie de disparition en Europe.
Cependant, la présence d’un animal marin à plus de cent cinquante kilomètres des côtes n’est pas sans faire des dégâts, notamment à la population des poissons de rivière et des piscicultures, cet oiseau étant un grand consommateur de poissons.
Si sa population est trop importante, il risque de déséquilibrer les biotopes naturels de nos rivières en cassant la chaîne alimentaire et il risque de causer un préjudice non négligeable aux piscicultures.
Le cormoran est en Europe une espèce protégée depuis une directive de 1979.
En Région wallonne, il est protégé par l’arrêté du Gouvernement wallon du 14 juillet 1994.
Toutefois, depuis 1997, le Grand Cormoran a été retiré de l’annexe I de la directive.
Ceci signifie que l’oiseau est toujours protégé mais que les États peuvent délivrer des autorisations de destruction, notamment en vue de prévenir les dégâts qu’occasionne cet oiseau aux pêcheries et aux piscicultures.
La France pratique la destruction aux abords de certains plans d’eau et des élevages de poissons depuis 1994.
10 à 20 % de la population sont ainsi éradiqués sans menacer l’espèce.
L’arrêté du Gouvernement wallon de 1994 ne prévoit pas cette possibilité pour les exploitants wallons, car le cormoran est toujours repris dans l’annexe XII contenant la «liste noire» des espèces entièrement protégées par la Directive de 1979. Or, ce n’est plus le cas depuis 8 ans.
Dans ces conditions, des exploitants d’entreprises piscicoles et des responsables de sociétés de pêche pourraient-ils introduire une demande d’autorisation de destruction de cette espèce ?
Si non, pouvez-vous me dire si une modification de l’annexe XII de l’arrêté de 1994 est à l’ordre du jour ?
S’il est vrai que certaines espèces méritaient une protection, il est un fait que cela a parfois eu comme conséquence une surmultiplication de celles-ci, au détriment d’autres et au détriment de certaines activités humaines.
Merci, Monsieur le Ministre, pour les réponses que vous voudrez bien me fournir.
Réponse du Ministre COURARD,
– Monsieur le Président,
Monsieur le Député,
d’abord je voudrais vous dire, en ce qui concerne les Lacs de l’Eau d’Heure, que je ne suis pas en train de dire qui a fait du bien, du mal, etc.
M. Fontaine (MR). – Cela, ça ne va pas !
M. Lutgen, – … de toute façon, vous pourrez répliquer.
Voyons l’avenir tous ensemble, majorité-opposition par rapport à un dossier qui le mérite bien me semble-t-il.
M. Fontaine (MR). – C’est vous qui avez attaqué, pas moi !
M. Lutgen, – En ce qui concerne les cormorans, vous avez raison de poser la question, mais j’ai pris les devants et donc je vais pouvoir vous annoncer, quand je dis vous annoncer, c’est aussi aux pisciculteurs…
M. Fontaine (MR). – Et aux cormorans…
M. Lutgen, – … et aux cormorans, mais pour eux ce sera certainement de moins bonnes nouvelles, cela, c’est certain.
C’est clair qu’il y a eu une explosion du nombre de cormorans durant ces dernières années et que la consommation de poissons par semaine de ces oiseaux est phénoménale, sans compter les maladies que cela peut provoquer en passant d’un bassin à un autre et d’une pisciculture à une autre.
C’est un vecteur de maladies.
J’ai pris acte aussi du fait que la philosophie du Conseil supérieur wallon de la conservation de la nature en cette matière est qu’il faut d’abord revoir le système d’indemnisation, c’est cela le plus important et prévoir le financement pour la mise en place de moyens de prévention.
La première chose, c’est d’aider quand même les pisciculteurs dans tous les moyens à utiliser au niveau de la prévention.
D’autre part, le tir en Belgique sur les populations hivernantes n’apportera pas une solution au problème, lequel doit être traité à l’échelle européenne.
Cela étant, je confirme par exemple, que la France élimine par des tirs encadrés 25.000 cormorans par an. Ce qui n’est quand même pas triste.
Le colloque de Strasbourg sur le sujet en 2001 a démontré qu’il n’y avait d’ailleurs pas de meilleure solution, une fois que vous avez épuisé toutes les possibilités pour faire en sorte qu’ils s’en aillent.
La seule solution qu’il reste, malheureusement, c’est le tir.
J’ai donc donné instruction à mon administration, lorsqu’une demande de destruction d’oiseaux piscivores est introduite sur base de l’arrêté du Gouvernement wallon du 27 novembre 2003 fixant les dérogations aux mesures de protection des oiseaux :
1. de délivrer une autorisation de tir pour un nombre limité de cormorans, à définir proportionnellement au nombre d’oiseaux fréquentant journellement le site à défendre, lorsque la demande démontre que les moyens de prévention ont été préalablement essayés sans succès mais avec détermination;
2. de limiter provisoirement cette autorisation à six mois, avec obligation de transmission d’un rapport à la fin de cette période, pour pouvoir évaluer les choses;
3. d’imposer une information, et c’est bien normal, à des services extérieurs de la Division nature et des forêts.
J’ai donné instruction à la DNF de mettre tout en œuvre pour apporter systématiquement une aide technique dans la recherche de solutions de prévention efficaces contre les dégâts de ces cormorans, qui ont largement envahi nos contrées depuis quelques années, j’en sais personnellement quelque chose.
M. Fontaine (MR). – Monsieur le Ministre, tout d’abord, en ce qui concerne l’Eau d’Heure, je suis d’accord avec vous : il faut que le dossier avance et je n’avais pas été agressif dans ma question, j’ai simplement réagi au sous-entendu que j’ai compris dans votre réponse.
Pour le problème qui nous occupe maintenant qui est celui du cormoran, je vous remercie pour votre réponse et je vous remercie de prendre des dispositions de manière à lutter contre le phénomène autant que faire se peut.