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La présence nuisible de Cormorans dans nos régions...
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Question orale de M. FONTAINE , Député Wallon, à Monsieur COURARD, Ministre des Affaires Intérieures et de la Fonction
Publique sur:
"La présence nuisible de Cormorans dans nos régions."
– Monsieur le Président,
Monsieur
le Ministre,
depuis quelques mois déjà, des
sociétés de pêcheurs et quelques exploitants de piscicultures
de la Région wallonne, se plaignent de la présence
de cormorans dans notre Région et ce n’est pas
la première fois qu’on pose des questions sur le sujet,
je me rappelle que Jean-Pierre Dardenne avait posé
une question à votre prédécesseur en la matière.
Donc dans certains endroits, et notamment dans la
vallée de la Semois, cette présence est même massive,
me dit-on.
A première vue, on pourrait se féliciter de la présence
de cet animal en nos régions car, il y a quelques
années, il était en voie de disparition en Europe.
Cependant, la présence d’un animal marin à plus de
cent cinquante kilomètres des côtes n’est pas sans
faire des dégâts, notamment à la population des poissons
de rivière et des piscicultures, cet oiseau étant un
grand consommateur de poissons.
Si sa population est
trop importante, il risque de déséquilibrer les biotopes
naturels de nos rivières en cassant la chaîne alimentaire
et il risque de causer un préjudice non négligeable
aux piscicultures.
Le cormoran est en Europe une espèce protégée
depuis une directive de 1979.
En Région wallonne, il
est protégé par l’arrêté du Gouvernement wallon du
14 juillet 1994.
Toutefois, depuis 1997, le Grand Cormoran a été
retiré de l’annexe I de la directive.
Ceci signifie que
l’oiseau est toujours protégé mais que les États peuvent
délivrer des autorisations de destruction, notamment
en vue de prévenir les dégâts qu’occasionne cet
oiseau aux pêcheries et aux piscicultures.
La France
pratique la destruction aux abords de certains plans
d’eau et des élevages de poissons depuis 1994.
10 à
20 % de la population sont ainsi éradiqués sans menacer
l’espèce.
L’arrêté du Gouvernement wallon de 1994 ne prévoit
pas cette possibilité pour les exploitants wallons,
car le cormoran est toujours repris dans l’annexe XII
contenant la «liste noire» des espèces entièrement
protégées par la Directive de 1979. Or, ce n’est plus le
cas depuis 8 ans.
Dans ces conditions, des exploitants d’entreprises
piscicoles et des responsables de sociétés de pêche
pourraient-ils introduire une demande d’autorisation
de destruction de cette espèce ?
Si non, pouvez-vous
me dire si une modification de l’annexe XII de
l’arrêté de 1994 est à l’ordre du jour ?
S’il est vrai que certaines espèces méritaient une
protection, il est un fait que cela a parfois eu comme
conséquence une surmultiplication de celles-ci, au
détriment d’autres et au détriment de certaines activités
humaines.
Merci, Monsieur le Ministre, pour les réponses que
vous voudrez bien me fournir.
Réponse du Ministre COURARD,
– Monsieur
le Président,
Monsieur le Député,
d’abord je voudrais
vous dire, en ce qui concerne les Lacs de l’Eau
d’Heure, que je ne suis pas en train de dire qui a fait
du bien, du mal, etc.
M. Fontaine (MR). – Cela, ça ne va pas !
M. Lutgen, – … de
toute façon, vous pourrez répliquer.
Voyons l’avenir
tous ensemble, majorité-opposition par rapport à un
dossier qui le mérite bien me semble-t-il.
M. Fontaine (MR). – C’est vous qui avez attaqué,
pas moi !
M. Lutgen, – En ce qui
concerne les cormorans, vous avez raison de poser la
question, mais j’ai pris les devants et donc je vais
pouvoir vous annoncer, quand je dis vous annoncer,
c’est aussi aux pisciculteurs…
M. Fontaine (MR). – Et aux cormorans…
M. Lutgen, – … et aux
cormorans, mais pour eux ce sera certainement de
moins bonnes nouvelles, cela, c’est certain.
C’est clair qu’il y a eu une explosion du nombre de
cormorans durant ces dernières années et que la
consommation de poissons par semaine de ces
oiseaux est phénoménale, sans compter les maladies
que cela peut provoquer en passant d’un bassin à un
autre et d’une pisciculture à une autre.
C’est un vecteur
de maladies.
J’ai pris acte aussi du fait que la philosophie du
Conseil supérieur wallon de la conservation de la
nature en cette matière est qu’il faut d’abord revoir le
système d’indemnisation, c’est cela le plus important
et prévoir le financement pour la mise en place de
moyens de prévention.
La première chose, c’est
d’aider quand même les pisciculteurs dans tous les
moyens à utiliser au niveau de la prévention.
D’autre part, le tir en Belgique sur les populations
hivernantes n’apportera pas une solution au problème,
lequel doit être traité à l’échelle européenne.
Cela étant, je confirme par exemple, que la France
élimine par des tirs encadrés 25.000 cormorans par
an. Ce qui n’est quand même pas triste.
Le colloque
de Strasbourg sur le sujet en 2001 a démontré qu’il
n’y avait d’ailleurs pas de meilleure solution, une fois
que vous avez épuisé toutes les possibilités pour faire
en sorte qu’ils s’en aillent.
La seule solution qu’il
reste, malheureusement, c’est le tir.
J’ai donc donné instruction à mon administration,
lorsqu’une demande de destruction d’oiseaux piscivores
est introduite sur base de l’arrêté du Gouvernement
wallon du 27 novembre 2003 fixant les
dérogations aux mesures de protection des oiseaux :
1. de délivrer une autorisation de tir pour un nombre
limité de cormorans, à définir proportionnellement
au nombre d’oiseaux fréquentant journellement le
site à défendre, lorsque la demande démontre que
les moyens de prévention ont été préalablement
essayés sans succès mais avec détermination;
2. de limiter provisoirement cette autorisation à six
mois, avec obligation de transmission d’un rapport
à la fin de cette période, pour pouvoir évaluer les
choses;
3. d’imposer une information, et c’est bien normal, à
des services extérieurs de la Division nature et des
forêts.
J’ai donné instruction à la DNF de mettre tout en
œuvre pour apporter systématiquement une aide technique
dans la recherche de solutions de prévention
efficaces contre les dégâts de ces cormorans, qui ont
largement envahi nos contrées depuis quelques
années, j’en sais personnellement quelque chose.
M. Fontaine (MR). – Monsieur le Ministre, tout
d’abord, en ce qui concerne l’Eau d’Heure, je suis
d’accord avec vous : il faut que le dossier avance et je
n’avais pas été agressif dans ma question, j’ai simplement
réagi au sous-entendu que j’ai compris dans
votre réponse.
Pour le problème qui nous occupe maintenant qui
est celui du cormoran, je vous remercie pour votre
réponse et je vous remercie de prendre des dispositions
de manière à lutter contre le phénomène autant
que faire se peut.