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La situation de la Société d’habitations ...
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QUESTION ORALE
DE M. FONTAINE À M. ANTOINE,
MINISTRE DU LOGEMENT,
DES TRANSPORTS
ET DU DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL,
SUR
«LA SITUATION DE LA SOCIÉTÉ
D’HABITATIONS SOCIALES DE BINCHE»
M. le Président. – La parole est à M. Fontaine
pour poser sa question.
M. Fontaine (MR).
– Monsieur le Ministre,
chers
Collègues,
ma question porte sur le même sujet que
celui de M. Furlan.
Je suis d’ailleurs en sandwich
entre deux parlementaires socialistes mais, dans un
sandwich, c’est ce qu’il y a au milieu qui est le
meilleur. (Rires).
La presse a relaté un certain nombre de carences au
sein de la Société d’habitations sociales de Binche.
Celles-ci ne datent pas d’hier puisqu’elles remontent,
semble-t-il, à 2001 après avoir été mises en évidence
par un audit de la Société wallonne du logement.
On parle de problèmes de tenue de certains comptes,
de dépenses importantes sans décision du conseil
d’administration, de non-remboursement dans certains
cas de réduction de précompte immobilier aux
locataires.
De plus, cette société, n’a pas formulé de demande
dans le cadre du programme exceptionnel d’investissements
alors que son parc n’est pas en meilleur état
que la moyenne.
Des problèmes au niveau de la fusion avec Morlanwelz
existent également.
Un commissaire spécial est, semble-t-il, en passe
d’être nommé, si j’en crois l’ordre du jour du Gouvernement
de demain.
Pouvez-vous, Monsieur le Ministre, me confirmer
ces informations ?
Il semble que le directeur-gérant et le président du
conseil d’administration contestent ces griefs et laissent
entendre que l’opposition socialiste de Binche se
cache là-dessous.
Vous nous direz ce qu’il en est.
J’ai l’impression que les difficultés rencontrées par
les sociétés de logement ne cessent de se multiplier
ces temps-ci.
Après la Maison Liégeoise, le Foyer
hensitois – dont on va vous parler par la suite –, la
Sorélobo, maintenant, la Société d’habitation de
Binche.
N’est-ce pas un signe de l’aggravation de leur
situation ?
Ne faudrait-il pas leur appliquer un traitement
de fond et de manière générale, plutôt que
quelques mesures ponctuelles quand la situation
devient vraiment trop grave ?
La Maison Liégeoise,
pour ne citer qu’elle, est placée sous l’autorité d’un
commissaire spécial depuis plus de trois ans et on ne
peut pas dire que la situation s’améliore.
D’ailleurs,
j’ai vu que le Gouvernement envisage de renouveler
un mandat de commissaire spécial.
Alors, Monsieur le Ministre, je souhaiterais bien
sûr que vous me répondiez à tout cela mais je crois
que ce n’est pas d’un mécanicien dont on a besoin ici
mais c’est plutôt un réanimateur.
Réponse du Ministre André Antoine,
Comme il y a trois questions, je lui donne six
minutes au lieu de cinq, ce qui prouve ma générosité.
Monsieur le Président, très chers Collègues,
je l’ai
dit tout à l’heure en commission, on ne peut pas aborder
le logement avec raison si on ne le vit pas avec
passion et nous avons deux mains, à vrai dire.
L’une,
pour la vigueur, celle avec laquelle nous devons
débloquer des crédits, réaliser des maisons en termes
de construction, de rénovation, de soutien aux AIS,
bref, nous n’en ferons jamais assez tant il y a une
demande parmi nos concitoyens, d’une attente de
logements en nombre et en qualité.
Mais l’autre main est celle de la rigueur, car nous
ne pouvons pas accepter qu’un certain nombre de pratiques
viennent disqualifier tout le logement social et
viennent porter ombrage aux gestionnaires de société
qui, pour la plupart, sinon la grande majorité, œuvrent
dans des conditions difficiles au plus grand bénéfice
de citoyens parfois fragilisés par la vie.
Il n’empêche, et M. Fontaine y a fait allusion
comme M. Devin et M. Furlan, qu’il y a aujourd’hui,
c’est vrai, plusieurs dossiers qui sont non seulement
sur ma table, mais sur celle du Gouvernement et qu’il
faut traiter.
Et vous aurez remarqué, Monsieur Fontaine
– et je vous réponds ainsi –, avec quelle célérité
j’ai donné écho aux recommandations qui m’étaient
transmises.
Pour en venir plus particulièrement à la Société
sociale de Binche et environs – je me plais à le souligner
–, rappelons-nous que parmi les 16 sociétés
mises sous plan d’assainissement de 1990 à 2000,
figurait la Société de Binche.
Dans le rapport final de
la Société wallonne du logement en date du 13
novembre 2000, la Société de Binche avait redressé sa
situation par deux éléments :
– par l’aide financière de la Région qui avait apuré
75 % de sa perte reportée ;
– et grâce à la vente de logements qu’elle avait également
maintenus en bon état en la matière.
Dans le courant de l’année 2001, la Société wallonne
du logement a initié la mise en place de missions
d’audits développés dans le cadre d’une
procédure contradictoire – je réponds ainsi à la
demande des gestionnaires qui se plaignent – menée
avec les gestionnaires des sociétés concernées.
La
Société de Binche a ainsi été auditée en octobre 2001.
Le dossier a été envoyé pour réaction en février 2002.
La position de la société a été recueillie par la Société
wallonne du logement en février 2002 également.
Suite à quoi, la Société wallonne du logement a
décidé d’un suivi d’audit complémentaire en mai 2004.
En outre, en juillet de cette année, sur base notamment
des éléments constatés par les services d’inspection
de la Société wallonne du logement en
complément de l’audit, la Société wallonne du logement
a décidé de saisir le Procureur du Roi de Charleroi.
Le 4 octobre 2004, le conseil d’administration de
la Société wallonne du logement a pris acte du dossier
de suivi d’audit et a chargé le directeur général de
rencontrer, une nouvelle fois, les responsables de la
société, audition qui a eu lieu le 27 octobre 2004.
Donc, vous l’aurez compris, il n’a pas manqué
d’occasions, d’échanges contradictoires, d’analyses
complémentaires mais, à vrai dire, plus il y avait
d’audits et d’inspections, plus, malheureusement, on
découvrait des faits qui, et la justice tranchera,
devaient en tout cas être tranchés – c’est le cas de le
dire – par celle-ci.
Vu la qualification des faits reprochés, en tenant
compte de la proposition de la Société wallonne du
logement, et conformément à l’article 174 du Code du
logement, je proposerai au Gouvernement demain,
chers Collègues, de désigner un commissaire spécial.
Outre les problèmes de gestion de la société – dont
vous avez fait mention –, le processus de fusion des
sociétés (Habitations sociales de Binche et environs,
le Foyer familial de Morlanwelz, le Foyer péronnais à
Péronnes-lez-Binche et le Foyer levallois à Leval-Trahegnies)
– je ne sais pas comment cela se prononce…
M. Devin (PS) et M. Fontaine (MR). – Trahegnies.
M. Fontaine (MR). – On ne prononce pas le «s».
M. Antoine, – Excusez-moi,
j’apprends tous les jours. Merci.
… n’a pas abouti dans le délai accordé par le Gouvernement,
délai qui devait expirer au plus tard le 18
octobre 2004 et qui correspondait à la décision du 18
octobre 2001, soit trois ans après.
Tenant compte de la carence des sociétés à procéder
à la fusion, en application de l’article 144 du Code
du logement, je proposerai également au Gouvernement
que le commissaire spécial soit chargé, notamment,
de concrétiser au plus tôt la procédure de fusion
entre les sociétés de Binche, Morlanwelz, Péronneslez-
Binche, Leval-Trahegnies.
Il se substituera aux organes des sociétés susvisées,
pour l’application des articles du Code des sociétés
relatifs à la fusion ou à la restructuration des sociétés.
Par ailleurs, le commissaire spécial aura également
pour mission de prendre ou de faire prendre toutes
mesures nécessaires pour remédier aux carences de
gestion relevées notamment dans le rapport d’audit établi
par la Société wallonne du logement et, à ce titre, de
pouvoir totalement – et je réponds ainsi à M. Fontaine
qui disait: «Ne faudrait-il pas des mesures plus radi -
cales?» – se substituer aux organes de la société.
Je ne
connais pas de mesure plus radicale que celle-là
puisque le conseil et les organes de gestion sont déshabillés
complètement pour un commissaire spécial.
Relativement à l’inscription de la Société de
Binche dans le programme exceptionnel d’investissements,
il se confirme malheureusement que Binche
n’est pas inscrite dans le programme exceptionnel
d’investissements.
Chers Collègues, vous l’aurez donc compris, la
mission du commissaire spécial est double :
– concrétiser la fusion des quatre sociétés ci-avant
citées ;
– prendre ou faire prendre toutes mesures nécessaires
pour remédier aux carences de gestion de la société.
M. Fontaine, complémentairement à MM. Furlan et
Devin, me pose des questions concernant la Maison
liégeoise.
Je dois rappeler à l’honorable membre qu’il
ne s’agissait pas, dans le cas de l’ancien délégué,
d’une véritable mission de commissaire spécial.
En
effet, l’ancien gestionnaire de la Maison liégeoise, qui
provenait du Roman Païs, avait une mission très limitée
dans le temps et dans les prérogatives.
Il a transmis
ses conclusions. Je dois dire qu’il a éprouvé
beaucoup de difficultés à nouer un dialogue fécond
avec les anciens gestionnaires, avec le personnel et,
donc, aujourd’hui…
Mme la Présidente. – Puis-je vous inviter à
conclure, Monsieur le Ministre ?
M. Antoine, – Oui, oui, je termine.
… nous n’avons pas d’autre issue que d’envoyer un
commissaire spécial avec les pleins pouvoirs, mais je
voudrais saluer ici la grande correction de la Ville
de Liège, singulièrement, de son bourgmestre, de
Mme Yerna et de l’échevin du Logement, M. Scroyen
qui se sont portés volontaires pour accompagner le
processus, notamment parce qu’il y va de l’avenir de
la plaine de Droixhe avec des partenaires hollandais.
Mais donc, Monsieur Fontaine, pour la Maison liégeoise,
comme pour Binche, ce sera un commissaire
spécial, – façon Sorélobo –, pleins pouvoirs avec des
obligations de résultats mais, pour la partie liégeoise,
nous y ajouterons un comité d’accompagnement, eu
égard à un projet qui nous tient particulièrement à
cœur et que je veux soutenir.
Et enfin, pour la Maison liégeoise, le déficit s’élève
aujourd’hui de manière cumulée à près d’un milliard
de francs belges.
M. Fontaine (MR). – Je remercie M. le Ministre
pour sa réponse qui confirme les informations que
nous avions lues.
Je regrette de constater la désinvolture
avec laquelle certains dirigeants de sociétés
d’habitations sociales se comportent quand on
constate qu’on n’introduit même pas de demande de
rénovation dans le cadre du programme exceptionnel.
On peut quand même se poser des questions sur la
qualité de la gestion et j’espère, Monsieur le Ministre,
que vous aurez à cœur de suivre l’ensemble de la problématique
parce que j’ai peur que les mêmes problèmes
ne surgissent dans d’autres sociétés dans les
mois ou dans les années à venir.