|
|
-
|
L’évolution du raccordement ferré...
|
Question orale de Monsieur le Député Philippe FONTAINE à Monsieur André ANTOINE, ministre du Logement, des Transports
et du Développement territorial sur:
« L’évolution du raccordement ferré du site Garocentre »
– Monsieur le Président,
tout
d’abord je vous prie de bien vouloir excuser mon
retard dû aux bouchons sur les routes.
Monsieur le Ministre, lors de la précédente législature,
je n’ai eu de cesse d’interroger le Gouvernement
sur l’avancement d’un projet qui me tient à cœur, à
savoir le développement de la plate-forme multimodale
de Garocentre et plus particulièrement sur le raccordement
ferré tant attendu du site, indispensable à
mes yeux en termes d’intermodalité et de mobilité
pour la Région dans son ensemble.
J’ai interrogé le ministre en 2001, 2002, 2003 et
2004, ce qui vous prouve que c’est un dossier qui me
préoccupe depuis longtemps.
Je m’étais félicité de l’enveloppe dégagée par le
ministre Kubla en matière d’investissements productifs
pour Garocentre dans le cadre du plan de soutien
du Gouvernement wallon à l’économie hennuyère.
En ce qui concerne plus spécifiquement le raccordement
ferroviaire du site, j’avais interrogé le
ministre compétent de l’époque sur l’avancement de
ce dossier et ses modalités de financement.
Ce dernier
m’avait répondu que cinq millions d’euros, réservés à
la mesure de renforcement de la ligne 130A – Charleroi-
Erquelinnes –, pourraient glisser vers la mesure de
raccordement ferroviaire au site de Garocentre.
D’après lui, le Premier ministre aurait confirmé que la
SNCB, dans l’actualisation de son plan d’investissement,
prévoyait en effet de diminuer le budget pour la
ligne 130A à concurrence de cinq millions d’euros et
de réserver un même montant pour le raccordement
ferroviaire au site de Garocentre.
Depuis lors, le dossier
ne semble pas avoir avancé.
Le 28 octobre dernier, pourtant, suite aux décisions
du Gouvernement fédéral, le Gouvernement wallon,
après s’être félicité du regroupement des projets wallons
et bruxellois dans un même PPP, avait émis le
souhait d’obtenir des garanties et des informations
supplémentaires sur certaines options présentées par
le fédéral.
Parmi les éléments complémentaires demandés
figurait justement – je cite – «l’obtention de précisions quant au fait que Garocentre serait financé une
première fois par un étalement des investissements
sur la ligne Charleroi-Erquelinnes et une seconde fois
par les marges dégagées par le PPP».
Vous conviendrez, j’en suis sûr, que le secteur de
la multimodalité a démontré toute son importance
dans l’économie hennuyère et que Garocentre est, à
cet égard, un projet qui contribue et contribuera
encore à l’avenir à consolider la reconversion d’une
région du Centre particulièrement touchée par le chômage.
L’importance du raccordement ferroviaire pour
le développement du site ne fait pas de doute.
Je
m’inquiète donc du silence entourant un dossier pourtant
essentiel.
Dès lors, Monsieur le Ministre, j’aimerais savoir si
les réponses du fédéral à votre demande d’informations
complémentaires vous sont parvenues.
Si oui,
quelle en est la teneur en ce qui concerne spécifiquement
le dossier Garocentre ?
Le projet de raccordement ferroviaire figure-t-il
toujours parmi les priorités du Gouvernement ?
Quelles sont les modalités de financement que le
Gouvernement privilégie actuellement ?
Peut-on peut
espérer un dénouement rapide de ce dossier ?
Réponse du Ministre André ANTOINE,
– Monsieur le Président,
très chers Collègues,
je remercie M. Fontaine
qui, comme à l’habitude, pose des questions tout à fait
pertinentes qui méritent des réponses précises.
En la matière, je lui confirme totalement la volonté
du Gouvernement de s’inscrire point pour point dans
la délibération et l’appréhension du précédent Gouvernement.
Du reste, quand j’occupais la même place que
vous, nous n’avons jamais remis en cause ce choix.
La difficulté, et vous le savez comme moi, c’est
que nous ne sommes pas dans des compétences strictement régionales.
Bien évidemment, nous pouvons
collaborer à travers un certain nombre d’éléments,
d’études, de recensement de données, d’investissements
au niveau des zones d’activité économique
pour solvabiliser le projet en question, à savoir le raccordement
ferré du site Garocentre.
Nous nous trouvons dans ce dossier, comme pour
tout le reste, dans les difficultés que rencontrent le
fédéral et singulièrement la SNCB pour trouver des
sources de financement par rapport aux nombreux
projets qui existent en matière d’investissements ferroviaires.
Vous le savez, le Gouvernement précédent, lors de
la législature précédente, avait procédé à un glissement
de cinq millions d’euros pour favoriser un certain
nombre d’investissements ferroviaires dits prioritaires.
Mais le 15 octobre dernier, compte tenu de l’étroitesse
de ses marges budgétaires et de la nécessité de
réaliser les investissements estimés prioritaires par les
Régions, le Gouvernement fédéral – dans lequel je ne
suis pas mais je l’acte ici – a décidé de réaliser une
partie des investissements programmés en recourant à
ce que l’on appelle le partenariat public-privé.
Dans ce cadre, la proposition formulée pour la
Wallonie, consistait à réaliser la modernisation de la
ligne Bruxelles-Luxembourg par le biais d’un partenariat
public-privé et à dégager ainsi les budgets
nécessaires à la concrétisation de divers projets prioritaires
wallons dont Garocentre.
À l’époque, rappelez-vous, j’avais été, je crois, un
des tout premiers à réagir pour exprimer mon inquiétude
quant à la part réservée à la Wallonie et quant à
la manière avec laquelle, nous allions, nous, de notre
côté, assurer le complément de financement à l’égard
du fédéral.
Suite à cette inquiétude, voire même une désapprobation
sur certains points, le Gouvernement wallon –
sur base d’un rapport que je lui avais transmis – a
décidé de saisir toute une série d’instances de concertation
avec le fédéral pour obtenir de nombreux
éclaircissements sur les options retenues par l’autorité
fédérale, tout en maintenant – et là, c’est important
pour vous – les priorités qu’il avait formulées de
manière constante lors des derniers mois.
Et nous
avons interrogé notamment le ministre des Entreprises
publiques sur les sources de financement envisagées
pour le raccordement de Garocentre.
Soit ce raccordement est réalisé en prélevant provisoirement
une partie des budgets réservés au renforcement
de la ligne 130A Charleroi-Erquelinnes, soit il
est financé dans le cadre des marges dégagées par un
éventuel partenariat public-privé pour la ligne
Bruxelles-Luxembourg.
Mais aujourd’hui, je maintiens à cette tribune les
inquiétudes qui sont les miennes et celles du Gouvernement
à l’égard des solutions préconisées par le
Gouvernement fédéral, et singulièrement le recours au
partenariat public-privé.
En effet, nous n’en connaissons
toujours pas les contours, nous ne savons pas
exactement sur quel type d’investissement, notamment
pour la modernisation Bruxelles-Luxembourg,
cela va porter et si cela va nous permettre, surtout, de
nous inscrire dans le projet mobilisateur EuroCapRail.
Et puis, bien évidemment, il faut voir ce qu’il
restera, à la fois sur ce financement public-privé ou
dans les budgets ordinaires, pour rencontrer l’investissement
de Garocentre et la nécessaire modernisation
de nos gares wallonnes.
Aujourd’hui, Monsieur Fontaine, je partage totalement
vos préoccupations, je partage l’objectif – quand
je dis «je», c’est l’ensemble du Gouvernement –, mais
nous sommes toujours en attente des réponses du
Gouvernement fédéral.
J’ajouterai, pour être tout à fait complet, qu’il y a
une difficulté de dialogue, aujourd’hui, et pas seulement
sur cette question.
Tout à l’heure, d’autres de
vos collègues m’interrogeront sur les gares et manifestement,
là aussi, nous tardons à obtenir des
réponses, alors même que, de par les textes qui nous
lient – fédéral et Région – nous devrions les obtenir.
Je regrette qu’un certain nombre d’instances – et je
pense singulièrement au Comité de concertation fédéral-
Région de la semaine dernière – aient été décommandées
par le Premier ministre, purement et
simplement, nous empêchant de pouvoir poser les questions
légitimes que vous posez et que nous nous posons.
Rendez-vous donc à la prochaine séance et dès que
j’aurai les éléments, croyez bien que je ne manquerai
pas de prévenir le président pour que nous ayons alors
un débat de qualité sur le sujet.
M. Fontaine (MR). – Je remercie M. le Ministre
pour ses réponses et surtout celles qui manifestent la
même inquiétude que la mienne sur le sujet.
Je me réjouis d’apprendre que le Gouvernement
confirme la position du Gouvernement précédent.
J’insiste pour que ce dossier soit particulièrement
suivi parce que de gros investissements sont en cours
actuellement sur le site de la gare autoroutière par des
logisticiens.
Il est évident que le raccordement ferré
est absolument indispensable.
Il s’agit là d’un investissement
qui peut apporter au minimum un millier
d’emplois, ce qui, pour une région comme la région
du Centre, n’est pas rien.
Monsieur le Ministre, merci d’y rester attentif et
puisque vous me fixez rendez-vous à la prochaine
séance, je ne manquerai pas de remettre ce point à
l’ordre du jour.