Parlement wallon

Questions orales

     

 Questions du 22/09/04

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La fermeture des guichets de 41 gares...

Question orale de Monsieur le Député Philippe Fontaine à l’attention de Monsieur André Antoine, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial relative à: " La fermeture des guichets de 41 gares."

-Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
chers Collègues,
la direction de la SNCB a récemment manifesté son intention de fermer les guichets de 41 gares -22 en Wallonie, une à Bruxelles et 18 en Flandre -et de réduire le service dans 11 gares, dont 6 en Wallonie et 5 en Flandre, en raison, nous dit-on, d'un taux de fréquentation des voyageurs en semaine, jugé trop faible.
En Wallonie, sur la liste rouge, figurent, entre autres, les guichets des gares telles que Manage, Quévy, Naninne, Chastre, Court-St-Etienne, Amay, Hamoir, etc., dont le nombre de voyageurs varie de 150 à 490 par jour.
Parallèlement, la SNCB mène des études statistiques pour une refonte du service intérieur.
Celles-ci ont révélé que 80 % des billets et abonnements concernaient des voyages entre ou au départ des 10 principales gares du pays et que 200 des 530 gares représentent moins de 3 % du chiffre d'affaires de la SNCB.
Plus globalement, la SNCB a calculé que seules 8 lignes intérieures étaient rentables sans subside.
Cela laisse présager d'un avenir plus qu'incertain, à la fois en termes de mobilité mais aussi d'emploi.
On vient de parler de la mobilité avec M. Crucke.
Cette mobilité est un véritable problème de société.
On organise des semaines de la mobilité, des journées sans voiture pour permettre aux villes et communes d'initier un ensemble d'actions visant à promouvoir une mobilité plus efficace, plus respectueuse de l'environnement et qui s'inscrive dans le développement durable en Wallonie.
Il est une nouvelle fois déplorable de constater que les impératifs financiers et de rentabilité de la SNCB lui imposent de prendre des décisions qui vont à l'encontre de toute politique de la mobilité dont l'objectif principal est d'accroître l'usage des transports en commun.
De plus, cette décision aura pour effet de marginaliser encore davantage les populations vivant en milieu rural puisque par un effet de boule de neige, on peut aisément craindre une suppression en cascade de lignes TEC devenues, par conséquent, elles aussi, moins rentables.
Si on projette un peu ce qui pourrait se passer dans l'avenir, si on suit la logique de la SNCB, il resterait 10 grandes gares en Wallonie qui devraient recueillir tous les navetteurs.
Il faudrait donc y construire de grands parkings et on transférerait, autour de ces 10 grandes gares, les bouchons qui sont aujourd'hui sur les autoroutes.
On n'aurait, à mon sens, absolument rien réglé parce que de toute façon, les gens devraient toujours utiliser une voiture pour se rendre dans ces 10 grandes gares restantes.
Face à ce constat, pourriez-vous, Monsieur le Ministre, me préciser ce que vous comptez faire pour défendre les intérêts wallons dans le cadre de ce dossier ?
Pourriez-vous me garantir que les décisions seront prises dans le respect des différents acteurs et des procédures, et notamment en concertation avec les communes concernées ?
Parce que dans un certain nombre de communes, où on va fermer des guichets et probablement après, des gares, on va se trouver confronté à un problème de bâtiments qui seront squattés et qui deviendront des chancres dans des endroits qui sont souvent des endroits importants dans ces communes.
Je pense, donc, que nous avons intérêt à ce que ce problème soit rencontré et qu'on essaie de garder au maximum les gares ouvertes, les guichets, un moyen de pouvoir se procurer les billets parce que si, demain, le transport en commun est destiné uniquement aux navetteurs munis d'abonnement, je crois qu'on ne va pas beaucoup avancer en matière de mobilité.
Réponse du Ministre André Antoine,
-Monsieur le Président,
chers Collègues,
inutile de rappeler à cette honorable Assemblée que je n'ai évidemment pas en charge la compétence de la SNCB et qu'elle relève du reste d'un Gouvernement fédéral dans lequel mon parti n'est même pas dans la majorité.
Vous comprendrez, donc, qu'il m'est difficile de garantir quoi que ce soit à M. Fontaine qui, du reste -et je ne dois pas vous le rappeler -, dispose de relais privilégiés tant au sein du Gouvernement fédéral qu' au sein du conseil d'administration.
Je cite notamment une excellente administratrice, Mme Van den Bulcke.
Il n'empêche, la question est posée.
M. Bayenet (PS). -Et Mme Offergeld.
M. Antoine, Et Mme Offergeld.
M. Fontaine (MR). -Vous avez la responsabilité de la mobilité pour la Région wallonne.
M. Antoine, -Attendez, attendez. Je voulais simplement vous dire. ..
Vous m'avez dit: «Est-ce que vous garantissez ?».
Je vous dis: non.
Je ne suis pas au Gouvernement fédéral, ni de près, ni de loin, je ne suis pas au conseil d'administration.
Bref, suis-je insensible, comme le disait Serge Kubla, caché dans mon cabinet ?
Bien sûr que non!
J'ai donc appris, comme vous, l'intention de la SNCB de fermer 41 gares et de réduire les services dans 11 gares parce qu'elle considère le taux de fréquentation trop faible.
Et de surcroît, lors d'un débat ce dimanche à l'émission «Mise au Point», le représentant de la SNCB a dit clairement -et sans fausse polémique avec vous, Monsieur Fontaine -: «Le Gouvernement fédéral nous donne autant d'argent, nous le traduisons en offre commerciale.
Si le Gouvernement nous donne plus d'argent, nous pourrons faire davantage en termes d'offre».
C'est en cela que je voulais dire que mon intervention est évidemment limitée, mais il n'empêche, dès que j'ai appris la nouvelle, parce que comme vous, je fais la même analyse pour les régions concernées, pour les villes traversées, pour le problème de l'avenir de ces infrastructures et de ces gares, j'ai donc interpellé à la fois le Ministre des entreprises publiques, M. Vande Lanotte, et l'administrateur général de la SNCB, M. Vinck, pour attirer son attention sur l'inquiétude que suscitent les mesures envisagées, ne fût-ce que parce que, pour nous, il y aune combinaison avec les transports en commun sur laquelle nous voudrions l'entendre et, du reste, vous l'avez rappelé, à juste titre, dans votre question.
Je n'ai pas été le seul à réagir -il ne faut pas non plus exagérer le rôle qui est le mien -d'autres l'ont fait aussi: les usagers, les communes concernées.
Bref, il y a eu un foisonnement de réactions à telle enseigne que la SNCB a décidé d'examiner, au cas par cas, la situation de chaque gare en particulier et de prendre contact. (Rumeurs).
Je le vérifierai.
Et de prendre contact avec chacune des autorités locales pour vérifier les chiffres sur lesquels ils s'avançaient et les éventuelles perspectives de rétablissement pour le service rendu dans ces gares.
À ma connaissance, ces consultations sont actuellement en cours et ce n'est donc que dans une seconde phase, j' insiste bien, que le comité de direction prendra une décision définitive.
Mais, rassurez-vous, je ne vais pas rester au balcon, même s'il est fort joli, je ne vais pas attendre que la décision tombe.
C'est d'ailleurs pour cela, et j'ai le plaisir de vous l'annoncer , que j' ai sollicité, dès l'annonce de la fermeture, un rendez-vous avec M. Vinck.
Comme cela, cela vous donnera l'occasion de me réinterpeller le moment venu.
Ce rendez-vous est pris le 29 septembre.
Je vais, sous le bras, avec des dossiers extrêmement importants pour la Région wallonne: l'avenir du préfinancement, la modernisation de certaines lignes.
Là, il y va de l'intérêt majeur de la Wallonie.
Mais au-delà de cela, je ne manquerai évidemment pas d'évoquer les éléments que vous venez de rappeler.
Du reste, la SNCB, dans le cadre de son projet stratégique pour l'activité «voyageurs», va être amenée à définir une nouvelle structure de l'offre de transport à l'horizon 2006.
Elle devra non seulement porter sur les relations fortes du type City Proxy, City Express mais aussi du RER qui est la troisième préoccupation que je ne manquerai pas d'évoquer avec M. Vinck.
Permettez-moi, simplement, moi qui veut vraiment me positionner comme Ministre des bus, de dire que nous sommes fiers -et je n' y suis pour rien, il y a des présidents de TEC, des administrateurs, des gestionnaires de la SRWT -, qu'il y ait du côté du groupe TEC, une réelle dynamique, avec les moyens limités qui sont les nôtres.
Et je sais très bien, je ne suis pas naïf, que la discussion budgétaire 2005 sera difficile pour les transports en commun, extrêmement difficile pour une raison simple: c'est un secteur budgétivore.
La moindre ligne, la moindre modification, dès lors que vous avez 5.000 personnes qui travaillent dans ce secteur-là, entraîne des dépenses très conséquentes.
Mais laissez-moi quand même dire ma fierté de voir ce groupe qui prend des initiatives nouvelles.
Hier, nous avions la ligne rapide Couvain-Namur, aujourd'hui - et nous le devons à Maurice Bayenet -, c'est cette ligne rapide entre Bastogne-Marche-Namur dont on me dit, aujourd'hui, qu'elle donne des signes particulièrement encourageants.
Et je formule le voeux ...
M. Bayenet (PS). -On doit la dédoubler. >
M. Antoine, -Eh bien voilà, vous voyez, là, je crois que le succès sera à la clé.
Je suis un peu plus sceptique -M. Bayenet le sait -sur l'autre formule du Telbus car les recettes escomptées sont très loin du coût que cela engendre pour la Région wallonne.
Mais je formule le voeux d'avoir une nouvelle ligne rapide pour le Condroz vers Liège parce que là, aussi, il y a des régions à désenclaver pour leur permettre d'atteindre Liège.
Donc, très clairement: non, nous n'acceptons pas la décision de la SNCB.
Oui, nous allons les voir et nous verrons avec les autorités locales quelle aura été la confrontation et les résultats de celle-ci.
Mais croyez bien, qu'avec les moyens qui sont les nôtres, avec nos bus, nous essaierons de répondre présents partout où c'est possible.
Mais bien évidemment, 2005 sera une année importante: contrat de gestion et premier budget de la législature.
M. Fontaine (MR). -Merci, Monsieur le Ministre, pour votre réponse.
µ Je savais évidemment que vous ne pouviez pas prendre des décisions importantes en ce qui concerne la SNCB.
Mais votre rôle est au moins, comme je le disais d'ailleurs à votre prédécesseur en la matière, d'être notre avocat auprès du Gouvernement fédéral et de la direction de la SNCB, parce que je pense qu'il est important qu'un certain nombre de gares puissent continuer à fonctionner et, particulièrement, dans des régions où le chômage est très important et où, finalement, on demande aux travailleurs une plus grande mobilité sans leur offrir les moyens de répondre à cette demande de mobilité parce qu'ils ne peuvent plus circuler au moyen des transports en commun.
Je crois, donc, que c'est évidemment un problème particulièrement important.
Je vous remercie d'y être attentif.
Je réponds à votre proposition de rendez-vous après le 29.
Je crois que c'est effectivement un dossier particulièrement important parce que si des efforts sont faits au niveau des TEC -domaine que je connais bien parce que j'ai été très longtemps administrateur du TEC-Charleroi -, mais que l'épine dorsale du transport en commun qu'est la SNCB est toujours, elle, en régression au niveau de son offre, je crois qu'on aura du mal, alors, en Région wallonne, d'avoir vraiment un transport en commun cohérent.