Parlement wallon

Questions orales

     

 Questions du 08/10/03

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L’action patches gratuits ... 
Question orale de Monsieur le Député Philippe FONTAINE à Monsieur Thierry DETIENNE, Ministre de l’Action sociale et de la Santé relative à:
« L’action patches gratuits «


Pour que le coût ne soit pas une barrière supplémentaire à la volonté d’arrêter de fumer, le Ministre Thierry DETIENNE met à disposition des médecins généralistes qui le souhaitent des patchs nicotiniques pour faciliter l’arrêt du tabac » pouvait-on lire dans la presse ce 6 septembre.
Tout en semblant louable, votre initiative n’est pas sans poser un certain nombre de questions.
Tout d’abord, un traitement de sevrage par patch est moins cher que le paquet de cigarettes que le fumeur s’achète en moyenne tous les jours…
Que reste-t-il des raisons sociales à l’origine de votre initiative ?
Ensuite, vous prévoyez l’organisation d’une mini-formation. Où aura-t-elle lieu ?
Qui l’organisera ?
Quel sera son coût ?
Comment la justifiez-vous en regard du fait que les médecins généralistes prônent et pratiquent le sevrage tabagique depuis des années ?
Il est également question de prise en charge des patients fumeurs par des médecins référents.
Au-delà du fait que le succès d’une telle procédure me semble hasardeux, ne pensez-vous pas qu’il vaudrait mieux laisser le patient fumeur être suivi dans ce domaine par son médecin traitant, gérant ses autres problèmes de santé ?
N’est-il pas du ressort du pharmacien de délivrer des produits pharmaceutiques, même gratuitement, sur prescription médicale ?
Comment la marque des patchs sera-t-elle choisie ?
Combien de patchs comptez-vous distribuer ?
Pendant combien de temps ?
Votre campagne tient-elle compte du fait qu’il faut parfois plusieurs tentatives d’arrêt ?
Comment allez-vous contrôler que ces patchs sont réellement distribués au public que vous avez ciblé ?
Quelles seront les modalités d’obtention de ces patchs ?
De plus, d’après les contacts que j’ai pu avoir avec le secteur, il semble que les principaux intéressés, les médecins généralistes, n’aient pas été consultés préalablement.
Qu’en est-il ?
Quel accueil ont-ils réservé à votre proposition ?
Quel sera le coût de l’opération pour la Région ?
Enfin, ne croyez-vous pas qu’il eut été plus souhaitable de consacrer cette somme à la distribution gratuite de vaccins anti-grippe et anti-pneumocoques plutôt qu’à des substituts nicotiniques ?
Réponse du Ministre Detienne
Voici des éléments de réponse aux nombreuses questions que vous me posez
Un traitement de sevrage par patch est moins cher que le paquet de cigarettes que le fumeur s'achète en moyenne tous les jours... Que reste-t-il des raisons sociales à l'origine de votre initiative ?
II est vrai qu'en pur raisonnement logique, le traitement par patch ne coûte pas nécessairement plus cher que l'achat du tabac.
Mais il faut tenir compte d'autres éléments
Pour qu'un traitement ait un maximum d'efficacité, il faut un accompagnement du médecin, ce qui entraîne des dépenses supplémentaires.
D'autre part, de l'aveu de fumeurs eux-mêmes, l'engagement dans un traitement ne garantit pas l'arrêt du tabac et les personnes ayant un petit revenu disent reculer devant un tel investissement : j'ai donc voulu réduire cet obstacle pour partie psychologique.
Estimez-vous réellement que moins de 0.3% des fumeurs auront envie d'arrêter sans en avoir les moyens ?
Comment allez-vous contrôler que ces patch sont réellement distribués au public que vous avez ciblé ?
Que se passera-t-il si la demande est supérieure au nombre prévu ?
Les généralistes vont-ils devoir procéder à un classement de leurs patients en fonction de leur situation financière ?

Il est évidemment impossible d'estimer avec précision le nombre de fumeurs qui entreront dans l'action.
En ce qui concerne les 3000 conditionnements prévus pour novembre et décembre, il est possible que ce soit insuffisant.
Le budget que j'ai débloqué en cette fin d'année est un premier paquet permettant de lancer l'opération ; un budget nettement plus important y sera consacré en 2004.
Notez que 3000 conditionnements permettent déjà de soigner environ 1000 personnes.
Si cet objectif devait être dépassé, j'en serais ravi ; le bénéfice pour la santé publique serait déjà considérable.
Et dans ce cas, je prendrai mes responsabilités pour faire face à la demande.
Par ailleurs, j'insisterai auprès des généralistes sur deux choses
1. Le patch n'est pas la panacée et son efficacité tient en grande partie à la qualité de l'accompagnement ; en outre, une période de préparation à l'arrêt est souvent indispensable.
II ne s'agit donc pas de les « distribuer » purement et simplement.
2. Le patch est réservé aux personnes pour qui leur achat représente une difficulté financière significative.
Je n'ai pas fixé de critères précis en raison du fait qu'il n'appartient pas à un médecin de faire du contrôle administratif et social.
Cette question sera abordée par le médecin et le patient dans le cadre du colloque singulier, et la décision prise en accord avec le patient.
Sur ces deux points, je fais pleinement confiance au bon sens des médecins pour qu'ils fassent usage de cette possibilité avec discernement.
Votre campagne tient-elle compte du fait qu'il faut parfois plusieurs tentatives d'arrêt ?
Le nombre de patch qu'il faut pour un traitement n'est pas déterminé ; de même, la reprise d'un traitement après rechute n'est pas interdite.
Ceci relève de la responsabilité du médecin, et il ne m'appartient pas d'intervenir dans les modalités de traitement.
A nouveau je vous répète qu'à ce sujet, je leur fais pleinement confiance.
Quelles seront les modalités d'obtention de ces patchs ?
Les modalités d'obtention ne sont pas encore fixées de manière définitive ; des négociations sont en cours.
Toutefois, ma préférence va de loin à la délivrance par le pharmacien sur base d'une prescription spéciale.
Comment la marque de patch sera-t-elle choisie ?
Dans le respect de la loi sur les marchés publics, j'ai procédé à une consultation de marché.
Des négociations sont en cours avec l'industrie.
Organisation d'une mini formation.
Où aura-t-elle lieu ?
Qui l'organisera ?
Quel en sera son coût ?
Comment la justifiez-vous en regard du fait que les médecins généralistes prônent et pratiquent le sevrage tabagique depuis des années ?

La « Mini-formation » dont vous parlez sera en réalité une rencontre avec les médecins destinée à les informer en détail de l'action, répondre à leurs questions et aussi à recueillir leur avis, remarques et suggestions.
Une évaluation globale sera faite et le projet éventuellement réaménagé en conséquence.
Je compte l'organiser en concertation avec les cercles locaux de médecins généralistes ; l'accréditation sera demandée.
La participation à cette rencontre n'est pas obligatoire mais j'ai demandé avec insistance aux médecins d'y venir car je pense que ce moment d'échange est essentiel.
Ne pensez-vous pas qu'il vaudrait mieux laisser le patient fumeur être suivi dans ce domaine par son médecin traitant, gérant ses autres problèmes de santé ?
II est bien évident que tout médecin généraliste est compétent pour accompagner son patient fumeur; c'est d'ailleurs pourquoi j'ai sollicité la participation de tous les généralistes à cette campagne.
La notion de médecin référent a été pensée dans le cadre de l'élaboration du plan wallon « Santé sans tabac » avec la participation de la Société Scientifique de Médecine Générale (SSMG), organisation de référence pour les médecins généralistes.
Ce modèle est déjà largement développé dans le cadre de la toxicomanie par les réseaux Alto de ladite SSMG.
Le médecin référent n'a pas pour objectif de créer un réseau de spécialistes chez qui l'on réfère automatiquement.
Mais, il existe 2 types de situation où cela peut s'avérer utile :
- soit le médecin ne se sent pas apte à prendre en charge ce type de problème, ce qui en soi est respectable,
- soit l'accompagnement échoue en raison de la gravité du problème de dépendance ; un accompagnement plus pointu peut alors s'avérer nécessaire.
Dans ces cas, il peut s'avérer utile au patient d'être renvoyé à un professionnel plus spécialisé ; ce n'est pas une obligation et il appartient au médecin de juger de l'opportunité de le faire ou non.
Rappelons à ce sujet que, de l'avis des experts et, contrairement aux idées reçues qui banalisent le tabagisme, celui-ci représente souvent une forme de toxicomanie grave dont il peut être extrêmement difficile de se sortir.
Toutefois, comme ce système de référent suscite des interrogations, le sujet sera débattu lors des rencontres décentralisées, et je pense qu'il appartient aux cercles locaux de définir des règles communes pour éviter que ce système ne génère des conflits entre confrères.
N'est-il pas du ressort du pharmacien de délivrer des produits pharmaceutiques, même gratuitement, sur prescription médicale ?
Je confirme qu'il est bien du ressort du pharmacien de délivrer ce type de produit ; c'est pourquoi des discussions sont en cours avec les représentants de la profession pour en examiner la faisabilité.
Il semble que les principaux intéressés, les médecins généralistes, n'aient pas été consultés préalablement.
Qu'en est-il ?
Quel accueil ont-ils réservé à votre proposition ?

En ce qui concerne la concertation avec le secteur, je rappelle que le plan « Santé sans tabac » a été concocté en concertation avec la SSMG, notamment, et que les contacts se poursuivent.
La réponse des généralistes a été dans l'ensemble très positive, puisqu'à ce jour plus de 1200 demandes de participation ont été enregistrées.
Quant aux réactions négatives, elles résultent dans la grande majorité des cas d'une mauvaise interprétation de l'information qu'ils ont reçue.
Quel sera le coût de l'opération pour la Région ?
En terme de budget, j'ai réservé un premier budget de 50.000 Euros pour couvrir les deux derniers mois de 2003, puisque le patch gratuit ne sera disponible qu'en début novembre ; pour la suite, je prendrai mes responsabilités en fonction de la demande qui me sera adressée.
Je rappelle à ce sujet que c'est là un problème de santé publique majeur: le tabac fait entre 5000 et 6500 morts en wallonnie par an, selon les estimations.
L'organisation du sevrage tabagique relève de mes compétences : je prendrai dès lors mes responsabilités jusqu'au bout pour apporter ma contribution en ce domaine.
Cette campagne sera évaluée rapidement, et sa poursuite décidée en fonction des résultats obtenus.
Ne croyez-vous pas qu'il eut été plus souhaitable de consacrer cette somme à la distribution gratuite de vaccins anti-grippe et anti pneumocoques plutôt qu'à des substances nicotiniques?
Je vous rappelle que la vaccination relève de la compétence de la Communauté française, alors que l'aide au sevrage est bien de ma responsabilité.