Parlement wallon

Questions orales

     

 Questions du 08/10/03

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Les menaces de suppression pesant sur le Thalys ... 
Question orale de Monsieur le Député Philippe FONTAINE à Monsieur José DARAS, Ministre des Transports, de la Mobilité, et de l’Énergie sur:
« Les menaces de suppression pesant sur le Thalys Charleroi-Paris».


Monsieur le Ministre,
A la lecture de la presse du mercredi 30 septembre dernier, j’ai été vivement interloqué par l’information selon laquelle le Thalys Liège-Namur-Charleroi-Paris serait supprimé dès le 4 janvier prochain.
Si cette information devait être confirmée, ce serait une véritable catastrophe pour la mobilité en Wallonie, la dorsale wallonne n’étant plus alors desservie par des lignes ferroviaires à vocation véritablement européenne.
Cette disparition de la ligne Thalys serait d’autant plus néfaste que sa création avait engendré l’abandon de certaines liaisons internationales.
Il semble que c’est de Paris et plus exactement de la SNCF que provient l’idée de cette suppression, la SNCF invoquant le manque de rentabilité de cette ligne avec un taux de fréquentation qui serait inférieur à 50%.
Cette situation me choque d’autant plus que la Wallonie n’est déjà pas favorisée en matière de desserte ferroviaire.
Dois-je rappeler qu’elle ne reçoit du fédéral que 40% pour cent du budget alloué au chemin de fer belge tandis que son réseau couvre une superficie presque deux fois supérieure à celle de la Flandre et surtout avec un relief bien plus accidenté ?
Il n’est dés lors pas envisageable que la Wallonie prenne à sa seule charge une augmentation des frais d’exploitation de la ligne Thalys qui résulterait d’un désengagement français.
Mes questions sont les suivantes, Monsieur le Ministre,
Ø Que pensez-vous d’une décision prise à Paris qui impliquerait une privation d’accès au TGV pour toute la Wallonie à l’exception de la Ville de Liège ?
Charleroi, Namur, la Wallonie ne méritent-t-elles pas avec la position centrale qu’elles occupent en Europe de bénéficier d’un Wagon de première classe dans le train de la modernité ?
Ø Les chiffres de fréquentation avancés par la SNCF correspondent-il à la réalité ?
Ø Avez-vous pris des contacts avec votre homologue du Gouvernement fédéral, entamé des démarches avec la SNCF pour que l’intérêt des Wallons ne soient pas minimisé, voire écarté?

Je vous remercie
Réponse du Ministre José DARAS,
Les informations selon lesquelles la S.N.C.F. - partenaire de la S.N.C.B. dans l'exploitation du Thalys sur la relation Liège/Namur/Charleroi/Mons/Parisenvisagerait la suppression de cette desserte sont malheureusement fondées
Le partenaire français prétend que le marché est arrivé à saturation et qu'aucune amélioration significative des recettes ne peut être attendue dans les prochains mois.
Avec un taux d'occupation de moins de 40 %, cette relation est la moins performante de l'ensemble de l'offre Thalys.
En outre, c'est sur le territoire français que la plus grande distance est parcourue confiant aux français la plus grande part de la charge de la perte.
Ainsi, lors du prochain Conseil d'administration de Thalys international, le 23 octobre, la SNCF plaidera en faveur de la suppression de cette relation.
A ce jour, la décision n'est pas prise.
La SNCB me confirme de son côté que sont examinées les options pour maintenir cette relation
Il va de soi que je ne peux accepter sans réagir une décision non concertée, et contraire aux options adoptées par le Gouvernement wallon pour inscrire la Wallonie au cœur des grandes relations internationales.
A cet égard, il faut signaler que le 18 septembre encore, le Gouvernement wallon rappelait ses priorités en demandant à la S.N.C.B. d'inscrire dans son programme pluriannuel 2004-2007 les investissements indispensables pour rencontrer les objectifs d'Eurocap Rail, projet visant à mettre en place une liaison rapide entre Bruxelles- Namur - Luxembourg et Strasbourg.
Les détails relatifs au calendrier d'exécution demandés par Monsieur Lebrun, sont évoqués dans le cadre de la question relative à Eurocap Rail.
Le même jour, le Gouvernement demandait également à la S.N.C.B. de prévoir entre 2004 et 2007 les études d'une nouvelle dorsale wallonne (de frontière à frontière).
Il s'agit là encore d'intégrer la Wallonie dans les grands courants EstOuest.
L'action du Gouvernement visant à gommer les effets frontières et à ouvrir la Région aux régions limitrophes n'est pas neuve.
Dès 2001 l'électrification du tronçon Montzen - Achen, la réalisation du raccordement de Mont-St-Martin, l'étude de la réouverture de la ligne Dinant - Givet ou de la ligne Mons - Valenciennes étaient demandées dans le cadre du plan d'investissements 2001/2012.
Dans le cas qui nous préoccupe aujourd'hui, la Région demande au Gouvernement fédéral et à la S.N.C.B de ne pas mettre en oeuvre une option qui irait à l'encontre de notre volonté de nous investir davantage dans la problématique ferroviaire en allant jusqu'à préfinancer la réalisation d'investissements que nous estimons prioritaires.
En co-signature avec le Ministre-président, nous avons adressé à la SNCB et au Gouvernement fédéral un courrier rappelant fermement les options de la Région wallonne et la nécessité de conserver l'offre Thalys sur la relation concernée.
Il faut noter également que le 18 septembre dernier, le GW faisait de l'amélioration de l'actuelle dorsale wallonne une priorité.
Même si dans un premier temps le tronçon Namur-Auvelais ne représente qu'une petite portion du tracé, il marque le début d'une amélioration des performances sur le territoire belge.
Par ailleurs, je demande également à Thalys de garantir que toutes les options en matière commerciale ont été entreprises afin d'assurer la meilleure attractivité à l'offre.
Dans la foulée, pour répondre à Monsieur Desgain, je vous livre des éléments relatifs aux relations classiques vers la France, entre Lille et Tournai. Il y a quelques mois, ces relations ont été menacées, la SNCF ne souhaitant plus se charger du coût de redevance d'infrastructure.
Des rencontres entre SNCF, SNCB et Région Nord Pas-de-Calais, concernées par la tutelle sur le transport ferroviaire régional, se sont tenues.
Il ressort que l'offre actuelle n'est pas modifiée et est maintenue jusqu'en décembre 2004.
Les parties continuent la concertation sur les modalités d'une convention organisant l'offre au-delà de décembre 2004.
Il est à noter que les Français sont favorables au maintien de l'offre, notamment dans le cadre de l'évènement Lille 2004, capitale culturelle.
Je reste attentif à la bonne évolution du dossier.
Eléments relatifs à l'offre TGV sur Liège (question qui n'a pas été formulée mais risque d'être abordée)
Il est exact également que la DB souhaite supprimer une des 7 relations TGV Paris-Bruxelles-Cologne au 15 décembre prochain.
Cette suppression est particulièrement préjudiciable pour les usagers partant de Liège vers Bruxelles et/ou Paris ainsi que pour ceux effectuant la relation en retour.
Le souhait de la DB est motivé pour des raisons d'ordre commercial et de concurrence avec le développement de l'offre ICE (TGV allemand) reliant Cologne à Liège - Bruxelles.
Dans ce cas également, la SNCB examine les options pour maintenir cette 7eme relation.
Le rapport de force avec la DB est défavorable aux belges mais on peut imaginer cette 7eme relation entre Paris-Bruxelles-Liège et non poursuivie jusque Cologne.
Quoi qu'il en soit, après une tentative de sortir l'axe Bruxelles-Luxembourg des relations internationales, nous nous trouvons face à de nouvelles menaces.
Croyez bien que je veillerai à déployer la même énergie que celle déployée pour Eurocap rail dans le cadre du Thalys.