|
|
- |
Les difficultés de l’entreprise MECAR à trouver...
|
Question orale de Monsieur le Député Philippe FONTAINE, Président du Groupe MR au Parlement wallon, à Michel FORET,
Ministre de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme et de l’Environnement sur:
« Les difficultés de l’entreprise MECAR à trouver un terrain d’essai et les menaces sur l’emploi qui en découlent »
Chacun connaît l’intérêt que je porte à l’évolution du dossier « MECAR » et aux problèmes de cette société - propriété du
groupe américain ARC produisant une large gamme de munitions de défense allant de la cartouche pour canons aériens à l’obus
de char – à disposer d’un terrain d’expérimentation.
La solution qui avait pu être trouvée à l’époque (dérogation pour l’exploitation du site d’Aye ) est désormais
malheureusement compromise suite à la récente décision du Conseil d’Etat.
Cette entreprise se retrouve dès lors aujourd’hui dans la même situation qu’il y a dix-huit mois, lorsque j’avais
interpellé le ministre KUBLA sur le sujet en séance publique et le ministre FORET par voie postale.
Bien que MECAR possède déjà un champ de tir à Petit Roeulx, celui-ci ne peut servir que pour les munitions légères et son
extension est impossible.
Sans possibilité d’effectuer de véritables tests sur champ de tir pour ses gros calibres, l’entreprise– de par la nature
de ses activités - ne pourrait que difficilement honorer ses commandes.
La solution actuelle – concession de l’armée pour utiliser le site d’Elsenborn en dehors des heures réservées aux
militaires – ne peut constituer qu’une alternative temporaire tant les contraintes sont réelles et difficilement
conciliables avec une activité économique durable.
Ainsi, l’entreprise se voit dans l’obligation de procéder à grand frais à ses tests à l’étranger, ce qui grève
inexorablement sa compétitivité.
Dans ce contexte, les syndicats ont récemment fait part de leur crainte de voir l’entreprise délocaliser une partie de
son activité au USA où elle possède une filiale avec un champ de tir, celle-là.
La presse avait d’ailleurs en avril 2002 fait part des intentions de la direction de délocaliser une partie de ses
activités (Recherche et Développement, Prototype et champ de tir) si les choses n’évoluaient pas favorablement.
Si l’on ne compte que les travailleurs du site de Petit Roeulx, dans l’entité de Seneffe, l’entreprise emploie près de
400 personnes.
Il serait insupportable de voir ces emplois menacés d’autant plus que la région du Centre n’est pas épargnée par la crise
actuelle et que l’essentiel du personnel est composé de femmes, public déjà plus durement touché par le chômage.
Adopter une politique volontariste en matière d’emploi – comme celle que nous menons depuis le début de cette législature
- n’a de sens que si elle se complète d’un effort tout particulier pour maintenir ceux qui existent déjà, surtout lorsque
la situation économique de l’entreprise n’est pas en cause.
Son carnet de commande s’est d’ailleurs diversifié et ne désemplit pas.
Vous noterez à cet égard que l’entreprise ne semble pas demander d’aide financière à la Région.
Il me revient que la commune de DOISCHE – demandeuse de l’implantation du site sur son territoire - avait à l’époque
demandé un Plan Communal d’Aménagement Dérogatoire pour attirer l’investisseur sur le site des anciennes Poudreries Réunies
de Belgique à Matagne.
Sans négliger la présence d’une zone NATURA 2000 à proximité du site envisagé, il me paraît que les retombées sur
l’économie locale et sur l’emploi ( il semblerait que l’entreprise ait promis l’engagement d’une poignée de travailleurs
locaux ), sont des éléments à prendre en considération dans la prise de décision.
Dès lors messieurs les ministres, je désirerais vous poser les questions suivantes :
· Au vu des dernières décisions juridictionnelles, la possibilité de l’implantation du champ de tir sur le site des
anciennes PRB pourrait-elle être réactivée ?
La décision refus du PCAD présenté par la Commune de DOISCHE en juillet 2002 ne peut-elle pas être revue en regard des
derniers développements et du fait que la commune s’est retirée du parc naturel de VIROIN-HERMETON ?
Je me permets par ailleurs de faire remarquer que les techniques de tir actuelles sont en évolution constante et permettent
de réduire considérablement les nuisances afférentes.
· Vu l’urgence, une décision en ce sens n’est-elle pas préférable à une modification du plan de secteur dont la
lourde procédure risque d’aboutir trop tard pour les travailleurs de MECAR ?
· Notre ministre de l’Economie compte-t-il intervenir auprès du ministre FLAHAUT afin d’étudier les possibilités que
pourraient offrir la défense en matière de terrain d’expérimentation, le site d’Elsenborn n’offrant qu’une solution
temporaire ?
D’autres entreprises sembleraient - selon mes informations - également intéressées par un tel site ?
Avez-vous des informations en ce sens ?
Je vous remercie d’ores et déjà, Messieurs les Ministres, des réponses que vous pourrez nous apporter et je vous fait
confiance pour trouver une solution rencontrant à la fois les légitimes préoccupations environnementales et les tout
aussi légitime intérêts économiques de notre région.
Réponse du Ministre Foret
Je suis, comme l'ensemble du Parlement wallon le sait, très attentif à l'évolution du dossier de la S.A. MECAR, et tout
particulièrement de son champ de tir expérimental en Région wallonne.
En effet, cette société d'armement, filiale d'un groupe américain, a besoin pour expérimenter les munitions qu'elle
fabrique sur son site de Petit Roeulx à Seneffe, d'un terrain d'essais.
Un tel champ de tir était implanté à Marche-en-Famenne depuis 1947, et a donné, jusqu'il y a quelques années, satisfaction.
Introduisant un permis d'exploiter pour assurer la prolongation de ses activités, la société s'est vue refuser celui-ci
par la Députation permanente de la Province de Luxembourg.
Saisi sur recours, et après une analyse minutieuse du dossier, j'ai octroyé ce permis en juillet 2002.
Le Conseil d'Etat a cassé ce permis, estimant notamment qu'une évaluation des incidences sur l'environnement aurait dû
être liée à cette demande et d’ autre part, que le statut de la zone au plan de secteur (zone forestière) était incompatible
avec une telle implantation in industrielle.
Je conteste fortement cette analyse mais dois bien entendu m'y soumettre.
Je rappelle que les règles jusqu'ici en vigueur permettaient de maintenir les implantations industrielles existant dans un
lieu avant l'adoption du plan de secteur correspondant ; par dérogation, elles pouvaient être maintenues là où elles
avaient jusqu'alors exercé leurs activités.
De plus, la Députation permanente n'avait pas estimé nécessaire d'imposer une étude d'incidence sur l'environnement à
l'entreprise, dans la mesure où ses activités étaient simplement prolongées.
J'avais quant à moi estimé que l'ensemble des conditions d'exploiter que j'imposais à la société permettait de rencontrer
tous les risques de nuisances craints par les riverains.
A chacun ses responsabilités !
Je regrette, pour ma part, si la Ville de Marche-en-Famenne a souhaité chasser cette entreprise de son territoire ; elle
en porte la responsabilité.
Prolongeant les entretiens que j'avais eus avec l'entreprise depuis juillet 2002, j'ai conclu avec eux qu'il était
essentiel d'activer les démarches pour accéder aux domaines militaires wallons, que ce soit celui de Marche ou d'Elsenborn.
Des contacts ont lieu avec Monsieur le Ministre de la Défense National André flahaut de façon à ce que l'entreprise
puisse continuer d'utiliser les terrains militaires pour ses essais.
Je ne doute pas que ces contacts aboutiront.
En effet l'analyse du dossier montre que l'hypothèse d'un plan communal d'aménagement dérogatoire pour l'implantation d'un
tel terrain d'essais à Doische est contraire au code wallon d'aménagement du territoire, en ce qu'une telle procédure
exige que le dossier ne porte pas atteinte à l'économie générale du plan, qu'il réponde à des besoins économiques et
sociaux et que de réelles possibilités d'aménagement sont présentes.
C'est dans l'arrêt du Conseil d'Etat détruisant le permis d'exploiter pour le terrain de Marche que l'on peut trouver un
argumentaire supplémentaire en ce sens : la zone visée à Doische est en effet en zone forestière d'intérêt paysager au
plan de secteur. Qu'elle soit ou non incluse dans le parc naturel de Viroin-Hermeton ne change rien à cette situation.
Je ne souhaite donc pas m'engager dans une procédure de révision de plan de secteur pour l'implantation, en plein bois,
d'une zone industrielle à cette fin, mais rappelle mon attachement complet à confirmer cette entreprise dans son activité
industrielle en Wallonie.