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La situation actuelle et l'avenir de la SONACA...
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Question orale de Monsieur le Député Philippe FONTAINE à Monsieur Serge KUBLA, ministre de l'Economie, des PME, de la Recherche et des Technologies nouvelles, sur:
« La situation actuelle et l'avenir de la SONACA »
La crise aéronautique, latente dès mi-2001 et exaspéré à la suite des attentats du 11 septembre, a plongé le secteur
- cyclique par nature - dans une situation difficile.
Conjuguée à la conjoncture mondiale et aux incertitudes liées à la crise en Irak, la situation dans le transport aérien a
conduit de nombreux constructeurs a devoir reporté, voire annuler, nombres de commandes.
Ces décisions ne sont évidemment pas sans influence sur les sous-traitants, parmi lesquels la SONACA, dont la participation
de région sont dans un holding ses participations Principalement active dans le domaine de l'aviation civile (90 %),
la SONACA - pourtant proche de la faillite en 1995 - est aujourd'hui une entreprise mondialement réputée, leader mondial
dans sa niche.
Toutefois, la conjoncture sectorielle a poussé les clients de l'entreprise (principalement AIRBUS et EMBRAER) à reporter
certaines de leurs commandes et donc à diminuer les cadences de productions de la SONACA.
Afin de garantir la pérennité de l'entreprise - dont la situation reste globalement saine - la direction a réagi rapidement
en annonçant un plan de réduction des coûts dont les lignes directrices - en ce qui 'concerne le volet social - sont :
prépensions, renouvellement limité des contrats à durée déterminée (CDD) et licenciements secs.
Le nombre de personnes susceptibles d'être touchés par le volet social n'a pas été précisé mais est estimé selon les
informations parues dans la presse à 165 travailleurs, ouvriers, employés et cadres dont une cinquantaine de licenciements
secs.
Dans un premier temps la direction avait annoncé que le volume d'emploi touché ne nécessiterait pas l'application de la
procédure Renault.
Toutefois lors du Conseil d'administration du 4 mars dernier, celui-ci a demandé à la direction de réévaluer son plan
d'action 2003 d'ici fin mars, en raison des incertitudes de la situation en Irak.
De plus, il a fait part de sa volonté de voir appliqué les procédures de la Loi Renault, à la satisfaction des syndicats.
Il me paraît essentiel de continuer à croire dans un secteur qui reste un des fleurons de notre technologie et participera
encore à l'avenir - j'en suis persuadé - au renouveau économique wallon.
D'autant plus que les prévisions à long terme - 2001-2010- restent, de l'avis des spécialistes, plutôt encourageantes.
J'aimerais dès lors, Monsieur le Ministre, vous poser les questions suivantes
- Avez-vous des informations plus précises à la fois sur la situation actuelle, sur l'opportunité des licenciements et sur
les perspectives d'avenir, tant à la SONACA que dans les autres entreprises du Cluster aéronautique ?
- Existent-t-il selon vous des solutions alternatives à celles présentées par la direction ?
Une nouvelle intervention de la région ne serait - selon toute probabilité - pas acceptée par l'Europe.
Dès lors, quelles sont les possibilités alternatives pour améliorer - notamment - la situation de la trésorerie et garantir
l'avenir de l'entreprise en général : Acquisitions à l'étranger ? Entrée en bourse ? Participations privées au capital ?
- La presse s'est fait l'écho de difficultés importantes à venir pour la SABCA, qui devrait bientôt annoncer un plan de
restructuration.
Avez-vous des précisions à nous apporter sur ce point ?
- Ou en est l'idée d'un centre d'excellence dans le domaine de l'aéronautique ?
Réponse du Ministre Serge Kubla,
Depuis que je suis en charge du Ministère de l'Economie au sein de la région wallonne, le secteur de l'aéronautique est un
de celui qui m'a le plus passionné car les entreprises aéronautiques Sabca et Sonaca ont connu au court de ces dernières
années un développement remarquable , elles ne sont toutefois pas à l'abri des aléas conjoncturels et tout le monde connaît
en lisant la presse, le nombre de faillites et le nombre de « chapter eleven » qui sont intervenues dans le monde des
transporteurs aériens.
Cela n'est pas sans conséquences pour les commandes passées chez Boeing et EADS, il est donc normal que leurs
sous-traitants connaissent également, avec un peu de décalage dans le temps quelques difficultés.
Je m'étendrai plus particulièrement sur la Sonaca dont la Région est l'actionnaire majoritaire.
Je m'en voudrais à cet égard de ne pas citer quelques chiffres.
Les ventes et prestations de Sonaca sont passées de 66.460 K/€ en 1994 à 176.897 K/€ en 1999 et enfin à 259.326 K/€ en 2001.
le Cash flow passant lui de 191 K/€ en 1994 à 14.527 K/€ en 1999 et à 24.231K/€.
Les fonds propres étant fin 2001 de 176.562 K/€.
Sonaca est par ailleurs sorti progressivement du programme F16, pour s'investir massivement dans l'aviation civile en
diversifiant sa clientèle par Airbus, Embraer et Dassault.
Je voudrais également répondre à Monsieur Ficheroulle que la création de Sobraer située à San Jose Dos Campos a consolidé
les relations d'affaire entre Sonaca et Embrear.
Vous comprendrez qu'un pays émergent comme le Brésil exige une partie de la valeur ajoutée fournie à une de ses entreprises
majeures soit réalisée sur place.
Cette entreprise occupe une quarantaine de personnes.
L'entreprise est aussi passée de 1.000 en juin 1996 à 1870 personnes en 2001.
Les difficultés conjoncturelles actuelles de la société sont non seulement dues aux difficultés des grandes compagnies
aériennes, mais aussi à l'émergence de compagnies « low cost » et une croissance trop rapide des charges salariales au
cours des dernières années.
Outre ses clients actuels, Sonaca s'évertue également de nouer des contacts commerciaux avec Boieng et Bombardier.
En cas de succès, Sonaca deviendrait fournisseur des 5 plus grands constructeurs d'avions civils au monde, ceux-ci
connaissant une tendance lourde de se concentrer sur leur core business et de confier certains sous-ensemble à des
sous-traitants spécialisés comme Sonaca, dans les bords d'attaque des ailes.
Le positionnement de Sonaca dans un secteur de toute façon en croissance à long terme me rassure sur l'avenir de l'entreprise
, même si celle-ci est, comme d'autres, soumise aux aléas de la conjoncture.
Au sein de mon département, j'ai toujours fait en sorte que les dossiers de recherche développement introduits par Sonaca
et d'ailleurs par l'ensemble des autres acteurs de l'industrie aéronautique wallonne soient traités de manière prioritaire
par mon Administration.
Par ailleurs, la problématique des NRC, et ce dans les limites acceptables telles que conclues dans l'accord de l'OMC, a
été rencontrée tant par le Gouvernement fédéral que par la Région wallonne.
Je n'exclus pas non plus à terme lors d'une reprise du marché aéronautique d'ouvrir le capital à un ou des actionnaires
minoritaires.
La Direction de Sonaca a bien conscience de ses responsabilités en matière de développement économique et de gestion du
personnel.
Différentes hypothèses sont envisagées qui incluent toutes l'initiation d'une procédure « Loi Renault ».
Compte tenu de l'évolution de la situation, laquelle est, bien entendu, liée au développement du conflit armé au
Moyen-Orient, un information complète sera communiquée aux organes sociaux de l'entreprise dès les premiers jours d'avril
2003.
En ce qui concerne la Sabca, je me permets de rappeler que la Région wallonne n'est pas actionnaire, ceux-ci étant d'une
part le Groupe Dassault et d'autre part un Groupe hollandais, mais les même préoccupations me tiennent à cœur.
Pour répondre plus spécifiquement aux préoccupations de Monsieur Fontaine, je voudrais rappeler que le cluster
d'aéronautique wallonne a été le premier qui s'est concrétisé voici bientôt 2 ans et que dans le cadre du Phasing Out
de l'Objectif 1, un pôle d'excellence a été constitué dans l'aéronautique bénéficiant d'un budget de 12 millions d'Euros.