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Les clubs d'exportateurs en Wallonie...
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Question orale de Monsieur le Député Philippe FONTAINE à Monsieur Serge KUBLA, ministre de l'Economie,
des PME, de la Recherche et des Technologies nouvelles, sur :
"Les clubs d'exportateurs en Wallonie "
Les récents accords de la St POLYCARPE ont transféré aux régions les compétences en matière de commerce extérieur.
Toutefois, une structure suffisante - et nécessaire - a été conservée pour mener une politique belge commune, chaque
fois que cela s'avère utile.
Il y a lieu de se féliciter de ce transfert.
En effet, force est de constater que l'important levier du commerce extérieur manquait cruellement aux Régions,
pourtant compétentes en matière d'économie et de relations internationales.
L'importance des exportations pour l'économie wallonne n'est plus à démontrer.
Mon groupe croit sincèrement que la prospérité économique de notre région dépend en grande partie de la performance
de nos entreprises sur les marchés extérieurs.
Le Contrat d'Avenir pour la Wallonie fixait d'ailleurs comme objectif d'augmenter - chaque année -les exportations
wallonnes d'au moins 10%, tout en veillant à mieux positionner les entreprises wallonnes sur les marchés où elles sont
encore absentes ou trop faiblement présentes ( Les pays de l'Est et leur important potentiel de croissance étant
particulièrement visés).
L'AWEX, en encadrant et stimulant les entreprises dans leur démarches, était présenté comme l'outil principal pour la
réalisation de cette mission.
Nous ne pouvons que constater - avec bonheur - que les résultats obtenus en matière d'exportation sont particulièrement
bons pour les années 2000-2001.
Le savoir-faire wallon s'exporte bien et les demandes affluent.
Ainsi, les chiffres définitifs de la Banque nationale pour l'année 2000 créditent les exportations wallonnes d'une progression
de 21.7%, supérieure à la moyenne du pays.
En 2001, malgré une situation économique plutôt défavorable, les exportations wallonnes se sont remarquablement
maintenue et avait progressé de 11.7% sur les neufs premiers mois .
Cette hausse, supérieure à la moyenne nationale, est observée depuis 5 trimestres consécutifs, et ce, tant en haute
qu'en basse conjoncture. La croissance moyenne, pour la période 1998-sept 2001, étant de 12.5%, les objectifs du
Contrat d'Avenir ont donc été largement atteint.
On insistera sur la bonne tenue face au retournement conjoncturel - due à une plus saine diversification sectorielle des
exportations wallonnes, moins dépendantes des fluctuations cycliques des produits sidérurgiques.
De plus, s'il reste vrai que la répartition géographique des exportations wallonnes se caractérise par une forte concentration
sur l'Union européenne, on soulignera cependant que ces deux dernières années, nous avons pu assisté à une progression
significative de la grande exportation (hors-UE), qui témoignent de la réussite de l'effort mené par la Région pour
rencontrer son objectif de diversification géographique.
Dans le récent Baromètre de l'économie wallonne - dont je tiens à souligner la qualité - un tableau était consacré aux rôles
des promoteurs à l'exportation.
A côté de l'Awex et des Chambres de commerce, était mentionné les Clubs d'exportateurs.
Emanation directe des entreprises et donc du secteur privé, ces clubs d'exportateurs sont au nombre de six en Wallonie.
Ils ont été créés dans le but de favoriser les contacts et échanges d'expérience entre les entreprises exportatrices d'une
même région.
Dans le tableau en question, on constate que le pourcentage de dossiers passés par ceux-ci est plutôt
réduit et la note de " l'enquête PME " - certes basée sur un échantillon réduit - n'atteint qu'un petit 4/10 contre 8.8
pour l'Awex.
Sans être inquiétant, ces chiffres ne sont pas des meilleurs.
Pourtant, la Wallonie est riche en entreprises avides d'exportation.
Grandes entreprises et PME d'une même région, quel que soit leur secteur d'activités, ont tout à gagner dans une
collaboration face aux concurrents étrangers et dans la synergie de leurs efforts pour conquérir de nouveaux marchés.
Ce genre particulier de clubs, pour autant qu'ils fonctionnent efficacement me paraissent donc digne d'intérêt.
Je désirerais , Monsieur le Ministre, vous poser quelques questions à propos de ces clubs :
· Quel est exactement le rôle de ces clubs, quelles sont selon vous les raisons de leur succès - apparemment - relatif ?
· Dans le nouveau contrat de gestion, dans le cadre de la stratégie renforcée que vous avez annoncé, peut-on imaginer
une plus grande implication entre les différents acteurs du secteur, dont ces clubs d'exportateurs?
· Le gouvernement envisage-t-il des actions concrètes afin d'accroître l'efficacité de ces clubs ?
Réponse du Ministre Serge KUBLA,
Je tiens tout d'abord à me réjouir, tout comme vous, des succès de notre commerce extérieur et je voudrais reprendre
ici quelques chiffres ainsi que les orientations que j'ai donnés au contrat de gestion de l'AWEX qui est actuellement en
cours de finalisation.
Entre janvier 1998 et septembre 2001, l'augmentation annuelle moyenne des ventes wallonnes à l'étranger a atteint
12,5 %. Ces performances sont supérieures à celles de la Flandre (11,2 %) et de pays limitrophes comme les Pays-Bas
(10,4 %), l'Allemagne (10,2%) et la France (8,9 %).
Trois ans m'apparaît comme une période de référence appropriée même si il est probable qu'un tassement s'observera
dans les trimestres de la fin 2001-début 2002.
Il est cependant général.
Au-delà des chiffres globaux, il y a des tendances qui me paraissent tout à fait positives et qui ne sont pas toujours mises
en évidence comme il se devrait.
Ainsi, on notera l'augmentation de la contribution des ventes wallonnes en dehors de l'Union européenne.
En 2000, leur taux de croissance a culminé à 27,1 %, soit un rythme nettement plus rapide que pour le marché
communautaire ( +18,1 %).
Ces observations restent valables pour 2001 dans un contexte international beaucoup plus difficile.
Alors que nous parvenons tout juste à maintenir nos chiffres de 2000 au sein de l'Union, en dehors de celle-ci,
la croissance est encore aux alentours de 8 %.
Les zones géographiques situées en dehors de l'Union européenne pèsent en 2000 pour 18% dans le total des
exportations wallonnes contre 16,8 % en 1999. En 2001, on devait se situer, d'après la BNB, aux alentours de 20 %.
De plus pour la première fois, le nombre d'entreprises qui participent aux missions de l'AWEX en dehors de l'espace
communautaire est majoritaire en 2001 (54,8 %).
En 2000, il était de 49,1 %.
Ces chiffres vont de pair avec un dynamisme interne qui permet à l'AWEX de remplir les obligations qui lui avaient été
fixées par le Contrat d'Avenir, à savoir " intensifier les exportations ".
Les objectifs du Contrat d'Avenir ont donc été atteints quantitativement et certains éléments laissent à penser qu'une
approche qualitative des exportations se met également en place.
En effet, la satisfaction des entreprises relative à l'AWEX est particulièrement bonne vis à vis des petites et moyennes
entreprises, son public naturel.
Ainsi, Andersen mentionnait dans son rapport un taux de satisfaction élevé de l'action de l'AWEX pour la contribution
à l'accroissement des exportations.
Une enquête propre à l'AWEX démontre que 80% des entreprises interrogées évoquent l'augmentation et/ou la
sauvegarde de l'emploi dans l'action de l'agence.
De plus, d'après la même enquête, 90 % des entreprises qui utilisent les services de l'AWEX s'avèrent satisfaites de
ceux-ci.
Sur base des différentes évaluations, j'ai entamé avec le Conseil d'administration de l'AWEX les discussions relatives
à la signature d'un nouveau contrat de gestion dont voici les grandes orientations.
Les objectifs fixés à l'AWEX ne s'apprécieront plus dorénavant en fonction du seul objectif quantitatif comme dans
l'ancien contrat.
En d'autres termes, l'objectif annuel d'augmentation des exportations de 10 % par an a été
maintenue pour sa symbolique sur le plan de la mobilisation des acteurs.
Le contrat de gestion, élément neuf,
précisera cependant la portée des éléments qui ne seront pas pris en considération dans l'appréciation du
résultat de 10 %.
Il s'agit d'éléments considérés par la Région et l'AWEX comme étrangers à la capacité d'action des entreprises wallonnes
et de l'AWEX.
Ces éléments sont au nombre de trois :
1. Les facteurs associés aux mouvements cycliques de la demande internationale des produits wallons, tels que les
évolutions de la conjoncture mondiale, les fluctuations des taux de change et les variations des prix internationaux des
matières premières et des marchandises ;
2. Les chocs externes de type économique et géopolitique affectant les marchés étrangers, tels que les situations
de grave instabilité politique résultant de coup d'Etat et de fait de guerre, les crises alimentaires (par exemple,
les crises de la vache folle et de la fièvre aphteuse en 2000-2001) ainsi que les sanctions commerciales et mesures
tarifaires et non-tarifaires prohibitives à l'encontre des produits wallons ;
3. Les chocs internes spécifiques à la Wallonie tels que les fermetures de capacités de production et les interruptions
ou réductions de production.
Ce contrat de gestion a été complété d'objectifs qualitatifs qui permettront de mieux juger la capacité d'action propre
de l'AWEX :
-favoriser les premières exportations d'au moins 100 entreprises en moyenne par an.
Les premières exportations font référence, soit aux premières livraisons vers des zones géographiques
déterminées en dehors de l'Union européenne, soit aux premières livraisons en dehors du territoire de la Belgique;
-augmenter de 5 % en moyenne par an, le nombre d'entreprises bénéficiaires des services de l'AWEX ;
-renforcer, chaque année, la part des exportations wallonnes en dehors de l'Union européenne (15 pays) et
ce à concurrence de, en moyenne, 0,2% du total des exportations.
Dans le même état d'esprit, de recherche de la qualité, le contrat de gestion prévoit une approche sectorielle des
marchés et de moins en moins multi-sectorielle comme par le passé.
Autre élément important du nouveau contrat de gestion, la réalisation d'un plan stratégique. L'élaboration d'un plan
stratégique permettra de mettre en place de nouvelles mesures qualitatives.
J'insiste sur les plus importantes pour nos PME :
-la sensibilisation accrue au commerce électronique et idée développée en commun avec les grappes de l'UWE, la
professionnalisation de la présentation des sociétés wallonnes ;
-un premier conseil juridique adapté aux démarches des entreprises avec l'étranger ;
-une action globale de formation aux techniques du commerce extérieur, notamment dans la mise à disposition de
jeunes dans les entreprises ;
-la sectorisation plus poussée des actions de l'AWEX ;
-la constitution d'une université de l'AWEX, forum de toutes les compétences, expérience, conseils et témoignages
visant à l'amélioration de la performance globale à l'exportation et devant s'intégrer dans le programme 4X4 sur l'Esprit
d'Entreprendre ;
-la mise à disposition de facilités d'infrastructures(incubateurs ou local de première installation temporaire dans les
bureaux d'attachés économiques et commerciaux) pour un premier contact d'entreprises avec un nouveau marché.
Vous posez une question plus précise sur les clubs d'exportateurs en Wallonie et leur rôle dans le paysage
exportateur wallon.
Même s'il est vrai que l'AWEX, service au public, monopolise l'essentiel de l'attention lorsqu'il s'agit d'exportation,
il existe d'autres acteurs à l'exportation regroupés au sein d'une table ronde des exportateurs.
Cette table ronde a le mérite de mettre autour de la table les acteurs publics et privés (AWEX, UWE, Chambres de commerce,
clubs d'exportateurs...) qui s'occupent d'exportation.
L'objectif est de voir se dégager, outre des synergies déjà présentes, une véritable concertation stratégique.
Les clubs d'exportateurs sont des structures privées soutenues par des sponsors, généralement les banques,
qui regroupent un certain nombre d'entreprises.
L'activité des clubs varie en fonction du dynamisme des structures dirigeantes des sponsors, du nombre d'entreprises.
Ces clubs s'inscrivent parfaitement dans les orientations du Contrat d'Avenir, à savoir une approche en réseau,
un échange d'expériences et la possibilité de faire des affaires entre membres du club, au-delà du commerce extérieur.
Afin de soutenir leur activité, les clubs peuvent toujours remettre un dossier de financement à l'AWEX, à condition
toutefois de s'inscrire dans une coordination avec les autres acteurs provinciaux ( au sens géographique) du
commerce extérieur.