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Le tourisme mal vendu en Région wallonne...
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Question écrite de Philippe Fontaine, Député wallon, à Benoît Lutgen, Ministre du Tourisme, concernant :
« Le tourisme mal vendu en Région wallonne »
Monsieur le Ministre,
Vous connaissez mon grand intérêt pour la promotion du tourisme en Région wallonne. Vous devinez donc que je ne vais pas
rester sans réagir quand je lis qu’un scientifique publie une thèse qui va dans le même sens que ce que je vous ai déjà dit
il y a pas mal de temps. Après avoir fait, toute comparaison gardée, une approche similaire en recherchant comment la
Wallonie était visibilisée dans les rayons des librairies touristiques et constaté qu’elle ne l’était pas, vous m’avez
rappelé tout ce qui était fait pour la promotion du tourisme wallon. Je vous ai rappelé quelques principes élémentaires de
communication qui disaient en gros que l’on peut parfois concevoir de très bons messages portés par de très belles brochures
fort coûteuses mais qu’ils pouvaient ne servir à rien s’ils ne parvenaient pas à leurs destinataires.
Le travail du doctorand, puisque contrairement à ce qui a été déclaré dans la presse, il s’agit d’une étude scientifique et
pas d’une thèse, va dans le même sens…
Dans une autre de mes interventions, je vous demandais comment vous comptiez coordonner, en les fédérant autour d’une
politique du tourisme wallon cohérente, la pléthore de structures s’occupant de près ou de loin , excellemment bien ou
désespéramment mal de promotionner le tourisme wallon. Vous me répondiez au mois de mars que : « Concernant les structures
touristiques, je pense qu’il y a trop d’acteurs publics qui s’occupent du secteur et se superposent. Il est dès lors du
devoir de la Région de fixer les compétences et missions de chacune et chacun de façon à éviter les concurrences,
gaspillages et doublons inutiles. » Certaines conclusions de ce chercheur vont également dans le même sens.
En ce qui concerne votre concept Ardennen auquel vous tenez tant, et que je trouve toujours aussi réducteur, les conclusions
du chercheur ne sont pas très élogieuses et vont une fois de plus dans le même sens que mes critiques à l’égard de cette
campagne: coûteuse et inutile à partir du moment où les belles brochures n’arrivent pas jusqu’à leurs cibles. Mais la
critique ne s’arrête pas là : il dit aussi, comme je vous l’avais souligné avec insistance, qu’elle jète le trouble et la
confusion en ajoutant un Ixième logo « tourisme » ainsi qu’une batterie de nouveaux panneaux signalétiques, rejoignant ainsi
la collection préexistante, histoire de semer encore un peu plus la confusion dans l’esprit du touriste belge et étranger.
Vous me répondiez en octobre 2005 que : « Parce qu'aussi étonnant que cela puisse paraître de notre point de vue,
l'Ardenne vue des Pays-Bas, c'est presque toute la Wallonie! Tant pis pour notre ego régional et nos susceptibilités
sous-régionales ! » Pour une campagne qui érigeait votre province à la hauteur de la Wallonie entière, c’était culotté.
Ce qui l’était tout autant est d’utiliser des fonds européens destinés à la promotion des provinces de Namur et Luxembourg
pour une campagne que vous avez présentée comme étant à l’échelle de la Région wallonne. Votre but a bien été de mettre
votre province en avant.
Enfin, dans l’une de vos réponses à mes interventions sur ce sujet, vous me précisiez qu’il fallait augmenter la qualité des
gîtes ruraux car leurs chiffres de fréquentation étaient en baisse. Je vous avais précisé que la qualité des gîtes ,
chambres d’hôte et autres structures d’accueil étaient d’un bon niveau en Wallonie mais que, plutôt que de dire, comme vous,
qu’il faut en améliorer la qualité, ce qui ne peut qu’en éloigner le touriste potentiel, il fallait les faire connaître
mieux à un public de plus en plus large. Encore une fois, les conclusions de ce chercheur vont dans le même sens.
Mes questions sont les suivantes Monsieur le Ministre :
Vous annoncez qu’un site portail consacré au tourisme va voir le jour dès mars 2007. Je vous rappelle que nous serons à mi
législature. Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ?
Le site fera-t-il part des multiples institutions s’occupant de tourisme ou celles-ci auront-elles été rationalisées avant ?
Le chercheur fait très clairement référence au mauvais fonctionnement de l’administration. Où en êtes-vous dans la remise
en ordre annoncée dans les différentes structures touristiques qui, vous l’avez dit vous-même se superposent ? Avez-vous
fixé les différentes compétences et missions de chacune de façon, ce sont vos mots, à éviter les concurrences, gaspillages
et doublons inutiles ? Quelles institutions, et sur quels critères, figureront sur ce site portail ?
« Or aujourd'hui, en matière de tourisme comme pour les autres secteurs économiques, il faut penser à l'échelle mondiale pour
évaluer la concurrence, et ce, même en Wallonie. Une semaine « exotique » en moyenne saison peut ne pas coûter plus cher
qu'une semaine en juillet dans un gîte à la ferme : la concurrence se fait donc de plus en plus rude. » cette phrase est
tirée d’une interview de Nicolas Neysen publiée sur le site du CRECIS (Centre for Research in Change, Innovation and
Strategy), IAG de l’UCL. Indépendamment d’un site portail qui va coûter la bagatelle de 500.000€ après Ardennen qui en a
coûté 3 millions. Ne pensez-vous pas qu’il est urgent de mettre en place une réflexion globale sur le tourisme wallon sorte
d’états généraux du tourisme wallon ?
En corollaire à la question précédente, vous avez consacré 3 millions d’euros pour promotionner les provinces de Namur et de
Luxembourg, même si vous avez voulu étendre cette campagne en prétendant , ce sont vos mots, que vue de l’étranger, les
Ardennes c’est presque toute la Wallonie. Quand et combien comptez-vous consacrer pour promotionner les provinces de Liège,
du Brabant wallon et du Hainaut ?
Comme les brochures tourisme en Région wallonne n’atteignent pas vraiment leurs cibles, qu’avez-vous prévu pour faire
connaître le site dans le monde entier ?
En ce qui concerne le tourisme rural, l’offre s’est accrue considérablement et la demande stagne un peu. La concurrence
devient plus rude et les critères de qualité s’affinent. Disposez-vous d’un instrument de mesure de ce que recherche le
touriste étranger dans ce type de tourisme ? Si non, quelles mesures comptez-vous prendre pour mettre en place cet
instrument ? le site portail va-t-il prévoir des formulaires d’évaluation ? Combien de touristes étrangers ont effectué un
séjour dans ce type d’infrastructures de tourisme rural ces trois dernières années ? Quelle est leur nationalité d’origine
? Pouvez-vous m’en donner une répartition par province ?
Merci déjà pour les réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse du Ministre Benoît Lutgen,
Vous avez effectivement pu lire des articles de presse faisant écho d'une publication réalisée par un étudiant universitaire.
Il convient de préciser que l'auteur de la publication est aussi le créateur d'une entreprise qui présente sur le réseau
Internet des hébergements de terroir. Au vu de l'intérêt personnel de l'auteur de cette publication, on peut s'interroger
sur l'objectivité de ses critiques portant sur le site Internet de l'Office de Promotion du Tourisme. Il semble en outre
que le site créé par cette personne contienne de nombreuses erreurs (classement, prix des nuitées, etc.) et reprenne des
hébergements et des photos de ceux-ci sans l'accord de leur propriétaire.
En ce qui concerne la création d'un site portail Internet, je vous précise que celui-ci existe déjà depuis de très
nombreuses années, en plus de 7 langues, avec plusieurs adresses dont www.wallonie-tourisme.be, www.opt.be, etc. Ce site
est géré par l'O.P.T. En 2005, il a accueilli plus de 6,7 millions de visiteurs ; il est référencé 457.000 fois dans
Google ; 1.900 sites font un lien vers le site de l'O.P.T. ; plus de 1,5 million de brochures y ont été téléchargées en
2005. Toutefois, il est exact que le site tourne sur une base de données existant depuis vingt ans. Dès 2005, j'ai donné
instruction à mes services de mettre en place une nouvelle base de données reposant sur une plate-forme informatique plus
performante. C'est la création de cette nouvelle base de données qui a mené au contrat approuvé par le Gouvernement wallon
au printemps 2006. Dès que celle-ci sera opérationnelle, au printemps 2007, un site portail nouveau pourra être mis en
place.
En ce qui concerne la rationalisation des interventions des multiples acteurs touristiques, je me réjouis que vous partagiez
mon point de vue. Pour rappel, il s'agit de trois mesures principales : en tout premier lieu, la conclusion d'un accord
de coopération relativement à l'OPT (actuellement soumis à l'avis du Conseil d'Etat) qui doit permettre de recentrer le
travail de l'O.P.T. sur son métier de base ; ensuite, dans le cadre de la renégociation des partenariats avec les provinces,
la suppression des doublons d'actions et de promotions ; enfin, vis-à-vis des Maisons du Tourisme et des organismes
touristiques locaux, le regroupement des acteurs et la rationalisation des soutiens aux outils de promotion touristique
(il est renvoyé notamment au décret du 20 juillet 2005 relatif aux subventions pour la promotion touristique).
En ce qui concerne la proposition de mettre en place une réflexion globale sur le tourisme wallon, je vous informe que la
démarche est entamée depuis le mois de mars 2006. J'ai fait le choix d'entamer ce processus en commençant par une analyse
de l'évolution future de la demande touristique en provenance de nos marchés émetteurs. Après appel d'offre, cette étude a
été confiée à la société KPMG, en consortium avec d'autres bureaux. Une large consultation des prescripteurs de voyages,
les interviews de panels de clients et l'audition de nombreux opérateurs touristiques ont d'ores et déjà été réalisées. Les
résultats de cette étude, escomptés pour début 2007, devront permettre d'aborder la seconde phase de la réflexion :
comment l'offre touristique wallonne devra-t-elle évoluer pour répondre aux attentes du marché et, en conséquence, quelles
actions les pouvoirs publics wallons devront-ils initier ?
En ce qui concerne la campagne « ARDENNEN », je ne puis que réitérer le fait qu'il s'agit de mobiliser des fonds européens
qui sont limités à un territoire géographiquement circonscrit : les arrondissements de l'Objectif 2 Rural (Sud namurois et
Centre et Nord luxembourgeois). Le Hainaut a bénéficié, et continue à bénéficier, de fonds européens nettement plus
importants. Le Brabant wallon, quant à lui, n'émarge pas aux fonds européens. A Liège, d'importants efforts structurels
nécessitent aujourd'hui l'affectation principale des fonds européens à des investissements plus qu'à des actions de
promotion : EMAHL, Blégny-Mines, Prés de Tilff, Trésor de la Cathédrale, etc.
Relativement aux brochures touristiques, votre affirmation selon laquelle elles n'atteindraient pas leur cible est non
démontrée. Quant au site Internet, en 2005, sur ses 6,7 millions de visiteurs annuels, plus de 40% étaient identifiés comme
des internautes étrangers.
En ce qui concerne le tourisme rural, faute de chiffres en provenance de l'INS, j'ai mis en place au sein de l'Observatoire
du Tourisme wallon, un outil de mesure de ce secteur qui représente 22% des nuitées touristiques wallonnes (2005). En ce
qui concerne les autres informations chiffrées, je vous renvoie à la Lettre n°28 de l'Observatoire wallon du Tourisme
(disponible sur www.observatoire.tourisme.wallonie.be ).