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L’arrêt de l’ascenseur à bateaux de...
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Question écrite de Philippe Fontaine, Député wallon, à Michel Daerden, Ministre du Budget, des Finances, de l'Equipement
et du Patrimoine, concernant :
« L’arrêt de l’ascenseur à bateaux de Strepy Thieu sur le Canal du Centre suite à la défectuosité des joints d’étanchéité »
Monsieur le Ministre,
Depuis le 20 juillet 2006, un outil qui a coûté plus de 600 millions d’euros et qui plus est une vitrine technologique,
jamais égalée à ce jour pour la Wallonie, l’ascenseur à bateaux de Strepy Thieu sur le Canal du Centre est à l’arrêt. En
cause des problèmes aux joints d’étanchéité des portes qui permettent au bateaux d’entrer dans les bacs qui relient les
biefs amont et aval du nouveau canal.
Le résultat, tous les feux sont au rouge, en amont et en aval et les bateaux tant commerciaux que touristiques s’accumulent
et sont contraints d’attendre ou de rebrousser chemin.
Il semble que l’arrêt complet des deux bacs de l’ascenseur soit du à un mauvais concours de circonstance, des joints usagés
à remplacer et au moins un nouveau joint ayant présenté des problèmes d’étanchéité en même temps. L’avarie survenue au
nouveau joint serait due à un défaut de fabrication. Résultat, le stock de joints est épuisé et il faut attendre le 15 août
pour recevoir les nouveaux joints.
La situation est donc catastrophique tant en terme d’image pour la Région wallonne tout entière qu’en terme de conséquences
économiques et touristiques. Le préjudice est important pour le secteur des bateliers. Certains perdent plusieurs
centaines d’euros par jour d’immobilisation. Les autres, prévenus, doivent faire un long détour pour rejoindre Charleroi par
exemple. La saison touristique bat son plein en ce moment et le « passage » de l’ascenseur est un moment fort pour les
nombreux plaisanciers qui viennent dans la région pour vivre ce moment. Ils s’y arrêtent aussi. Il risque à nouveau d’y
avoir une très sérieuse désaffection des plaisanciers sans réaction rapide. Beaucoup de touristes viennent aussi visiter
le canal historique de Centre et pourraient se détourner de cette destination.
Mes questions sont les suivantes :
comment expliquez-vous, malgré les justifications de malchance du MET qu’un jeu de joints complet ne soit pas de stock aux
ascenseurs ? Ne devrait-il pas également y avoir un jeu complet de joints en commande ouverte ? un problème du même genre
étant survenu il y a un an comment n’a-t-on pas vérifié la compatibilité de ces joints avec l’ouvrage ou amélioré leur
qualité ou trouvé la solution au problème de fabrication si c’est le cas ?
Existe-t-il une « routine » en cas de sinistre de ce genre pour cet ouvrage d’art ? qui tienne compte de maintenir l’ouvrage
en fonctionnement ? Ici, il s’agit de « simples » joints mais existe-t-il des procédures en cas de problèmes hydrauliques,
de porte, de câble, etc ? Qu’adviendra-t-il alors de la translation ?
Existe-t-il un dispositif de veille qui permet d’anticiper ou d’annoncer le début de la détérioration des joints (capteurs
d’étanchéité, etc) ? Ont-ils fonctionné ? Sont-ils à l’origine de la détection de la détérioration des joints actuels ?
Le personnel est-il en effectif suffisant pour assurer le monitoring et la maintenance d’un tel ouvrage d’art ?
Un autre ouvrage d’art aussi utilisé pour aller vers Bruxelles : le plan incliné de Ronquières vieux de 35 ans lui. Celui-ci
a connu des problèmes puisqu’il ne fonctionnait plus qu’avec un seul bac. Je vous demandais en mars 2005 si un budget
spécifique était consacré à la remise en état du plan incliné afin de garantir son fonctionnement à 100% de ses capacités.
Vous me répondiez alors que « Pour la remise en état du Plan incliné de Ronquières j'ai lancé en 2003 un vaste marché
de travaux de rénovation en vue de porter l'ensemble des équipements électriques du plan incliné au niveau de la technique
actuelle, de restaurer la fiabilité de ces équipements et d'en faciliter l'entretien et le dépannage. Ce marché de travaux, actuellement en cours, mobilise un important budget de 16,2 millions d'euros répartis sur 4 exercices budgétaires (de 2003 à 2006). Parallèlement à la mise en oeuvre de ces travaux sur la partie électrique, une inspection détaillée de la partie mécanique des treuils d'entraînement des bacs a démontré l'impérieuse nécessité de rénover également ces équipements de mécanique lourde. Cette rénovation des treuils fera sous peu l'objet d'un marché de travaux de réhabilitation d'un montant de 5,1 millions d'euros pour. chaque bac, les rénovations envisagées imposent un arrêt d'exploitation de 4 mois. De manière à ne pas restreindre davantage la capacité de l'ouvrage, il est prévu de réaliser ces travaux pendant les arrêts programmés dans le cadre du marché de rénovation des installations électriques. Ces arrêts sont actuellement programmés aux printemps 2005 et 2006. Une fois ces travaux finalisés, les deux bacs du plan incliné devraient être opérationnels. »
Où en est le plan de rénovation du plan incliné de Ronquières dont la mise à l’arrêt partiel ou complet bloquerait toute la
région de Charleroi ?
Les phases prévues pour cette rénovation devaient s’achever en 2006 ? Ce timing a-t-il pu être respecté ?
Quelles mesures comptez-vous prendre pour compenser le préjudice subit par les bateliers ? Une indemnisation est-elle
prévue ?
Merci pour les réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse du Ministre Michel Daerden,
En réponse à l'honorable Membre je l'informe que la question relative à l'opportunité de constituer un stock
de pièces de rechange se pose pour toute installation industrielle où le coût des pièces de rechange est
élevé, et plus encore si la durée de conservation de ces pièces est limitée.
La réponse est un compromis et chaque cas est un cas d'espèce. Les gestionnaires y sont confrontés pour tout
organe qui n'est pas disponible dans le commerce ou réalisable en un délai très court.
En ce qui concerne les joints gonflables de l'ascenseur de Strépy-Thieu, il y a lieu de rappeler que quatre
pièces sont placées sur l'ouvrage, une face à chaque extrémité de chaque bac. Les essais préliminaires
réalisés dans le milieu des années 1980, et qui ont conduit au choix de ces joints, laissaient entrevoir une
durée de vie nettement plus longue que celle qui a été observée dans la réalité. Le choix logique était de
disposer d'une pièce de rechange pour faire face à un accident, plutôt que de quatre pièces en vue d'un
remplacement lointain, dont le caoutchouc aurait pu vieillir inutilement pendant la période de stockage.
L'on peut comparer ce choix à celui d'un automobiliste normalement prudent qui dispose d'une roue de secours,
mais ne stocke pas quatre pneus neufs dont il n'aura éventuellement l'usage que dans plusieurs années.
Par ailleurs, suite à la découverte, lors d'une opération de routine, qu'un tesson de bouteille avait
endommagé sérieusement un joint, un examen complet des quatre joints a été réalisé fin août 2005. Cet examen
a fait apparaître que l'ensemble des quatre joints était beaucoup plus usé que ce que les essais
préliminaires avaient laissé entrevoir. La Direction générale des voies hydrauliques a, sans tarder,
commencé à consulter des experts, qui se sont réunis plusieurs fois dès le mois de septembre 2005.
Ce comité a, d'une part, tenté de déterminer les causes de l'usure des joints et, a d'autre part, formulé
des recommandations pour améliorer leur résistance et leur longévité.
C'est sur la base de ces recommandations que les nouveaux joints ont été commandés en décembre 2005 par la
Sofico. Le premier joint a pu être fourni en juin, les deux autres, fin août.
A la question concernant l'existence d'une routine en cas de sinistre, la réponse est globalement positive,
mais le sujet est très vaste et son développement dépasse le cadre de la présente réponse. Il existe en
effet de très nombreux scénarios d'incidents pour lesquels des consignes et des procédures ont déjà été
rédigées, mais il en est peut-être d'autres qui n'ont pas encore été envisagés et pour lesquels la réponse
devra être « improvisée » par les agents à la manoeuvre.
Concernant l'existence éventuelle d'un dispositif pour mesurer l'usure des joints, la question mérite une
double réponse : la détérioration liée à la fatigue se manifeste par des fissures dans les zones les plus
sollicitées ; elle se constate par un examen visuel des joints. Cette anomalie est annonciatrice d'une fuite
ultérieure probable, mais il est impossible de prédire la durée de vie résiduelle du joint. La fuite
elle-même, qu'elle résulte de l'ouverture d'une fissure de fatigue, de la perforation par un corps étranger
ou de la rupture d'une vulcanisation, se constate via une alarme au poste de commande de l'ascenseur dès
que la perte de pression devient supérieure au débit de regonflage délivré par les compresseurs. Ce
dispositif fonctionne correctement.
Le personnel en poste à l'ascenseur relève de divers services du MET, ainsi que de firmes privées à qui la
Sofico a confié un contrat de maintenance conformément à la législation des marchés publics. Ce personnel
est compétent et il est en nombre suffisant pour assurer le fonctionnement de l'ouvrage en temps normal ;
en cas d'interventions urgentes, il peut être complété à tout moment via des clauses ad hoc du contrat de
maintenance.
En ce qui concerne le plan incliné de Ronquières, le plan de rénovation des équipements électromécaniques
comporte deux volets : les équipements de "commande et de contrôle" de chacun des deux bacs, d'une part,
le réducteur central, les poulies et quelques accessoires de chaque bac, d'autre part.
Le plan d'engagement des quatre tranches du contrat de rénovation du "contrôle - commande" s'est réalisé
conformément aux prévisions budgétaires :
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Dossier d'engagement
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Tranche Date d'engagement Montant engagé euros)
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Ferme 30 septembre 2003 6.026.170
Conditionnelle 1 29 octobre 2004 3.463.101
Conditionnelle 2 22 mars 2005 3.024.876
Conditionnelle 3 14 juillet 2006 3.716.865
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L'achèvement des travaux de l'ensemble des tranches est attendu à la date du 30 juin 2007. Le planning de base,
établi en début de marché, prévoyait un achèvement en octobre 2006. Ce retard est imputable à des imprévus
d'exécution qui ont modifié le planning général de l'entreprise.
En ce qui concerne le contrat de réhabilitation de la mécanique des treuils, les renseignements concernant le
dossier sont les suivants :
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Dossier d'engagement
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Date d'engagement Montant engagé (euros)
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22 décembre 2004 5.124.353
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La fin des travaux de mécanique relatifs à l'ensemble des deux bacs est prévue en juillet 2007.
Pour les deux contrats, il est nécessaire d'immobiliser séparément chacun des bacs pendant quatre mois;
ces deux périodes sont suivies chacune d'une période de marche probatoire d'environ un mois.
Actuellement, il est prévu d'exécuter en même temps les travaux des deux contrats, mécanique et électrique,
qui doivent se dérouler pendant l'arrêt d'un bac. Il n'y aura donc ainsi qu'une période d'arrêt par bac.
Pendant ce temps, le deuxième bac assurera la navigation.
Les horaires mis en place permettent jusqu'à présent un trafic fluvial normal.
Enfin, aucune indemnisation due à des avaries aux ouvrages n'est prévue sur la base de l'article 48 de
l'arrêté royal du 19 octobre 1935 et arrêts subséquents portant règlement général des Voies navigables du
Royaume.