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L’avenir de la SONACA...
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Question écrite de Philippe Fontaine, Député wallon, à Jean-Claude Marcourt, Ministre de l'Economie, de l'Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine, concernant :
« L’avenir de la SONACA »
Monsieur le Ministre,
Au mois d’avril, alors que je vous interrogeais sur la réelle autonomie de décision du Conseil d’Administration de la SONACA après votre intervention dans le conflit qui immobilisait l’entreprise pour postposer les délocalisations prévues vers la filiale brésilienne du groupe, vous me confirmiez avoir demandé de suspendre la mise en œuvre de la décision de délocalisation dans l’attente des résultats de l’étude que vous aviez initiée concernant la réflexion quant au positionnement de la SONACA dans son secteur : le Plan stratégique.
Dans la même réponse, vous me confirmiez cependant que les entreprises aéronautiques étaient toutes sur la voie de l’externalisation de leur production en plus de vouloir concentrer l’assemblage des avions. Ceci revenait à dire qu’à terme, les sociétés aéronautiques allaient délocaliser encore plus leurs activités de production. Vous annonciez d’ailleurs que la SONACA devait s’inscrire dans cette compétition.
Cultivant superbement le paradoxe, dans la suite de votre réponse vous précisiez vouloir trouver une « solution » pour que – malgré tout – les travailleurs restent à Charleroi en veillant à améliorer la compétitivité.
Aujourd’hui, la SONACA annonce que cette année se clôturera avec une perte supérieure à 15 millions d’euros et insiste lourdement sur la nécessité de prendre très vite les bonnes décisions stratégiques faute de quoi la SONACA risque de se voir passer sous le nez sa participation dans les programmes Airbus, Embraer, Dassault ou Bombardier.
Même si ce mauvais résultat s’explique en partie par la forte dépréciation du dollar, qui fait chuter les recettes et un euro fort qui sert à calculer les coûts de production – la délocalisation de mars dernier vers le Brésil en est la cause – alors que le plan Défi 2007 a pleinement porté ses fruits en faisant revenir l’entreprise aux bénéfices, l’économie récurrente de 50 millions d’euros provenant de la délocalisation au Brésil n’est plus suffisante et des nouvelles décisions doivent être prises par l’actionnaire public wallon.
Mes questions sont les suivantes Monsieur le Ministre :
- où en êtes-vous dans les travaux de réflexion stratégique ? Disposez-vous des résultats ? Quels sont-ils ? En d’autres mots, quand le plan stratégique va-t-il sortir ?
- la piste d’un partenariat est-elle une hypothèse de travail ? Pouvez-vous m’en dire plus à ce sujet ? Des partenaires potentiels ont-ils déjà été approchés ?
- L’hypothèse de la délocalisation au Brésil est présentée par d’aucuns comme incontournable. Confirmez-vous qu’elle aura bien lieu ? Quand ? Pour quelle proportion de la production ?
- La piste de délocalisation en Chine est-elle envisagée ?
- La SONACA emploie encore aujourd’hui près de 1700 personnes. Quel est leur avenir ?
- la Flandre conteste la répartition des aides aux entreprises aéronautiques concernées par une participation à la construction de l’airbus A350. Lors de ma dernière question sur le sujet le 11 juin dernier, vous me précisiez que vous n’aviez pas eu de réaction du Gouvernement flamand à votre proposition de répartition de l’enveloppe A350. Avez-vous eu à présent qu’il y a urgence la réaction attendue des Flamands ?
- Vous disiez également favorable à ce que les entreprises concernées se parlent directement entre elles. Vous annonciez vouloir statuer sur base des propositions qui conviennent à toutes les entreprises. Les entreprises en question se sont-elles rencontrées ? Quel est le résultat de cette rencontre ?
Réponse du Ministre Jean-Claude Marcourt,
Comme vous venez de le rappeler, en avril dernier, je vous ai indiqué que je souhaitais que les décisions stratégiques à prendre concernant l'avenir de la SONACA s'appuient sur une réflexion quant au positionnement de la SONACA dans son secteur, et les conditions dans lesquelles sa pérennité pourrait être au mieux assurée.
C'est dans cet esprit que j'avais invité le management à réfléchir sur l'opportunité suspendre une décision ponctuelle de délocalisation, afin d'intégrer celle-ci dans la réflexion globale en cours.
Cette réflexion avait pour objet d'examiner le positionnement de l'entreprise dans son secteur, et partant, de déterminer la meilleure stratégie pour la SONACA entre une situation de stand alone ou une recherche active de partenariat.
Pour être complète, cette réflexion se doit d'intégrer les prévisions établies par l'entreprise dans une optique de situation stand alone et les hypothèses qui sous tendent ces prévisions. Ce travail nécessitait une analyse approfondie par les consultants et est actuellement en cours de finalisation.
Cette analyse est également l'occasion d'apprécier le bien fondé et la nécessité du transfert de certaines activités de production au Brésil ou dans des pays low cost. En effet, avant d'envisager de prendre de telles décisions, il convient d'examiner dans quelle mesure des améliorations de productivité pourraient permettre le maintien de ces activités de production sur le site de Gosselies ou être sous traitées à des entreprises locales. A contrario, de déterminer quels sont les gains attendus par le transfert de ces activités.
A ce sujet, je suis étonnée par deux de vos affirmations.
La première porte sur le plan Défi 2007, qui, je vous cite « aurait pleinement porté ses fruits faisant revenir l'entreprise aux bénéfices ». Si d'importants volets du plan Défi 2007 ont effectivement été réalisés, et notamment l'effort demandé aux travailleurs en terme salarial, le volet « gain de productivité» n'a pas été atteint, l'entreprise ayant d'ailleurs engagé en début d'année une société spécialisée dans l'amélioration des processus de production, afin d'implémenter des mesures visant à accroître fortement la productivité du département d'usinage des petites pièces. Le plan Défi 2007 n'est donc pas encore entièrement implémenté et l'on peut s'interroger sur la raison pour laquelle le management n'a pas su mettre en œuvre ce volet spécifique du plan.
Quant au retour aux bénéfices, il serait une réalité si le dollar n'avait entre temps, de nouveau piqué du nez. Mais ce fait est une réalité pour l'ensemble des entreprises européennes qui toutes souffrent d'un manque de rentabilité.
Je suis par ailleurs très étonné sur votre autre affirmation qui porte sur « une économie récurrente de 50 M€ provenant de la délocalisation au Brésil ». Je ne sais pas à quels transferts vous faites allusion et, comme je vous l'ai indiqué il y a quelques instants, le but du travail en cours est justement d'évaluer le niveau d'économies qui pourrait être généré du fait du transfert de certaines activités. A ce stade, une économIe récurrente de 50M€: paraît largement surestimée.
Ce n'est que quand le travail sera terminé que l'on pourra répondre de manière plus précise à vos questions au demeurant tout à fait légitimes et qui correspondent à nos propres interrogations.
En ce qui concerne la position de la Région flamande par rapport à la dernière proposition que nous avions formulée, je n'ai reçu comme réponse que les déclarations effectuées par la Ministre Ceyssens au Vlaamse Raad répétant qu'elle voulait avoir 56% de l'enveloppe.
Mais les industriels se sont parlés et semblent avoir dégagé une position commune ce que les représentants des différents Ministres ont accueilli favorablement.
J'espère donc pouvoir revenir bientôt vers vous pour clôturer enfin cette question.
Je vous remercie de votre attention