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L’exploitation du gaz contenu dans ...
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Question écrite de Philippe Fontaine, Député wallon, à André Antoine, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial, concernant :
« L’exploitation du gaz contenu dans les galeries de nos anciens sites miniers »
Monsieur le Ministre,
En octobre 2006, je vous interrogeais concernant le projet d’une entreprise australienne d’exploiter chez nous le gaz contenu dans la plupart de nos galeries de mines désaffectées. Déjà active dans d’autres pays et notamment en France, cette entreprise avait mis sur la table une étude montrant que le sous sol minier wallon renfermait un énorme potentiel d’exploitation avec une évaluation de 200 gigamètres cube de gaz méthane.
En Février 2007, je vous interrogeais à nouveau à propos du projet d’une entreprise wallonne cette fois de se lancer dans l’exploitation de ce filon pour diminuer ses coûts de production d’engrais très énergivore.
Dans les deux cas, vous m’avez répondu que le projet d’exploiter le grisou dans les anciens puits de mine avait fait couler beaucoup d’encre mais que des spécialistes et vous même vous montriez très dubitatifs sur la rentabilité de telles exploitations. Vous me précisiez qu’il ne convenait pas seulement de considérer le chiffre d’affaires mais bien la différence entre le prix de vente final et le coût d’exploitation. Je veux bien entendre cet argument de non rentabilité, si je l’ai bien compris, mais il faudra m’expliquer pourquoi il vaut pour ce type d’exploitation et pas pour l’exploitation des énergies vertes comme les éoliennes ou la biomasse qui sauf erreur de ma part ne sont pas très rentables elles non plus.
Vous me répondiez également que ce type d’exploitations risquerait d’hypothéquer le développement des véritables filières de production d’électricité verte. Il me semble pourtant que le contexte actuel et la position des spécialistes encouragent à développer toutes les sources d’énergies les moins polluantes en parallèle, conscients qu’ils sont qu’une seule d’entre elle ne pourrait jamais remplacer à elle seule le pétrole. Pourquoi l’exploitation de « notre » grisou ne pourrait-elle pas faire partie de ces sources d’énergie ?
Vous me répondiez également que l’exploitation de grisous était une activité industrielle comme une autre mais que vous ne la soutiendriez pas par les certificats verts. Ca, c’est parce que certains spécialistes s’accordent à dire que le grisou n’est pas une énergie verte ou renouvelable. Pourquoi d’autres l’affirment-ils ? Croyez-vous vraiment, en affirmant que l’exploitation du grisou est une activité industrielle comme les autres, que l’exploitation de l’énergie éolienne et les de plus en plus nombreuses sociétés qui s’y lancent sont, elles, des œuvres de bienfaisance ?
Je m ‘étais permis de vous répliquer que ce dossier allait certainement continuer à évoluer. La CNP, la Compagnie Nationale à Portefeuille d’Albert Frère vient d’investir 36 millions d’euros dans la société australienne, European Gas Limited, qui avait fait les études pour exploiter notre grisou et que j’évoquais déjà dans ma question en 2006.
L’objectif de la CNP est en clair de vendre du gaz mais pas n’importe lequel. L’administrateur délégué de la CNP précise que la volonté est de développer un champ d’activité vers l’énergie verte, ajoutant que le potentiel en Belgique est important.
La CNP ambitionne en clair d’exploiter le gaz qui se trouve dans les anciens sites miniers éparpillés un peu partout en Belgique. Ce type d’exploitation est déjà en activité dans d’autres pays, redevenue rentable dans le contexte de hausse des prix du pétrole et du gaz sur les marchés mondiaux.
Outre les quelques questions contenues dans le corps du texte, mes autres questions sont donc les suivantes Monsieur le Ministre :
- Il est incontestable que la société australienne déjà implantée en France et qui avait réalisé les études du sous sol wallon en 2006 est un acteur majeur dans l’exploitation du gaz minier. European Gaz Limited (EGL) vient de se rapprocher encore un peu plus du sol wallon par l’investissement de 36 millions d’euros de la CNP afin d’exploiter notre gaz minier. Que pensez-vous de cet investissement ?
- Celui-ci vous a-t-il rendu moins dubitatif sur la ressource que représente ce type d’exploitation chez nous, exploitation que la Faculté polytechnique de Mons par le voix de l’un de ses professeurs reconnaît comme un potentiel intéressant allant même au delà de l’exploitation des puits des mines désaffectées en élargissant le champ aux gisements qui n’ont jamais été exploités ?
- Des nouvelles études ont-elles pu montrer l’intérêt de se lancer dans pareille exploitation, compte tenu que vous devez bien accepter avec moi que la CNP ne va pas consentir un investissement de pareille envergure sans un minimum de garanties de son bien fondé ?
- Il semble que les avis continuent fortement à diverger sur le statut du gaz contenu dans nos anciennes mines. Vous m’avez soutenu qu’il ne s’agissait pas d’une énergie renouvelable. A la CNP cependant, cet investissement a été consenti avec l’objectif d’ouvrir un champ opérationnel d’activités vers l’énergie verte. Pensez-vous possible que la CNP ou EGL puissent se tromper à ce point ?
- Disposez-vous d’éléments qui précisent si le grisou est considéré ailleurs dans le monde où il est exploité comme énergie renouvelable ? S oui, pourquoi n’est ce pas le cas aussi chez nous ?
- Ne pensez-vous pas que l’heure est à la complémentarité des sources d’énergies moins et non polluantes et distanciées du pétrole ? Ce type d’exploitation ne fait-il pas légitimement partie de cette palette ?
Merci des réponses que vous voudrez bien me donner.
Réponse du Ministre André Antoine,
Si le dossier évolue favorablement et que les gisements peuvent être exploités sans certificats verts, je m'en réjouis.
II y a bien entendu des gens qui prétendent que le grisou est une énergie renouvelable et d'autres qui prétendent le contraire.
Certains ont bien entendu des intérêts d'autres le font de bonne foi.
Toutefois, comme je l'ai déjà dit et écrit à l'honorable Membre, le régulateur wallon, la CWaPE, organisme indépendant s'est prononcé par la voie de son président: le grisou ne peut pas être considéré comme une énergie renouvelable.
Le grisou est un « gaz naturel » dont l'origine est la même que celle du charbon dans lequel il est occlus ; c'est la même matière organique initiale qui a formé l'un et l'autre il y a plus ou moins 300 millions d'années.
Le contenu de grisou occlus dans le charbon se situe entre 15 et 25 mètres cube par tonne de charbon, selon la profondeur et la structure du charbon; il s'agit donc bien d'une quantité « finie » et épuisable. Une exploitation a eu lieu à Fontaine l'Evêque mais s'est arrêtée en 1993, épuisée.
EGL a répondu à l'appel d'offres lancé par mon collègue B. Lutgen quant à la capture et au stockage de C02 dans les veines de charbon. Le potentiel évalué par M. Mostade (Coalbed Methane Potential of the Southern Coal Basin of Belgium ,papier présenté en 1999 à l'International Coalbed Methane Symposium tenu à Tuscaloosa en Alabama) serait de 300 millions de m3 de gaz par km2, dont environ la moitié pourrait être récupérée pour autant que certains paramètres encore peu connus soient favorables, notamment la perméabilité des veines de charbon(cela conditionne la vitesse donc le débit récupérable).
Enfin , je ne suis pas opposé à l'exploitation de cette ressource , mais à part le soutien en projet pilote initié par B. Lutgen je ne vois pas quelle aide je pourrais apporter et c'est l'industriel qui doit élaborer son business plan.