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Les actions visant à promouvoir l'usage du
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Question écrite de Philippe Fontaine, Député wallon, Président du Groupe MR au Parlement wallon à José Daras,
Ministre des Transports, de la Mobilité et de l'Energie concernant :
« Les actions visant à promouvoir l'usage du vélo en Wallonie ».
Dans le cadre de la semaine de la mobilité qui durera jusqu'au 22 septembre et sachant que plus de 213 des élèves du
primaire ont recours à la voiture d'un parent taxi pour rejoindre les cours, je souhaiterais compléter mon information sur
les actions visant à promouvoir l'utilisation du vélo dans les trajets scolaires.
En effet, malgré toutes les actions entreprises jusqu'ici, le taux d'utilisation du vélo pour les trajets scolaires stagne
autour de 2%, 3% en Wallonie tandis qu'il dépasse les 30% en Flandre.
Mes questions sont donc les suivantes :
- comment expliquez-vous cette différence ;
- les critères du choix des actions promotionnelles menées en Wallonie intègrent-t-ils les facteurs qui font le
succès de la bicyclette dans le cadre des déplacements scolaires en Flandre ;
- une concertation avec le Ministre des Travaux publics relative aux aménagements améliorant la sécurité routière est
elle menée pour accroître le rendement de ces actions promotionnelles ?
Réponse du Ministre
La pratique du vélo comme moyen de déplacement est particulièrement peu élevée en Wallonie alors que, dans la plupart des
régions et pays qui l'entourent l'usage de la bicyclette connaît un regain très marqué et joue un rôle de plus en plus
significatif dans la mobilité.
Ainsi, en Flandre, le nombre de déplacements parcourus à vélo dépasse le nombre de déplacements effectués en transports en
commun (bus, tram, métro, train).
Le nombre total de voyageurs par kilomètre à vélo dépasse de 60 % la distance parcourue par la population flamande en bus.
La situation wallonne ne peut s'expliquer par un relief ou un climat défavorables dans la mesure où les exemples de la
Finlande, de la Norvège, de la Suisse et de l'Autriche démontrent que ce ne sont pas des obstacles rédhibitoires.
Le retard de la Wallonie s'explique davantage par la conjugaison d'une infrastructure inadaptée, par manque de programmes
d'investissement dans la circulation cycliste urbaine et interurbaine (par ex. les programmes provinciaux d'itinéraires
utilitaires à maille de 5 kilomètre, payés par la Région flamande) et par des obstacles soi-disant culturels et
psychologiques non pris en compte par des programmes de communication comme dans d'autres pays (entre autres au Royaume-Uni).
Le cas des villes jumelles de Tournai et de Courtrai en fournit une belle illustration.
Le développement du vélo est pourtant un impératif à la fois en termes de mobilité d'environnement et de santé publique
(physique et psychologique).
C'est pourquoi, j'ai commandé au Bureau d'étude Agora et à l'ASBL "Pro Vélo", une étude sur les potentialités de
développement du vélo en Wallonie et sur les mesures structurelles et réglementaires que la Région wallonne et ses
partenaires devraient prendre pour favoriser l'augmentation du nombre de déplacements effectués entièrement ou
partiellement à vélo, que ce soit vers l'école, vers le lieu de travail ou autres (loisirs).
Cette étude, dont les résultats viennent de nous parvenir, doit contribuer à l'élaboration d'un programme d'actions soumis
au Gouvernement wallon.
Je viens de donner le coup d'envoi à l'une de ces actions, qui vise particulièrement le public scolaire: la mise en place
d'un "brevet du cycliste" qui devrait , à terme, être proposé en interne de l'école à tous les enfants de 5ème année
primaire.
Le Ministre Nollet a soutenu la démarche par un courrier aux 3.600 écoles fondamentales wallonnes.
La mise en place de "Maisons des cyclistes" se poursuit: je viens d'inaugurer la quatrième, à Mons, pendant la Semaine de
la Mobilité.
Ces lieux rassemblent une série d'initiatives: location, réparations, tours guidés, organisation d'événements et des
équipes pédagogiques qui proposent des modules d'éducation au vélo dans les classes primaires.
Plus d'une centaine de moniteurs ont été formés en trois ans à l'école wallonne de moniteurs de vélo-école et organisent
des séances de remise en selle des familles (5.500 personnes en ont déjà bénéficié).
Une coordination visant à développer les Ateliers vélos en Wallonie existe depuis juin 2002, et a son siège à la Maison
des cyclistes de Namur.
Comme chaque année, durant la Semaine de la Mobilité durable, des rangs à vélos (vélobus) ont été organisés dans les écoles
qui se lancent dans des plans de déplacements scolaires.
Des dispositifs de parkings-vélos sont en passe d'être installés dans plus de vingt communes, pour équiper les lignes
rapides TEC et favoriser ainsi l'intermodalité.
Toutes ces initiatives sont inspirées d'expériences et de réalisations faites dans d'autres régions et d'autres pays.
Nous sommes attentifs aux politiques réussies chez nos voisins.
Nous avons, notamment, des contacts réguliers avec les responsables de "Langzaam Verkeer" particulièrement actifs en
Flandre et qui développent également des projets à l'initiative de la Commission européenne ("Bypad" outil
d'évaluation de la politique cyclable des villes).
Dans le cadre de l'étude Vélo+, une quinzaine de personnes, membres de mon administration, de l'IBSR et d'associations
cyclistes se sont rendues en voyage d'étude au Danemark et en Suède, en Angleterre et au Grand Duché de Luxembourg.
En septembre 2003, j'ai envoyé des représentants de mon cabinet, de l'administration ainsi que de cinq associations
cyclistes en Région wallonne, au congrès "Vélo-City" à Paris, où des échanges fructueux de bonnes pratiques ont eu lieu,
notamment avec les Québécois, qui ont développé le concept des Maisons des cyclistes, et avec des représentants de
diverses régions françaises qui développent des programmes de vélo-stations aux gares de chemins de fer ou de métro et
des programmes de mobilité scolaire, des plans de déplacements d'entreprises et des plans d'insertion de jeunes en matière
d'ateliers-vélo.
Ces initiatives concernent avant tout l'image du vélo et le changement de comportement de mobilité et, en la matière,
des résultats ne peuvent être attendus qu'à moyen ou long terme.
La principale différence avec la Flandre est sans doute un problème d'infrastructure. Le rapport Vélo+ nous indique en
effet que c'est en cette matière qu'il convient de mener une politique volontariste et que des budgets doivent être
dégagés: l'infrastructure déficiente est le plus grand handicap que la Région doit vaincre.
L'infrastructure doit offrir des conditions de sécurité, de confort et de continuité d'itinéraire suffisantes
(combinées avec des mesures hardies de modération du trafic et des vitesses) pour que les cyclistes aient un trajet de
porte-à-porte dans des conditions suffisantes.
Pour le réseau routier régional, un des premiers objectifs à atteindre est certainement la requalification et l'entretien
des pistes cyclables existantes et un maillage plus dense grâce à une politique volontariste d'aide aux communes et
l'emploi de toutes les opportunités des modifications du Code de la route (réduction du trafic automobile et de la vitesse).
Ces dernières années, tant le Ministère de l'Equipement et des Transports que la Direction générale des pouvoirs locaux
ont stimulé et introduit dans l'aménagement routier et les plans triennaux des communes des aménagements modérateurs du
trafic et des vitesses, améliorant ainsi les conditions de circulation des piétons et des cyclistes.
Le Ravel, dont l'utilisation connaît un succès croissant, propose actuellement 810 kilomètres d'aménagements cyclables et
devrait continuer à se développer dans l'avenir.
En ce qui concerne mes compétences directes, le vélo est pris en compte dans le cadre des plans communaux de mobilité, et
fait partie des outils proposés et développés et le décret "Mobilité locale" qui est en discussion à mon initiative en
intercabinets prévoit que les PCM intègrent obligatoirement un volet "déplacements à vélo".
De plus, j'ai libéré 4,5 millions d'euros, de 2000 à 2002, sous forme de crédits d'impulsion, pour inciter une trentaine
de communes à prendre des mesures en faveur du vélo.
Je pense que ces initiatives, qui s'ajoutent à celles prises en matière de formation des responsables locaux (par la
publication par exemple de guides tels que "Ma commune fait du vélo", "Guide du ramassage scolaire à vélo", "Outils pour
la réalisation d'un plan de déplacements scolaires", "Tous en piste pour le vélo - Cémathèque n" 6"), permettent
d'espérer que le vélo, qui fait peu à peu sa réapparition dans les loisirs des Wallons, (re)viendra, à moyen terme,
un moyen de déplacement utilisé aussi pour des trajets réguliers.
Une cellule mobilité douce de coordination au sein de l'administration, dotée de budgets suffisants, permettrait
sûrement d'atteindre cet objectif dans un meilleur délai.