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La grenouille taureau ...
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Question à Monsieur José HAPPART, Ministre de l’Agriculture
et de la Ruralité:
La grenouille taureau
La grenouille taureau, encore appelée Rana catesbeiana, est originaire de
Californie.
Une personne en avait ramené en France en 1968, et ce, dans un
but d'élevage.
Mais le problème est que cette espèce n'a pratiquement qu'un
seul prédateur: la loutre (qui est de plus en plus rare).
Aujourd'hui, ces
batraciens ne rencontrent plus de réels prédateurs.
L'introduction de cette
espèce exotique est une véritable catastrophe écologique.
En effet, ces
grenouilles dévorent tous les autres batraciens, les reptiles, les poussins
de poules d'eau et les canetons.
Ce sont de plus des carnivores qui mangent
des petits animaux, des poissons, des souris et qui portent atteinte à la
faune locale, mais aussi parfois aux espèces protégées.
Ce batracien a une
durée de vie de plus ou moins neuf ans, il pèse 2 kilos et mesure entre 40
et 70 centimètres.
Il colonise environ 5 km2 de territoire par an et est un
très bon nageur.
Il menace fortement l'écologie de certaines régions de
France.
C'est pourquoi, la France a décidé de lancer à la fin de l'hiver
une campagne de lutte contre cette espèce devenue plus qu'envahissante.
Elle aurait déjà été remarquée en Italie, en Espagne, au Portugal, en
Angleterre et même en Belgique.
Monsieur le Ministre peut-il me préciser si cette espèce est présente sur le territoire wallon et,
si c'est le cas,
m'exposer quel serait son "plan" d'action pour protéger notre faune
indigène ?
Réponse du Ministre HAPPART,
Je souhaite répondre à l'honorable Membre que, sur le territoire wallon, des naturalistes ont noté de
manière irrégulière quelques individus isolés de l'espèce grenouille taureau dans la région de
Chaumont-Gistoux,
mais aucun séjour prolongé ni aucune preuve d'installation d'une population durable n'ont pu être mis
en évidence.
En Flandre, toutefois, une population s'est installée dans la région d'Anvers.
Plusieurs directives et conventions internationales prescrivent aux États membres de "contrôler strictement
l'introduction des espèces non indigènes
" (article 11, § 2, de la Convention de Berne relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu
naturel), de "réglementer l'introduction intentionnelle dans la nature d'espèces non indigènes de manière
à ne porter aucun préjudice aux habitats naturels, ni à la faune et à la flore sauvages indigènes et,
s'ils le jugent nécessaire, d'interdire une telle introduction" (article 22 de la directive 92/43 sur la
protection des habitats),
voire même d' "empêcher d'introduire, de contrôler ou d'éradiquer les espèces exotiques qui
menacent des écosystèmes, des habitats ou des espèces" (article 8h de la Convention de Rio sur la
diversité biologique).
La Région wallonne a traduit ces dispositions légales dans sa législation par l'arrêté du Gouvernement
wallon du 29 novembre 1990, remplacé par l'article 5ter du décret relatif à la conservation des sites
Natura 2000,
ainsi que de la faune et de la flore sauvages, lequel prévoit l' "interdiction d'introduction dans la
nature ou dans les parcs à gibier d'espèces animales ou végétales non indigènes, à l'exception des espèces
servant à l'agriculture et à la sylviculture".
La grenouille taureau
fait bien partie des espèces visées par cette disposition: son introduction
dans la nature est donc interdite et on peut raisonnablement interpréter (en
l'absence de jurisprudence en la matière) que cette interdiction concerne
également les jardins, dans la mesure où les individus lâchés dans des
jardins risquent fort probablement, au vu de leur vitesse de progression
potentielle, de s'échapper dans la nature.
En outre, l'importation de cette
espèce est interdite par un règlement du Conseil de l'Europe et il incombe
au Ministère fédéral en charge de l'application du règlement Cites
(convention de Washington) de veiller au respect de cette réglementation.
Afin d'éviter une éventuelle installation plus large et plus durable de
l'espèce, les interventions à préconiser consistent, premièrement, à
assurer un suivi régulier des populations et de nouveaux individus, ce qui se
fait dès à présent dans le cadre du suivi de la biodiversité par
bioindicateurs- volet herpétofaune -et, ensuite, à éliminer les individus repérés, sur la base d'une
collaboration entre les naturalistes dét>enteurs des
informations et les agents des services extérieures de la Division de la nature
et des forêts mandatés pour intervenir.
Cette collaboration passera nécessairement par une information correcte des partenaires.