Parlement wallon

Questions écrites

     

 Questions du 15/11/01

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 L’état des lieux de l’agriculture biologique en ..
Question à Monsieur José HAPPART, Ministre de l’Agriculture et de la Ruralité:
L’état des lieux de l’agriculture biologique en Wallonie


Le monde agricole wallon est en pleine crise. La gravité et la spécificité des difficultés qui frappent nos éleveurs ne peuvent nous laisser indifférents.
Un grand nombre d'exploitations sont en effet au bord de la faillite.
Dans divers journaux parus aux alentours du 07 septembre 2001, et ce suite à la Déclaration de politique régionale actualisée de Monsieur le Ministre-Président Jean-Claude Van Cauwenberghe, on peut lire que " l'agriculture wallonne sera bio ".
Monsieur le Ministre partage-t-il cet avis ?
Quel avenir envisage-t-il pour notre agriculture ?
L'agriculture bio est-elle la seule solution ?
Faut-il nécessairement opposer l'agriculture traditionnelle à l'agriculture bio ?
N'y a-t-il pas un risque d'avoir une agriculture à deux vitesses ?
Une pour les riches et une pour les pauvres ?
En effet, les produits bio restent très chers et réservés à une certaine clientèle.
À ce sujet, peut-on savoir quelle part de leur budget est réservée par chaque ménage wallon à l'achat de produit bio ?
Est-il également possible de recevoir des informations récentes sur la part que représente les exploitations bio en Wallonie ?
Monsieur le Ministre peut-il m'éclairer sur cette situation ?
Y a-t-il eu un " État des lieux " réalisé dans ce domaine ?
Si oui, pourrait-on le joindre à la réponse ?
Réponse du Ministre HAPPART
L'agriculture wallonne sera-t-elle bio ?
A mon sens, l'agriculture régionale sera ce que ses agriculteurs en feront et ceci en fonction de ce qu'attendent d'elle nos concitoyens.
Les crises que nous avons connues ces dernières années ont contribué à semer le doute dans l'esprit de notre population et l'on constate effectivement une demande accrue pour des produits dits "bio".
Selon moi, il s'agit d'un effet de mode largement repris d'ailleurs par certaines enseignes commerciales.
Dans la mesure où une demande des consommateurs existe pour ce type de produits, il convient d'y répondre et les efforts des pouvoirs publics doivent être consentis en proportion avec la part de marché qu'est censée représenter cette gamme de produits.
A ma connaissance, et de l'aveu même des associations représentatives de ce mode de production, l'ambition n'est pas de substituer à l'agriculture traditionnelle une agriculture exclusivement bio.
Cette dernière constitue simplement une niche qu'il convient d'exploiter, à l'image des produits de qualité différenciée.
Opposer l'agriculture traditionnelle à l'agriculture bio me semble stérile.
Quel que soit le mode de production, il doit assurer aux consommateurs un bien de consommation d'une qualité sanitaire irréprochable et rien ne permet d'affirmer que le mode traditionnel de production ne puisse satisfaire à cette condition élémentaire.
Au contraire, l'agriculture traditionnelle est quasi exclusivement liée à des filières éprouvées qui permettent un cheminement des produits vers le consommateur dans des conditions sanitaires optimales, ce qui n'est pas toujours nécessairement le cas dans le cadre de filières bio en voie d'organisation.
Je pense en particulier au respect de la chaîne du froid.
En conséquence, je conserve la conviction que l'agriculture traditionnelle est la mieux à même de garantir une alimentation de qualité à un prix acceptable pour l'ensemble de notre population quel que soit son pouvoir d'achat.
Par ailleurs, je considère que le progrès des connaissances scientifiques et l'amélioration des techniques de production permettent à l'agriculture traditionnelle d'être parfaitement respectueuse du milieu.
Les études sur l'agriculture bio sont relativement rares, fragmentaires et ne permettent pas de tirer de conclusion claire dans la mesure où l'échantillonnage est très restreint.
Je n'ai pas connaissance de la part moyenne du budget des ménages wallons consacré à l'achat de produits bio.
Selon les sources du Ministère fédéral des Classes moyennes et de l'Agriculture, il y avait en 1999, 401 exploitations converties ou en phase de reconversion au bio en Région wallonne couvrant une superficie tota le de 15.792 hectares.
Deux ans auparavant, notre Région comptait 184 exploitations "bio" pour 6.000 hectares.
A l'heure actuelle, la superficie consacrée à l'agriculture "bio" est évaluée à 20.000 hectares environ, soit 2,6 % de la SAU wallonne.
Ce sont les prairies et pâturages qui constituent l'essentiel (88 %) des superficies converties ou en voie de conversion à l'agriculture "bio".
En production animale, le troupeau allaitant et le troupeau laitier "bio" représentent respectivement 1, 2 et 0, 7% du cheptel national (données 1998).
Les productions porcines et avicoles "bio" représentent quant à elles moins de 0, 1 % du cheptel national.
En ce qui concerne les études les plus récentes, je renverrai l'honorable Membre à un travail d'octobre 2000 réalisé par l'Unité d'économie rurale de l'UCL sous la direction du Professeur Thonon.
Enfin, je terminerai en reprenant les commentaires de cette même étude: "L'agriculture biologique est un marché susceptible de passer directement de l'insuffisance à la saturation s'il n'est pas suffisamment organisé.
Le développement de l'agriculture biologique nécessitera donc une coordination et une organisation des circuits commerciaux.
Il sera important, en cas de croissance de l'offre, de développer des méthodes efficaces pour continuer à garantir un contrôle maximal.