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La Wallonie … demain
Il y a quelques jours, nous pouvions lire dans la presse qu’une entreprise wallonne sur trois envisage de délocaliser une partie de ses activités. Si le constat est inquiétant, devons-nous sombrer dans une logique de défaite avant d’avoir combattu ? Il y a un fait incontestable, car les chiffres sont là pour l’attester, la Wallonie a stoppé sa descente vertigineuse, et ce, notamment grâce à la participation des libéraux dans les Gouvernements sous la législature précédente. Bon nombre d’indicateurs montrent que la Wallonie progresse mieux que ses voisins, même s’il faut pouvoir poser les limites des comparaisons de ce type. Sans doute devrons-nous accepter que certains types d’entreprises délocalisent parce tout simplement nous ne pourrons jamais rivaliser avec les coûts salariaux planchers en vigueur dans certains pays de … l’Europe des 27 ! Rappelons-nous, ce patron alsacien qui proposait récemment aux ouvrières qu’il venait de licencier, de les réengager dans son unité de production en Roumanie pour un salaire de 150€ par mois … ! Indépendamment de l’indécence et du caractère ignoble et inacceptable de cette proposition, le message qu’a voulu faire passer ce patron est que cela est possible aujourd’hui dans l’Europe des 27. Je ne parle même pas de délocalisation plus éloignée que chacun pourra nommer. Sans doute devrons-nous aussi accepter de nous focaliser sur des secteurs innovants pour lesquels, pour un temps du moins, nous aurons la maîtrise de l’expertise. En ça, miser sur le développement de la recherche et le développement technologique constitue une des pistes majeures pour la Wallonie de demain. Mais, n’allons-nous former que des chercheurs demain ? A quoi devra ressembler le CV des actifs de demain ? Tous ne seront pas des intellectuels de haut niveau capables de relever des défis technologiques. N’oublions pas que l’on commence à avancer le concept « d’illettrisme contemporain » pour qualifier une personne qui ne maîtrise pas au moins une seconde langue. Et il y a fort à parier, que si nous devenons, ce qui est réellement possible, une région à la pointe de la recherche, les unités de production seront quant à elles délocalisées ou plutôt, elles n’auront jamais été installées chez nous mais directement dans d’autres régions d’Europe ou du monde où les coûts de production sont moins élevés que chez nous. Certains avanceront alors deux arguments sensés plaider en notre faveur .
La productivité délocalisée ne fait pas le poids face à la qualité de notre main d’oeuvre.
Nous avons effectivement une main d’œuvre d’une qualité exceptionnelle mais que le déficit d’image positive entraîne malheureusement vers le bas. De plus, cet argument n’est valable que jusqu’à un certain seuil de productivité mais le plus performant des meilleurs travailleurs belges ne sera jamais meilleur que cinq travailleurs roumains, qui à eux cinq coûtent encore cinq fois moins cher que le seul travailleur belge. Le second argument est la mise en place d’un contexte favorable qui va permettre à la Wallonie de se redéployer. Une fois encore, les réformes sont en route (exonération du précompte immobilier sur le matériel et outillage neuf, suppression des droits de transmission, la simplification administrative, l’accueil des investisseurs étrangers, etc). Nous avons créé des nouveaux zonings (1500 Ha), le financement de la Recherche et Développement n’a jamais été si élevé et nous avons créé des pôles d’excellence, nous avons stimulé le goût d’entreprendre avec des résultats positifs concrets. Mais il faudrait peut-être forcer le trait, à moins que les socialistes n’attendent que les libéraux ne reviennent aux affaires. Il est naïf de croire que les pays et régions du monde qui nous « menacent » vont nous regarder réagir sans rien préparer de leur côté pour garder ce qu’ils auront, somme toute, acquis assez facilement. Le monde économique , les chefs d’entreprise et le dynamisme wallon n’ont pas peur des chiffres pâles de la reprise wallonne, parce qu’il y a reprise, ils n’ont pas peur non plus de la Roumanie ou de la Pologne. Par contre, ils ont peur du mur mis en place entre eux et les pouvoirs politiques, ils ont peur que les dirigeants politiques actuels n’aient rien compris et que la machine que nous avions mise en place ne s’enraye – je rappelle qu’enrayer est entraver le mouvement …- ruinant la mise en place de ce climat favorable à dynamiser les investissements et l’activité économique. Et c’est là où nous sommes peut-être mal embarqué…c’est ça que le monde économique a compris et veut faire passer. |