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Avis sur : De la censure … au nom de quoi … au nom de qui … ?
La presse en a fait ses gros titres cette semaine, l’émission « Question à la une » consacrée au Plan Marshall a été partiellement censurée par l’administrateur général de la RTBF, J-P Philippot. Le patron de la RTBF aurait joué son rôle si les journalistes qui ont réalisé ce reportage avaient failli au respect des règles déontologiques. Mais c’est un fait, quand on lit les propos censurés, qu’il s’agit d’une intervention de censure pure et simple destinée à rendre, aux critères de Mr Philippot, le reportage « politiquement correct. » Que doit-on comprendre d’une pareille attitude ? Est-ce un fait isolé ? Est-ce une pratique courante mais que certains journalistes taisent ? Que serait alors réellement la chaîne publique de Radio et Télévision Belges Francophones ? « Le droit de dire et d’imprimer ce que nous pensons est le droit de tout homme libre, dont on ne saurait le priver sans exercer la tyrannie la plus odieuse » aurait répondu Voltaire dans « Questions sur les miracles » … ! Voici sans doute ce que la presse aurait pu répondre à cela … mais elle n’a pas été jusque là … quand même pas. Les journalistes soucieux de répercuter tous les points de vue concernant le « Plan Marshall » tendent leur micro aussi aux détracteurs de ce Plan de sauvetage de la Wallonie. Si celui-ci est si bien ficelé, que craint-il de ses détracteurs sinon de le renforcer et lui donner la légitimité qui lui est nécessaire pour porter le sort de notre Région ? Ou alors, il n’est pas si bien ficelé … Monsieur Philippot subissant les pressions de qui on sait s’est donc cru obligé d’intervenir pour couper clairement la parole à l’opposition dans un dossier relatif au Plan Marshall. Curieuse démocratie où l’on défend les principes fondateurs sauf quand on doit se les appliquer à soi-même. Bien entendu, on prétendra qu’on n’a rien fait. Est-ce là le rôle du patron de la RTBF même si ne n’est que pour aider celui qui l’a placé là ? Voltaire m’est décidément utile et je lui laisse le soin d’adresser un conseil à l’administrateur général de la RTBF « Soutenons la liberté de la presse, c’est la base de toutes les autres libertés ». Un principe fondamental au fonctionnement démocratique que j’ai la faiblesse de croire très momentanément oublié par certains.
Interview de l’opposition censurée par l’administrateur général de la RTBF
« Aussi longtemps qu’on ne s’attaque pas à ce problème de gouvernance politique, ou plutôt de malgouvernance, que nous avons en Wallonie et aussi en partie à Bruxelles d’ailleurs, je ne crois pas qu’il est possible de véritablement redresser la Wallonie. Vous savez combien notre système public présente quelques caractéristiques uniques au monde. La Wallonie, c’est 262 communes, 5 provinces, 133 intercommunales, 33 pararégionaux, 9 centres universitaires, 29 autres hautes écoles, 5 TEC alors qu’il n’y en a qu’un en Flandre, 9 sociétés de distribution du câble de la télévision. Trop de décisions publiques dépendent encore du fait que vous avez la bonne carte du parti, l’accès à un logement social, par exemple. Aussi une complexité institutionnelle qui n’est pas vraiment justifiée par la nécessité de l’économie, mais qui vise souvent à répartir entre copains les dépouilles du pouvoir … » Alain Destexhe |