Présentation |
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La notion d’apprentissage est par excellence une des composantes les plus fondamentales de la vie
d’un être humain et qui intervient dès sa naissance.
D’instinctifs, les gestes élémentaires de la vie s’apprennent d’abord avec la mère puis s’élargissent aux autres membres de la cellule familiale (père, frères, sœurs,….). Petit à petit, le jeune enfant prend conscience qu’il est lui aussi une composante de la famille et que cette famille obéit à un certain nombre de règles qu’il va devoir accepter, apprendre, intégrer et appliquer. Tout naturellement, la famille devient le lieu de l’éducation informelle de l’individu. Pourquoi informelle ? C’est précisément ce qui fait la force et l’immense faiblesse de ce pan important de l’éducation d’un individu. L’éducation informelle est un peu le pendant de la vie quotidienne. Contrairement aux autres formes de schémas éducatifs, on pense à l’école, elle n’est pas reconnue, même par les individus eux-même, n’a pas de cadre de référence officiel, de programme prédéfini ou un caractère obligatoire. Elle n’apparaît donc pas, j’ai envie de dire plus, comme un apport de connaissances, de compétences ou même d’équilibre et de structuration de la personnalité. L’éducation « à la maison » (ce que j’ai appelé l’éducation informelle) constitue la forme la plus ancienne d’apprentissage et l’ancrage même de l’évolution de l’enfant. L’environnement familial représente un réservoir considérable de savoir, de plus en plus rarement perçu, par les familles elles-même, comme un « véritable » enseignement. C’est pourtant au sein de la famille que l’individu va trouver les ressources et l’équilibre pour structurer sa propre personnalité, qu’il va acquérir les règles fondamentales de la vie en société, le respect de la personne et de sa personne. C’est au sein de la famille que l’individu va « apprendre la vie ». Evidemment cette belle tirade qui semble tout droit sortie d’un bouquin « bien éduquer votre enfant », ne semble hélàs, n’être qu’un discours théorique ou issu d’un autre âge. Il faut évidemment tenir compte des réalités d’aujourd’hui. La société est à la fois en mutation et en crise, l’une expliquant peut-être l’autre, d’ailleurs. Les familles sont éclatées, recomposées, elles-même en crise ou trop occupées, parfois à ne rien faire, pour faire de l’éducation des enfants une de leurs missions centrales. Le manque de repères croissant, le déplacement des priorités, l’appauvrissement progressif du patrimoine éducatif transmis de génération en génération aboutit à une situation aux multiples handicaps. La notion de famille comme lieu naturellement contraignant disparaît au profit d’une relative incohérence. Un contexte familial instable tend souvent à palier à l’instabilité ambiante par la satisfaction immédiate, par…facilité. L’enfant comprendra vite les carences familiales et les exploitera à son profit, au sein de la cellule familiale dans un premier temps et exportera très vite dans la société des caractéristiques de comportements par toujours adaptées à la vie en commun.
La famille, démunie, incapable de puiser dans des ressources qu’elle n’a peut-être plus,
déforcée, en rupture parfois avec l’enfant, va se tourner vers l’extérieur pour trouver des
solutions qui sont qualifiées de légitimes.
Singulièrement, ce sont les lieux d’éducation formelle qui sont sollicités par les familles. « Attends un peu, mon ami, l’école va te dresser… » Et progressivement, la mission d’éducation informelle des familles se déplace, de façon anormale, vers l’école. Qu’est-ce que l’école ou plutôt que devrait être l’école ? Si la famille est le lieu où on apprend la vie, l’école est certainement le lieu d’acquisition de la connaissance et d’apprentissage des méthodologies nécessaires pour acquérir les connaissances, « apprendre à apprendre » dirait-on. C’est en effet à l’école que l’enfant va apprendre les matières fondamentales lui permettant de fonctionner dans la société. S’il ne sait pas lire, il aura des problèmes, s’il ne sait pas écrire ou compter, de même. Ces matières constituent la base pour établir des relations efficaces avec le savoir plus large que constitue les autres matières qui viennent « habiller », aiguiser, affiner, etc l’esprit de l’enfant. Le Professeur G. de Landsheere (Professeur émérite de Sciences de l’éducation de L’Université de liège-Ulg) rappelle à ce sujet que éduquer c’est « conduire vers un état souhaitable. Le guide doit non seulement connaître le chemin mais aussi veiller à ce que l’on ne s’en écarte pas au risque de se perdre. Il doit en outre respecter la liberté du voyageur, car, pour cette liberté, l’éduqué est sujet au même titre que l’éducateur, particularité qui fonde la notion même d’éducation au sens noble du terme ». C’est la mission de l’école. Pour réaliser cette mission, l’enseignant ne devrait pas devoir suppléer les parents dans l’acquisition des valeurs de base de la vie en société. L’obéissance, le respect mais aussi la liberté, l’épanouissement, la passion s’apprennent dans la cellule familiale et s’exporte dans la société et singulièrement à l’école et pas le contraire. De plus, c’est un mouvement inverse qui devrait au contraire s’amorcer. Avec l’explosion de l’équipement multimédia, un des facteurs de mutation de notre société, la famille, en plus de lieu d’acquisition des valeurs fondamentales devient aussi le lieu d’un certain apprentissage des connaissances. Cet apprentissage doit être plus que jamais balisé par l’entourage familial qui devient lieu d’apprentissage à la citoyenneté, une porte sur le monde. Devant ce développement d’une société virtuelle qui vient encore un peu plus compliquer les choses, plus que jamais, le processus d’éducation doit trouver un ancrage concret et solide bien réparti entre la famille et l’école. |